relever la nuit
Par cgat le jeudi 20 mars 2008, 00:30 - écrivains - Lien permanent
(…) nous sommes encore quelques-uns n’ayez crainte nous n’avons pas abdiqué nous sommes quelques-uns quand la nuit est tombée qui la relevons tout se passe ainsi depuis l’aube des temps et pour toujours jusqu’à l’heure de notre mort quand la nuit s’affaisse il nous faut la prendre sur nos épaules et la ramener d’où elle vient et maintenant. (p. 28)
Remplacer le temps comptable en temps nu et vide, plein de l’expérience du temps sans nulle autre pensée, et voir l’espace devenir le temps, le long des lignes d’une voix, suivre la trace du temps qui n’accomplit rien pour une fois, voilà le miracle – et voilà l’intention. (p. 106)
Mais ça ne change rien. Ce qu’il faudrait changer, c’est la vie telle qu’elle se prolonge depuis le début, et c’est impossible. L’écrire pour abolir ce que je suis – effacer les restes. La vie comme conséquence, c’est cela qu’il faudrait interdire, oublier. Il a dû se passer quelque chose pour qu’on se sente si dépouillé de tout sans savoir de quoi, si absent de ce monde – je cherche les raisons de tout cela. (p. 174)
Tous les matins se confondent : ceux qui derrière pourrissent dans la mémoire, et ceux qui au-devant de nous attendent et trépignent et nous appellent. Les mêmes, tous les mêmes matins, préparant les mêmes journées incompréhensibles. Les mêmes tâches, le même rôle pour nous tous, et aux pieds les mêmes chaussures portées sur la même scène. (p. 176)
Arnaud Maïsetti, « Où que je sois encore... (Seuil, Déplacements, 2008)
La traversée d’une nuit, du crépuscule à l’aube, de 21h38 à 07h57 en passant par 04h17, titre de la deuxième partie, dans un texte compact et exigeant, une chambre d’enregistrement des voix d’ombre de la nuit, qui se réclame, dans « Voix, de quels fonds venus ? », sa postface, de Koltès, Beckett et quelques autres.
Arnaud Maïsetti, né en 1983, est étudiant en lettres.
en ligne :
- une lecture par l’auteur (à la galerie Mycroft)
- Contretemps,
son blog, présenté ici (remue.net)
- Seul,
comme on ne peut pas le dire, une lecture de Koltès, chez publie.net
- « Face(s) : Maïsetti sur Roller » (tiers livre)
- un article de
Dominique Dussidour (remue.net)
Commentaires
des phrases qui m'avaient donné envie de le lire, avant ^même que je vois qu'il est celui qui est derrière "contretemps"