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Étant donné la manière dont cette affaire a commencé - un herpès labial particulièrement invalidant -, j'espère obtenir quelque indulgence de la part du lecteur/trice (un quitus ?), la reconnaissance d'une gestion éthique, à défaut d'être exacte, des énoncés, de ces « chapitres » entiers intitulés faute de mieux, et non dans le but de provoquer qui que ce soit, faux barrage 1, 2, 3, etc.
Je mets en avant ma grosse lèvre, douloureuse, attestant de ce que je fais mon possible pour ne pas, par exemple, en rajouter, dire des choses qui ont déjà été dites cent fois, larmoyer sous une apparente tenue typiquement poétique.
Si je ne trichais pas avec ma propre apparence saccagée, c'est que j'avais les moyens de me faire parler de L'Année de l'Algérie. Il n'était pas question d'aller aux champignons.

D'ailleurs, il y avait des éléments curieux concernant ce pays grand (mais petit, dans une Afrique gigantesque) : l'Algérie avait été un département français au même titre que la Saône-et-Loire! Le Maroc et la Tunisie non, mais l'Algérie oui, et c'était tout naturel. À l'époque (fin des années 40, années 50), on avait installé pour ainsi dire un régime paratactique, les colons se juxtaposant aux autres et les subordonnants étant effacés, signe de modernité.


Voilà un mouvement qui varie peu : sur le moment, on constate qu'il n'y a à peu près rien de surprenant - aurais-je, à l'époque, réagi à cette phrase d'un homme important français : « La France, après avoir montré sa force, va montrer sa générosité » ? -, trente ans plus tard, on s'amuse d'un rien, on fait les yeux ronds, on a le sourire du chat du Cheshire.

Nathalie Quintane, Grand ensemble (concernant une ancienne colonie) (POL, 2008, p. 130-131)

Nathalie Quintane explore sa mémoire, celle de sa famille et celle de plusieurs peuples à propos de l’ « ancienne colonie » qu’est l’Algérie : amorces de récits, « dispositifs » ironiques, points de vue variés, un micro-roman de 11 pages, avec page de couverture et typographie, intitulé Une heureuse rencontre, inséré au cœur du livre, et la reprise du texte drôle et acéré L'Année de l'Algérie publié en 2003 chez Inventaire/Invention.

Nathalie Quintane est née le 8 mars 1964
Grand ensemble est son 11e livre (il faut les lire tous !) depuis Remarques (Cheyne, 1997) et Chaussure (POL, 1997)

en ligne :
une belle critique de Fabrice Thumerel (Libr-critique)
Éric Loret, « La jolie colonie vacante » (Libération, 27 mars 2008)
et un autre extrait chez Laure Limongi