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Nous n'avons rien à raconter
si ce n'est la légende
sous la peau des voleurs,
les cavalcades, les errements
de tous les dépossédés
dont la salive enrobe
l'air, l'air, l'air.

Entre l'air et l'air vivent les poèmes
à la fois volatils et transparents.
Mais les mots sont pourtant bien réels,
évoquant cœurs et mannequins,
de taupes ou d'odradek.
S'unissent alors solitudes et folies aériennes.

Entre l'air et l'air (Mont analogue, 1997)

N'écris que pour écrire
ou pour trouver la faille
d'un gouffre, en toi,
tapissé de bleu,
qui chuinte et qui englobe
ta lasse mélancolie.

Mens sans cesse et les mots
t'étoufferont, te feront
mourir à petite écriture.
Et t'effaceront peu à peu
ton cher bleu, ta carcasse.
Et l'aube anéantira
tes châteaux de poussière.

Le bleu et la poussière (La Différence, 1998)

Jacques Izoard, Œuvre poétique, 2 (La Différence, 2006, pp. 319, 321, 388 et 442)

Jacques Izoard (29 mai 1936 - 19 juillet 2008) est mort il y a quelques jours.
à lire en ligne :
::: notice Poezibao
::: notice du Service du Livre Luxembourgeois
::: René de Ceccatty, « Jacques Izoard, poète » (Le Monde, 23 juillet 2008)