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C’est l’écriture même. Je ne peux lire un livre qui en soit dépourvu. Il me semble que toute phrase aspire à se dénouer dans un rire. Les mots sont chargés de trop de significations vieillies, avilies. L’emphase les a faussés. Nous ne pouvons plus nous en remettre à eux en confiance. Il faut ruser pour atteindre nos buts et feindre afin de mieux la dynamiter cette gravité inhérente à la langue, laquelle fut tout de même conçue pour garantir l’ordre social, pour servir la raison, et pour que rien de ce qui fut une première fois nommé ne bouge jamais plus. Ces usages ne sauraient me convenir. L’humour fait de la phrase une anguille. Son sens échappe d’abord, il faut s’y reprendre à plusieurs fois pour le saisir. La langue se retrempe dans l’humour, comme un linge et comme un fer, pour se laver et se durcir.

L’humour selon Éric Chevillard, dans un entretien publié hier (Article XI) et découvert grâce à Didier da Silva, qui lui aussi se prend pour Éric Chevillard !