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Et les écrivains ?
Les écrivains, ça fait peur.

Pourquoi ?
Parce qu’ils écrivent. Parce qu’ils ne disent rien.
Parce que leurs mots, c’est comme des coups de carabine, sauf que tu ne meurs pas. Tu les reçois en pleine gueule, tu as beau en extraire les plombs, les cicatrices sont indélébiles. Les mots des écrivains, il faut s’en méfier. Ils le savent tous, au village. Ils se méfient des mots depuis l’école. Ils savent que si tu fais une faute, tu te prends un coup de règle. Ils savent que s’ils n’apprennent pas leur leçon, ils reçoivent un coup de règle. Un bonnet d’âne. On les met au piquet. Ils deviennent à leur tour la risée du village. Au village, on n’aime pas les mots. On n’aime pas les lettres que l’on ne comprend pas. On n’aime pas les notables, les avocats, les notaires, on n’aime pas les gens qui se la pètent à coup de grammaire française. On n’aime pas les écrivains, mais eux, on n’a pas besoin de les aimer. Les avocats, ils peuvent toujours servir. Les écrivains, ils ne servent à rien.

Laurent Hérrou, Je suis écrivain (publie.net, 2008)

Laurent Hérrou a 41 ans et a publié :
- Laura (Balland, 2000)
- Femme qui marche (H&O, 2003)
- L’emploi du temps à New York 2007-2008 (publie.net, 2008)
Je suis écrivain (publie.net, 2008) raconte sa « résidence d’écrivain » dans un village : un plus long extrait là.

::: son blog, l’emploi du temps (avec Jean-Pierre Paringaux)