des cas de combustion spontanée
Par cgat le samedi 22 novembre 2008, 02:01 - écrivains - Lien permanent
Les jeunes gens en bas de la cité rêvent de mettre le feu.
Mais ils sont comme des torchères
ils brûlent toute la nuit pour rien.Les jeunes gens sont incandescents.
Ils sont entourés d'un halo bleu qui pâlit quand vient le jour.
Parfois on signale des cas de combustion spontanée.
Leurs ailes sont posées par terre à côté d'eux.
Elles sont en chrome, rutilantes, rivetées
et n'ont jamais servi,
elles rouillent dans un coincar au-dessus de la cité se croisent les fils de fer barbelés des miradors qui empêchent tout atterrissage et tout envol d'hélicoptère.
Qui n'a jamais croisé, au coin d'une rue, sur la dalle d'une tour ou dans les allées d'une galerie marchande des hommes ou des femmes avec des ailes sanglées dans le dos ?
On leur a coupé le bout des rémiges afin qu'ils ne tentent pas de voler plus haut que le grillage du poulailler.
Mais parfois, les pennes atrophiées de leurs ailes mutilées se rappellent à eux et leur font mal.
Par la douleur qu'ils ressentent à l'endroit de la cicatrice, ils devinent les changements du temps, l'arrivée du printemps ou le début de l'automne et ils éprouvent un pincement de nostalgie pour la vie qu'ils auraient pu connaître.Ils se souviennent de la promesse qu'ils s'étaient faite un jour
et, bien qu'ils ne volent pas, ils regardent le ciel.Les ailes sont notre malédiction.
Francis Combes, La Clef du monde est dans l'entrée à Gauche. Poème pour le XXIème siècle (Le Temps des cerises, 2008, p. 19-21)
L'auteur de cette utopie poétique suivie de 50 poèmes-affiches, Francis Combes, est né le 31 mai 1953 à Marvejols, en Lozère. Il a été l’un des responsables de la revue Europe et, de 1981 à 1992, directeur littéraire des éditions Messidor. En 1993, avec un collectif d’écrivains, il a fondé les éditions Le Temps des Cerises, dont il est le directeur.
Commentaires
Francis sur blog, je n'en reviens pas... Times are a'changin'. M'en ressouviens de quand il était secrétaire général de l'Union des étudiants communistes, qu'on l'avait fait rentrer clandestinement à l'école des Arts et Métiers par le sous-sol de l'église voisine puisque le débat avait été interdit par la direction de l'école, ça devait être en 74... C'est Francis aussi, pendant longtemps, qui animait la petite équipe installant des poèmes dans le bout des wagons de métro...
Tres beau texte. Les gens du PS qui se déchirent aujourd'hui doivent lire ce texte et comprendre que c'est à gauche toute qu'il faut aller sinon...
F, je suis très flattée que tu me lises même à Montréal ... prends bien soin de toi pour éviter les 2287 euros !
mfe, toutes mes condoléances à la militante ! on peut chercher le bon côté des choses et se dire que ce sont les affres de la démocratie (ce n'est pas dans le parti au pouvoir que ça risquait d'arriver !)
et pourquoi je ne lirais pas LdF depuis Montréal, faut un certificat "français de france" (selon terminologie locale!) pour y venir ? - tu devrais faire un appel aux lecteurs pour qu'ils signalent depuis où ils lisent (et pas seulement Nagoya!)
l'itinéraire de Francis Combes pose beaucoup de questions : cessation de ce paysage éditorial lié aux dispositifs politiques (Messidor, éditions sociales), lancement d'une maison d'édition indépendante, le Temps des Cerises, sur laquelle on a fait très consensuellement peser son origine - on est pas mal de notre génération (enfin à peu près, puisqu'il a 9 jours de moins que moi!) à avoir derrière nous cette traversée politique, et pensé à un moment donné que la littérature pouvait en être la critique la plus radicale, s'il s'agissait de marcher seul - ça a éclaté dans des directions très différentes, "l'ode pour hâter la venue du printemps" de Jean Ristat, repris en Poésie Gallimard au printemps dernier, on dirait un bronze à l'effigie de Byron sur les ruines d'Aragon, ou la façon dont le travail d'un Gérard Noiret aussi est resté si discret - ne me suis jamais débarrassé de ces questions, et quels qu'aient été les parcours, tous ceux-là sont restés des amis : ç'aurait peut-être été plus facile de se la jouer "ancien combattant"
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