je ne veux pas être une serpillière
Par cgat le lundi 9 mars 2009, 02:25 - écrivains - Lien permanent
Je ne fais pas le poids.
Naître fille : persécutée opprimée par mes parents, violée tuée par des passants.
Plus tard, je veux être un garçon, un homme.
Je le clame haut et fort : « Une femme amoureuse devient bête, perd la tête, est une machine molle. »
Femmes archétypales : celle qui au chômage vit des aides de l’État, pond des enfants ; celle qui avec un petit boulot cherche le soutien des hommes, rit à toutes leurs blagues ; celle qui est déjà morte.
« Comment dois-je agir pour échapper à ces images ? Je ne veux pas être une serpillière.
- Tu ne seras jamais une serpillière. »
Les femmes des tropiques, leur sang chaud, leur rythme dans la peau.
« Je refuse d’être assimilée à ces noires. »
Ça ne l’étonne même pas. (p. 43)Le temps n'est pas cette belle chose linéaire : il est cyclique et devant moi vient fréquemment se casser la gueule la première : il appartient à quiconque se baisse pour le ramasser.
La face de traviole, à une encablure de l'autre côté à l'autre bout du monde, ces quelques centimètres.
Politisation. Falsification. Enseigner l'histoire. Ce qu'on apprend aux vaincus. Spasmes. Je me tourne vers la doite. Le cerveau fixe, le reste du corps, sa giration autour de cet axe. (p. 143)Béatrice Rilos, Is this love (Le mot et le reste, 2009)
Pour prolonger la déplorable « journée de la femme », un très beau livre qui tente, de réécriture en réitérations, de réinventer ce que c’est qu’être femme et être noire, originaire de l’« île-de-France » et des Antilles.
Béatrice Rilos est née en 1979 ; elle est aussi plasticienne et a
publié :
- Enfin on fera silence (Seuil,
« Déplacements », 2007)
- et Ou les
élections (publie.net, 2009)
Elle est également l’auteur d’un beau blog : erratique
Commentaires
privilège d'être synchrone des mises en ligne LdF : suffit de s'éloigner suffisamment vers l'ouest ! oui, BR monte la pression de plus en plus
écrite par elle, la révolte ne peut qu'être bien dite
à propos de fête de "la femme",honte à Eric Chevillard qui s'est risqué à penser hier la première de ses sentences du jour