les sauvages se situent sur la ligne
Par cgat le jeudi 21 mai 2009, 02:47 - écrivains - Lien permanent
Carnet 20
Les sauvages se situent sur la ligne.
La ligne sauvage n'est pas une frontière. Elle n'est pas à la crête. C'est l'inverse d'une frontière.
Une frontière marque la limite d'un territoire.
Le territoire sauvage n'existe pas.
Les sauvages se situent donc sur une ligne.
Ils se tiennent sur un fil.
Ils sont en constante recherche d'équilibre, c'est-à-dire toujours un peu en déséquilibre.
Le sauvage tangue.
Presque tous les sauvages sont des funambules.
Ils se situent entre, mais pas au milieu. À la limite, au bord.
Ils tentent de rester entre.
Ce qui est toujours à l'extrême.
Ainsi la ligne entre deux territoires est à l'extrême de l'un ou au début d'un autre.
Se situer entre, pour un sauvage, c'est mettre en rapport.
Le rapport entre deux entités produit de l'autre.
La ligne sauvage est donc autre.
Les sauvages aiment composer de l'autre. C'est inhérent à leur être.
Ils pratiquent à outrance l'intersection, l'intérim, l'intermittence, l'interposition, l'interstice, l'intervalle, l'intervention, l'interversion.
Véronique Vassiliou, Le coefficient d’échec (Comp’act, 2002, p. 60)
L’inconvénient – l’avantage ? – avec les bonnes anthologies comme Sac à dos, c’est qu’elles donnent envie d’aller relire les recueils dont elles citent des extraits …!
Véronique
Vassiliou est née à Toulon le 1er juillet 1962.
Elle a publié aussi :
Geste 8 et 5 (Messidor, 1991)
La Voix (La Main courante, 1992)
Seuils (Harpo &, 2000)
Appellation contrôlée (Fidel Anthelme, 2000)
N.O. Le détournement (Comp'act, 2002)
Une petite nappe verdâtre mal découpée (Contre-Pied, 2004)
Le + et le - de la gravité (Comp'Act, 2006)
Rose & Madeleine, avec Fabienne Yvert (Harpo &, 2006)
Le Petit Vassiliou ménager illustré (Contre-Pied, 2007)
L'Almanach Vassiliou (Argol, 2009)
Commentaires
une "logique" glaçante et drôle
la santé recouvrée pour le grain de sel de sable d'insolence d'écart qui signent LdF, fait du bien de lire ça ce matin
Très beau livre, en effet de Véronique. L'auteur de la peinture qui figure en couverture du "coefficient d'échec", est Manuel Meïer, dont je vous invite à découvrir le travail ici http://etaton.com/inventaire/Nouveau%20dossier/artistes_etaton/images/oeuvres/meier/meier.html et là http://ap.over-blog.org.over-blog.org/article-30986820.html.
merci à tous, et merci pour les liens, ap : je les ai rendus actifs