blogs et jeunes écrivains
Par cgat le mardi 26 septembre 2006, 00:27 - blogs et internet - Lien permanent
Chloé Delaume corrige son affirmation un peu hâtive ( "Des fois j’ai l’impression qu’en dehors de vingt personnes il ne se passe rien." ) qui, relayée par le blog la littérature de manière tronquée, avait soulevé diverses réactions, par exemple ici, là ou ou là : ces opinions très diverses et les nombreux commentaires qu'elles suscitent (lorsque les commentaires sont ouverts et le restent!) démontrent qu'il y a encore quelques autres jeunes écrivains.
Commentaires
fausse piste, chère Fuyante, et au contraire une affirmation ou un constat terriblement triste pour la joie qu'on a à farfouiller dans les techniques du web 2 ou passer 3 nuits blanches à construire le code d'un forum en état de marche : il faut ce genre de provoc de l'amie CD (qui ne serait pas en peine d'aligner, certainement, des tas de noms dont la démarche d'écriture nous intéresse de près) pour provoquer ce genre de prolifération commenteuse, mais dans des blogs aussi insanes que ce "buzz" que vous citez, où l'idée de littérature a disparu
alors effectivement, position oscillante, commentaires, pas commentaires, parfois trop marre des mêmes signatures qui viennent désespérément et systématiquement s'accrocher ou de ceux qui ne laissent un tag que pour mettre l'url de leur blogaillerie neuve, et se dire qu'assumer un peu de folie dans la construction de la fresque suppose qu'on puisse laisser la parole à son excès, les vrais retours se font par mail, on peut en faire état d'autre façon
l'expérience Libé est là aussi en ce moment pour nous faire réfléchir à ça : qu'est-ce qu'on a gagné avec leur façon de placer les commentaires au même niveau graphique que les articles ?
concrètement : les 3 contributions qui s'affichent suite à un article sur lequel 400 visiteurs ont passé au moins 1 minute (mon critère de stats), déplacent la lecture de ces 397 autres sans que je puisse choisir cette inflexion : non pas pour étaler mes pbs, mais je sais bien que ça concerne l'ensemble de notre petite communauté blogueuse, et reste paradoxal : des blogueurs sans commentaires postent régulièrement sur des blogs avec (j'allais dire, et réciproquement)
allez, retournons plutôt lire : il y a le texte de Sonia Chiambretto sur Inventaire/Invention qui est un bon contre-exemple à la buzzerie
pas si inutile que ça, tl (?), la zone de commentaires, puisqu'elle (me) permet de lire le votre, qui est intéressant : vous avez tout à fait raison, en effet, de souligner la "prolifération commenteuse", ni lorsque vous défendez cd (que je n'attaquais nullement, d'ailleurs, car je suis une lectrice et admiratrice de longue date)
en revanche je ne suis pas du tout d'accord avec le mépris dont vous faites preuve envers des "blogs aussi insanes que ce "buzz" où l'idée de littérature a disparu" : je n'aime pas ce type d'anathème et considère que la façon dont ce blog et d'autres conçoivent la littérature peut hérisser (son titre même est une provocation, tout à fait volontaire me semble-t-il) mais n'est nullement indigne, et fait partie intégrante de ce qu'est actuellement la littérature ; je souscris d'ailleurs tout à fait à l'essentiel du propos du billet que je citais, ainsi qu'à l'affirmation d'Olivier Rohe qu'il reprend : "La littérature ne suit aucun ordre. Il n'y a ni matière noble ni matière honteuse. La littérature n'est qu'une tentative sans cesse renouvelée de restitution de la complexité, du désordre qu'elle charrie."
L'attaque contre les commentaires ouverts dans les blogs (nonobstant les abus à gérer), le dénigrement de principe de la valeur des commentaires (nonobstant les abus à gérer), tout comme la gestion malhonnête des commentaires sont, ensemble, des manifestations d'une même régression vers les (& reproduction des) hiérarchies de l'ancien monde et d'une même volonté de manipuler l'Autre tout en prétendant le considérer comme son égal.
alors "fermez le ban" comme dit Berlol chez lui
reste la question de cette formulation : "ce qu'est actuellement la littérature" avec confusion entre usage social ou commercialo-médiatique de la littérature et ce pourquoi on a affaire à elle
même surprise à voir ainsi avant-hier les lites de prix littéraires mattrauants et matraqués prendre la place des citations Deleuze qu'on avait aimé il y a encore peu à y trouver !
mais tout cela en amitié, pour les 65 kilomètres qui nous séparent géographiquement dans le non virtuel, et les formulations excessives juste parce que les questions sont évidemment les mêmes
merci Berlol pour ce soutien en forme de mise au point …
TL, j’ai délaissé (très temporairement) Deleuze (et les autres) d’une part dans une velléité sans doute très passagère de coller davantage au contenu de mon site labyrinthe, et d’autre part car (mon activité professionnelle m’interdisant de snober totalement le phénomène de la rentrée littéraire) manifester ici mon agacement est un soulagement
plus profondément (car l’amitié n’empêche pas la discussion, bien au contraire) la distinction entre la vraie littérature et la « littérature commercialo-médiatique » me semble toujours douteuse : peut-être parce que je viens d’un milieu populaire où même les magazines étaient appelés « livres », j’espère ne jamais (même in petto) m’arroger le droit de décréter que ce que tel ou tel membre de ma famille (ou tout autre lecteur) prend plaisir à lire est de la merde (ou un pur produit commercial)
il faut des livres pour tous, et si les goûts des lecteurs populaires sont fabriqués, nos goûts (et plus encore nos dégoûts) élitistes le sont tout autant : il serait tellement désespérant que les écrivains n’écrivent que les livres que j’ai envie de lire, même si j’ai le sentiment d’avoir des goûts éclectiques…
merci de la précision, en particulier sur rapport à labyrinthe
je colle un peu moins au dernier paragraphe, personnellement je suis vaste consommateur de toutes littératures, voyages, biographies, et littérature populaire aussi, de Simenon à Grisham ou Mankel
dans ma tête, je ne crois pas qu'il s'agisse de décreter ceci "est" littérature, et cela n'en est pas - mais en même temps il y a toujours interrogation sur le geste, sur l'abîme, qu'est-ce qui fait que Kafka est partout et sans cesse littérature
qu'est-ce qui fait que Chevillard ou Volodine (pour pas laisser le porteur de valise au loin) sont dans ce tunnel opaque et fluctuant, mais qui définit quand même - quoi : un terrain, un geste ? quand tant de bruit est fait pour nous en détourner
et que peut-être ce qui nous rapproche envers et malgré tout (le porteur de valise aussi) dans la mouvante foire du Net, c'est quand même qu'on l'affirme aussi, non ? en tout cas, qu'il y a besoin de le réaffirmer sans cesse
justement parce qu'on y croit - mais bon...
dit comme cela, en effet ... mais, pour ne prendre qu'un exemple, Amélie Nothomb aussi y croit, à mon sens, à la littérature ; cela n'empêche pas ses nombreux détracteurs de considérer que puisque ses livres se vendent, ce qu'elle fait n'est pas de la littérature
ah, s'il suffisait d'y croire...