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Le site des éditions Gallimard propose à l'occasion de la sortie aujourd'hui de son nouveau roman Microfictions une vidéo (très lente à charger!) dans laquelle Régis Jauffret commente son travail sur ce roman : il y affirme avec force que ce « bloc » de 500 courtes fictions (une page et demi environ) n'est absolument pas un recueil de nouvelles mais un roman, c'est-à-dire un « objet (...) rempli de personnages (...) bourré de gens jusqu'à la gueule », l'équivalent d'une « foule ». (comparable à celle qui peuplait Univers, univers).

On peut aussi lire en ligne :
- un article de Martine Laval (Télérama)
- un article de Philippe Lançon (Libération, 18 janvier 2007)

Pas en ligne, malheureusement, voir aussi l'excellent dossier du Matricule des anges (79, janvier 2007), dans lequel Thierry Guichard retrace l'itinéraire personnel et romanesque du romancier puis l'interroge longuement sur son livre. Régis Jauffret répond notamment :

il y a une tentative de plonger dans les cerveaux. Comme si dans une foule les crânes étaient transparents et les cerveaux lisibles ; c'est un peu l'impression schizophrène que j'ai. Quand je vois quelqu'un, je connais déjà sa vie. Une vie que je lui imagine, évidemment. (...)
Écrire, pour moi, c'est faire apparaître une population. Qui se construirait de l'intérieur, qui n'apparaît pas d'abord en tant que corps mais en tant que conscience. (...)
L'écrivain a quelque chose de compassionnel. L'écrivain doit arriver à souffrir à la place des autres, ressentir ce que les autres ressentent. Le soir, quand toutes les lumières sont allumées dans l'immeuble en face de chez moi, je pénètre dans tous les appartements et je peux arriver à être tous les gens. C'est le fantasme qui m'habite et me fait écrire. C'est d'autant plus vrai pour Microfictions. J'ai le sentiment que je peux arriver à être tout le monde. C'est faux, mais cette illusion a une part de vérité.
(...)
J'avais commencé à écrire ces histoires sans savoir exactement où j'allais. quand j'en ai écrit trois ou quatre, j'ai vu qu'elles avaient la même structure. J'ai décidé de poursuivre ainsi, et je n'ai pas ressenti ça comme une contrainte oulipienne.
En fait ce format d'une page et demie donné à chaque histoire, je le vois un peu comme un verre et voilà. C'est un parti pris qui rend l'écriture plus facile. J'essaie d'aller toujours vers la plus grande liberté dans l'écriture, et c'est la forme qui se crée qui permet cette liberté. Ce n'est pas du formalisme.
Ce livre, il est comme un paquet de petits Lu. Le petit Lu, c'est le premier biscuit manufacturé. Là, chaque histoire n'est pas le même gâteau, mais on a le même moule à chaque fois. Et le livre est une sorte de paquet de fictions.

Né à Marseille le 5 juin 1955, Régis Jauffret est l’auteur de :
- Les Gouttes : pièce en un acte (Denoël, 1985)
- Seule au milieu d'elle (Denoël, L'Infini, 1985)
- Cet extrême amour (Denoël, 1986)
- Sur un tableau noir (Gallimard, L'Infini, 1993)
- Stricte intimité (Julliard, 1996)
- Histoire d’amour (Verticales, 1998)
- Clémence Picot (Verticales, 1999)
- Autobiographie (Verticales, 2000)
- Fragments de la vie des gens (Verticales, 2000)
- Promenade (Verticales, 2001)
- Les Jeux de plage (Verticales, Minimales, 2002)
- Univers, univers (Verticales, 2003 ; Prix Décembre)
- L’enfance est un rêve d’enfant (Verticales, 2004)
- Asiles de fous (Gallimard, 2005, Prix Femina)
- Microfictions (Gallimard, 2007)
- Vivre encore, encore (avec un dvd) (Verticales, Minimales, février 2007)

post scriptum : Buzz littéraire publie quatre billets sur Régis Jauffret