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J'ai eu une peau fantôme pendant sept ans. Plus exactement, j'ai cru pendant sept ans que j'étais condamné par cette maladie de la mort qu'on appelle « douleur d'Orphée ». Or je ne me faisais guère d'idées, j'étais réellement atteint, ma peau était plus froide qu'un crime. Mais, au bout de sept ans, un hasard extraordinaire me fit croire, et me donna quasiment l'assurance que je pourrais échapper à cette maladie, m'en libérer. De même que je n'avais avoué à personne, sauf à des amis qui se comptent sur les doigts d'une main, que j'étais en proie à des pulsions de mort sans précédent, je n'avouai à personne, sauf à ces quelques amis, que j'allais m'en tirer, que je serais, par ce hasard extraordinaire, le premier Orphée gay de la mythologie à se retourner sciemment sur son aimé pour lui dire adieu. Repose en paix.

(derniers mots de La Peau fantôme, 2005, p. 120)

J'apprends par Livres hebdo que Marc Vilrouge est mort la nuit dernière à 35 ans.

Né le 9 mai 1971 à Enghien-les-Bains, il a publié :

L’Herbe de Saturne (Balland, 2000)
Sacrés Animaux ! (Seuil Jeunesse, 2001)
Air conditionné (Seuil, 2002)
Reproduction non autorisée (Le Dilettante, 2004)
La Peau fantôme (Le Dilettante, 2005)

Le Livre impossible (Le Dilettante, 2007) vient de paraître.

Site : L'oeuvre au rouge