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Je ne suis pas très colloques en général, mais celui qu'organise aujourd'hui la Maison des écrivains, consacré aux Enjeux contemporains du roman, est intéressant en ce qu'il donne très largement la parole aux romanciers eux-mêmes : paroles très diverses, pudiques ou séductrices, doctes ou embarrassées, énervées ou passionnées, ce jour, de Philippe Forest, Olivier Rolin, Danièle Sallenave, Régis Jauffret, Laurent Mauvignier, Nicole Caligaris, Tanguy Viel, Christine Montalbetti et Marie Darrieussecq.

Parmi tous leurs mots, je retiens ceux de Régis Jauffret, drôle et percutant : le roman est en perpétuelle évolution darwinienne et biologique ; est « roman » tout texte dont son auteur dit qu'il est un roman ; le « roman fondateur » du XXIe siècle, celui qui définit le mieux la schizophrénie actuelle et future du roman, de l'art, de la la société, est Mille Plateaux de Deleuze et Guattari.

Deux courtes citations à l'appui de ce propos très judicieux :

« Écrire n'a rien à voir avec signifier, mais avec arpenter, cartographier, même des contrées à venir. »

« Le devenir n'est ni un ni deux, ni rapport de deux mais entre-deux, frontière ou ligne de fuite, de chute, perpendiculaire aux deux. »

Gilles Deleuze ; Félix Guattari, Mille plateaux. Capitalisme et schizophrénie, 2 (Minuit, 1980, p. 11 et p. 360)