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Quelques autres bribes impressionnistes concernant le colloque sur les Enjeux contemporains du roman ( sans prétendre égaler l'inégalable et savoureux impressionnisme de Si par hasard à qui j'ai emprunté la photo ci dessus).

::: le Nouveau roman revient souvent dans les propos, le plus souvent comme un héritage un peu lourd à porter ; Claude Simon semble pris dans un devenir Proust (l'oeuvre incontournable dont tout le monde parle sans l'avoir forcément lue) et Robbe-Grillet (cité très négativement à plusieurs reprises) faire figure de repoussoir.

::: en dépit du caractère précis, documenté et souvent judicieux des questions posées par les modérateurs (Dominique Viart, Thierry Guichard, Dominique Rabaté, Pierre Schoentjes, etc.) les écrivains n'y répondent pas ou pas vraiment, répondent à côté, parlent d'autre chose ; certains affirment clairement ce qui crève les yeux : ils ne sont pas les mieux placés pour parler de leurs romans.

::: m'éveuvent tout particulièrement (identification sans doute) ceux pour qui la parole n'est pas facile : Nicole Caligaris, Laurent Mauvignier ou Tanguy Viel, par exemple.

::: Nicole Caligaris dit chercher à transcrire dans ses romans ce qu'elle ressent de notre moderne humanité : non des identités constituées en personnages mais des « foyers de conscience multiples (...) comme des foyers lumineux qui entrent en rapport les uns avec les autres ».

::: Laurent Mauvignier décrit son sentiment qu'écrire l'« opacifie » : quand j'écris, dit-il, « je ne cherche pas à comprendre mais à comprendre pourquoi je ne comprends pas »

::: Tanguy Viel voudrait « ajouter des couches » à ses récits qu'il trouve trop simples ; tandis que Christine Montalbetti et Marie Darrieussecq, ses voisines de table ronde, reprennent à leur compte un propos qu'il a tenu un jour : les romanciers des années 60-70 sont une « génération fantôme », discrète, inquiète, un peu perdue et entre-deux.

::: Marie Darrieussecq a pour projet d'écrire La Princesse de Clèves et se réjouit d'avance de voir ce titre sous son nom et sur une couverture POL : beau projet ... d'autant qu'elle souhaite y raconter le départ d'une fusée vers une lune de Jupiter.

::: Devenirs du roman est présenté par Arno Bertina, Mathieu Larnaudie et Oliver Rohe : j'y reviendrais lorsque je l'aurai lu, mais de leurs interventions je retiens en particuler que « le roman n'a pas de dehors » ; c'est un espace « impur, batard, poreux, pluriel », qui avec la fin des interdits avant-gardistes a retrouvé aujourd'hui la liberté de tout absorber ; pour cela il suffit de « se placer à l'endroit le plus ouvert (...) là où il y aurait le plus de courant d'air possible » et surtout de pratiquer la « soustraction du sens » (où l'on retrouve Deleuze) ; le volume (qui mêle entretiens et textes théoriques) n'est pas un manifeste mais une « photographie bougée » et lacunaire du roman actuel .

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