le roman n'a pas de dehors
Par cgat le lundi 29 janvier 2007, 00:20 - science-fiction - Lien permanent
Pour rebondir sur cette affirmation d'Arno Bertina, un petit écho d'une
polémique qui n'est pas sans rapports : j'ai signalé incidemment
il y a quelque jours un billet d'Alexandra (''Buzz littéraire'') qui a depuis donné
lieu à une explosion de commentaires, découverte grâce à un ricochet de Maxence (''Mille feuilles'').
M'étonne l'acharnement mis par nombre des intervenants à s'opposer à ce que des
ponts existent entre science-fiction et « littérature générale »
(terme vide s'il en est) et à inventer, pour éviter à tout prix que les deux se
mélangent, des catégories intermédiaires ; me surprend ce refus des uns et
des autres de lire, voire de simplement feuilleter, des livres n'appartenant
pas au genre qu'il soutiennent.
Sans doute les réactions épidermiques de certains tenants de la science-fiction sont elles dues au fait que le genre a été durant quelques décennies considéré comme un sous-genre, sans doute certaines réactions de leurs adversaires montrent-elles que des a priori existent malheureusement encore. Il est peut-être utile toutefois de rappeler que la notion de science-fiction est assez récente, plus récente encore sa « ghettoïsation » et que la science-fiction a été promue en France au début des années 50 par Boris Vian et Raymond Queneau.
Le roman a toujours été un genre ouvert, qu'il devient aujourd'hui de plus en plus difficile de cloisonner en sous-genres aux frontières étanches. Sans être spécialiste de science-fiction, j'en lis beaucoup, et il me plait que, de plus en plus, les romanciers d'aujourd'hui (nourris tout autant par la lecture de Duras que par celle de Philip K. Dick - ainsi que par les images de 2001 Odyssée de l'espace, Star trek ou Matrix) fassent du roman un genre « poreux » où les thèmes généralement réservés à la science-fiction introduisent du « courant d'air » : même si ces romans ne sont pas tous réussis, le frottement des genres est souvent fructueux et donne parfois lieu à des étincelles.
Commentaires
Le problème du genre en littérature (et dans l'Art en général) est un faux problème. Les genres n'existent pas, et quand bien même on s'empresse de la créer artificiellement (c'est le rôle de la Critique ou de l'Histoire Littéraire), ils ne s'appliquent jamais ou rarement aux grandes oeuvres, puisque celles-ci sont souvent aux croisements des genres, des courants et des influences ; les grandes oeuvres sont souvent hybrides.
Pour rester dans le sujet de la SF, il y a un bel exemple de "littérature sérieuse" qui donne dans la SF, c'est le très particulier Ersnt Jünger et son "Héliopolis", que je recommande au passage ;) .
merci pour le conseil de lecture, Menear, même si je doute que votre opposition entre "littérature sérieuse" et sf soit du goût de tout le monde...
je suis assez d'accord avec ce que vous dites des genres, mais beaucoup moins avec le discours assez convenu (j'ai l'impression de l'avoir entendu mille fois, surtout de la part de gens qui ne les lisent pas, les écrivains contemporains) que vous tenez dans votre blog sur la littérature française qui ne sait plus raconter d'histoires : http://www.omega-blue.net/index.php...
pour vous donner à mon tour quelques conseils, essayez, si vous voulez des histoires (ce ne sont que quelques exemples en vrac), Volodine, Audeguy, Nancy Huston, Céline Minard, Gaudé, Vasset, Paillard, Fred Vargas, Rufin, Marie Ndiaye, Régis Jauffret, Hélèna Marienské, Darrieusecq, etc. etc.
Ah non, je n'ai repris l'opposition "littérature sérieuse" / SF que parce qu'elle était déjà mentionnée et remise en question dans votre post, je n'y adhère pas moi-même.
Quant à mon propre billet, je ne nie pas l'existence de "raconteurs d'histoire", je constate l'absence d'auteurs modernes visibles dans le paysage littéraire français, ce qui est bien différent et surtout bien plus dommageables ;) .
Changez de lunettes !
voilà qui est clair et concis, berlol ; je me permettrai d'ajouter, pour filer la métaphore, que « le peintre original, l’artiste original procèdent à la façon des oculistes »