l'épouvantail d'hudimesnil
Par cgat le vendredi 9 février 2007, 00:03 - écrivains - Lien permanent
Jean-François Paillard parle également fort bien de ses propres « machines romanesques » dans un entretien avec Fabienne Swiatly proposé par remue.net :
(...) Au point où en est aujourd’hui la « Fiction », je pense qu’un roman est une expérience narrative qui doit tout tenter, même l’impossible, le présomptueux, le « plus grand que soi », la confusion, l’autodérision, l’énorme etc. Un écrivain n’a rien à perdre à s’amuser vraiment, à « convoquer » Proust pour en faire une sorte de créature tutélaire ou à essayer les trucs et ficelles de poètes (Michaux en tête pour ce qui me concerne). Le passage qui fait référence à l’épouvantail croisé sur le chemin du narrateur : « Comme lui, j’étais cette grotesque apparition, cet impossible narrateur qui agite ses bras désespérés, cherchant à se hisser jusqu’au lecteur, semblant lui dire : Reste, reste un instant, car ce que tu n’apprends pas de moi maintenant, tu ne le sauras jamais » est une phrase empruntée presque mot pour mot à La Recherche du temps perdu. Elle apparaît en conclusion d’un des textes les plus profonds que j’aie jamais lus, narrant la descente en calèche du narrateur vers Hudimesnil. Ce texte, qui a trait à l’indéchiffrable énigme du « statut de l’auteur » fait précisément l’objet d’une discussion assez lamentable entre le narrateur de ''Pique-nique'' et une de ses « créatures », Damiana Legowisko. (...)
Commentaires
Ce qui prouve, si besoin est, Christine, votre sagacité... Pour ceux qui ne le connaissent pas (je ne sais en vérité absolument pas s'il est évoqué ou étudié à la fac), le passage de Proust dont le narrateur fait allusion ( et que je vois d'ailleurs comme un passage secret, dans lequel le lecteur peut s'engouffrer) est dans le tome 2 d'à l'Ombre des JF en Fleurs (T 4 d'A la recherche), p 145 de l'édition gallimard en 15 vol. Depuis : "Je venais d'apercevoir, en retrait de la route...", jusqu'à : "... j'étais triste comme si je venais de perdre un ami, de mourir moi-même, de renier un mort ou de méconnaître un Dieu." Bonne lecture...