entaille dans la grande fiction
Par cgat le mardi 13 février 2007, 01:15 - écrivains - Lien permanent
On nous dirait qu'ainsi va le monde. On nous dirait qu'ainsi il va, qu'il n'y a rien d'autre. À chercher. À trouver. Tous le diraient. Tous depuis toujours. On est si petit alors. On vient d'arriver. On nous dit ce qui est vrai. Que faire ? On dirait qu'on ferait semblant de croire que ce qui est donné pour vrai est le vrai. Que les mots ne sont pas vidés de leur sens. On ferait semblant de croire que ce qu'il faut, c'est être raisonnable, peut-être le croirait-on, peut-être le ferait-on, être raisonnable. De notre mieux. Quand même, on dirait qu'on aurait du mal à y croire. Mal d'y croire. Mais dans ce bruit qu'on entendrait, comment ne pas croire qu'on serait seul à souffrir ? On aurait mal et l'on se sentirait plus seul encore de croire que l'on est seul à avoir ce mal jusqu'à craindre parfois qu'il n'y ait pas d'issue, qu'il n'y a que ça souffrir, le cacher, être seul, faire semblant. Un temps peut-être on essaierait, l'on ferait semblant que tout va, qu'il y a plus malheureux, qu'il ne faut pas s'écouter, qu'on n'est jamais satisfait. On essaierait et pourtant toujours la souffrance serait là, nous arrachant la peau, nous découpant jusqu'à l'os, nous plongeant dans la plus haute solitude. On nous dirait, bien sûr, qu'il ne faut pas trop se poser de question que ça ne sert à rien, qu'ainsi va le monde. Que faire ? Alors on se tairait, l'on dissimulerait la souffrance dans nos corps pour ne pas devenir fous et parfois même on arriverait à croire cela, que ce serait la vérité. On dirait qu'on vivrait dans la Grande Fiction.
Écrire, gratter la surface lisse du monde, érafler la Grande Fiction, y découper des portes, des fenêtres ou même la poignarder, à chaque écrivain(e) sa méthode pour entamer ce mur, pour celles et ceux, évidemment, qui ne le cimentent pas plus. Le roman, entaille dans la trame serrée des mots usagés, couteau dans le récit consensuel des jours pour ouvrir au-dedans de nous les espaces qui ont été niés, fermés, déclarés inexistants. Le roman. Pas tous les romans. Combien de livres n'ont d'autre objet que d'épaissir la paroi opaque de la Grande Fiction, de renforcer son pouvoir en donnant au lecteur, lorsqu'il refermera le livre, le lâche soulagement qu'il aura peut-être eu peur, été touché, ému, etc., mais qu'il ne lui sera rien arrivé.
Louise Desbrusses, « Une entaille dans la Grande Fiction », Devenirs du roman (Inculte / Naïve, 2007, p. 335-336)
Louise Desbrusses est l'auteur de L'Argent, L'Urgence (P.O.L. 2006)
et de Couronnes, Boucliers, Armures ( à paraître chez P.O.L.)
On peut lire en ligne un entretien (L'Internaute)
Commentaires
La souffrance naît sans naître
Dans le dos des regards de poussière
Propulsée par un processus mécanique
D'appropriation abusive
Repercutée par le mur des images en carton
Amplifiée par la peur des propriétaires
Elle est le prix des rêves
De celles qui refusent le rêve
La réalité et la fiction sont identiques
Mais l'apparence reste l'apparence
Et n'est rien d'autre qu'apparence
Chacun habille son sapin
Avec les guirlandes de son choix
Ceci change-t-il quoi que ce soit
A la nature du sapin
désolé,oubli du titre: GUIRLANDES
bonsoir gmc,
faire de ma zone de commentaire une annexe promotionnelle de votre blog - alors même qu'il est signalé dans la page ad hoc de labyrinthe : http://perso.orange.fr/labyrinthe/b... - n'est pas très élégant et s'apparente à du spam, que je vais me voir obligée de traiter comme tel, par le filtre ou la corbeille.
pour éviter que vous vous mépreniez, voici quelques éléments:
- depuis le début de février les visiteurs en provenance de votre blog ont représenté 1,4% des visites du blog gmc, soit un total de 7 visites.
- le blog gmc n a pas besoin de promotion, aussi les prochains commentaires (s il y en a d autres) ne comporteront pas de lien, comme celui-ci. (précisez si vous souhaitez qu il soit fait usage d un autre pseudo).
- vous noterez que cette idée d autopromotion vous appartient et, si vous êtes curieuse, allez donc jeter un oeil sur les commentaires de la première semaine de blog gmc et vous pourrez constater que son rédacteur n est pas à l origine de sa création).
- un blog est-il un espace ouvert ou pas?
que vous laissiez un lien ne me dérange nullement, mais quel intérêt peut-il bien y avoir à ce que chacun des visiteurs de ce blog publie chaque jour en commentaire la copie conforme de son billet du jour ...? je ne vois pas ! vous êtes d'ailleurs le seul à avoir eu cette idée saugrenue que seul un souci d'autopromotion m'a paru pouvoir expliquer (veuillez m'en excuser si vos motivations étaient autres).
Quand l'art alité dépasse l'affliction...
vous voyez les choses à l'inverse de la manière dont elles se produisent, christine: en fait, le commentaire - sous forme de poème - est effectué en premier lieu, pendant ou aussitôt après lecture du post sous lequel il figure et, seulement ensuite, il est copié-collé sur le blog gmc (ceci depuis l'ouverture de ce blog; avant son ouverture, il n'existait pas cet exercice compilatoire) sur lequel chaque jour s'inscrivent entre un et dix textes, ça dépend des périodes (par exemple, hier a vu s'inscrire 5 textes, avant-hier 4).
peut-être, mais pour moi cela ne change pas grand chose : internet est constitué de liens sur lesquels on clique pour aller lire ailleurs, pas de duplication systématique des contenus (à moins que l'idée soit d'accroître la taille de la toile de manière artificielle)
en revanche il est sans doute intéressant de procéder comme vous le faites à l'échelle d'un réseau de blogueurs prévenus au préalable de cette pratique, qui écrivent également des textes poétiques et avec lesquels vous partagez une communauté de pensée
"une communauté de pensée" dites-vous... ceci est le prélude universel à la constitution de dogmes, de doctrines, de sectes, de théories, d'idéologies et autres scléroses du même genre... faut-il réellement prendre cette remarque en considération? c'est réellement ce que vous conseillez en votre for intérieur?
la poésie est une activité littéraire, non? un texte poétique est un texte littéraire, n'est-ce pas? en quoi le commentaire poétique d'un post est-il supposé être différent d'un commentaire lambda?
la confrontation des points de vue est-elle une richesse ou pas?
(la partie duplication existe du fait qu'un jour un gus ait trouvé judicieux -pour des raisons qui le regardent- d'ouvrir un blog nommé gmc, rien de plus, les deux choses n'ont rien à voir entre elles, il n'est pas utile de les lier)
vous n'êtes pas sans savoir, gmc, qu'un certain nombre d'habitués de la toile (dont je fais malheureusement partie) se sont un jour où l'autre, sous un pseudo ou un autre, attiré des insultes (que je préfère ne pas qualifier) de votre part, pour avoir pensé qu'une confrontation courtoise des points de vue était possible et enrichisante
aujourd'hui la confiance n'est donc plus là et mon propos précédent sur les communautés de pensée n'était qu'une façon courtoise de vous envoyer confronter (ou imposer) votre point de vue ailleurs (puisque vous préférez que je me montre explicite)
il est toujours intéressant de savoir ce qui est répertorié sous le terme "insultes" dans ce monde où le terme "courtoisie" recouvre un nombre incalculable de faux-semblants et de postulats objectivo-subjectifs qui sont eux-mêmes, sous prétexte de lieux communs en tout genre ou opinions supposées majoritaires, mais en fait uniquement représentatifs d intérêts particuliers généralement égotiques, des insultes savamment recouvertes d un enduit prétendument civil, distillées de bonne ou mauvaise foi, peu importe en fait, que le fonctionnement en miroir renvoie à leur propre nature qui bien entendu n'est que très rarement reconnue comme telle dans le monde des dieux.
aussi, après avoir épuisé toutes les artifices fictionnels employés par la mécanique de la pensée, gmc ne s'occupe-t-il plus sauf cas exceptionnel que de composer des textes poétiques, étant donné que "peu importe,d'accord ou pas" (beckett), chacun se plaisant manifestement dans ses fictions, quelles que soient les souffrances qu'elles génèrent à qui que ce soit.
vous ferez donc ce que bon vous semblera des textes de gmc, s'il s'avisait d'en redéposer ici, ceci n'a pas non plus d'importance.
pour votre dernière phrase, elle était dominante dans tous vos commentaires précédents, mais n'invoquez pas la confiance, ceci est aussi un faux-semblant dont le signifiant est autre - gmc ne demandant d'ailleurs aucune confiance, la vigilance étant de loin beaucoup plus fiable-, regardez plus en profondeur si vraiment vous y tenez, ce qui n'est pas vraiment certain.
« Mettre en route l'intelligence sans le secours des cartes d'état-major » (René Char, Feuillets d’Hypnos,125)
La question n'est sans doute pas de se mettre d'un coté où d'un autre car M. Marmande, universitaire distingué par ailleurs, a peur : il a réussi a effectuer une révolution mentale en pilotant des avions, sa passion; mais il a peur de la dissémination du savoir : un docteur est quelqu'un qui suit un itinéraire patenté, qui a écrit et dûment soutenu 997 feuillets 21X29.7 devant un jury dûment formé. Chef d’état-major ! Hors de cela , point de salut. Dégagez, il n'y a rien à voir, je vous dis.!
Moyennant quoi il peut se faire grassement payer par le journal de référence français (lui aussi fortement inquiet) pour insulter n'importe qui, Madame Wiki par exemple, qu'il ne connaît sans doute pas .
Mais il a de la culture :
1) Il sait - vieux souvenir d’adolescence- que tous les versaillais sont des riches salauds.
2)Il se sent à l’abri, dans un journal qui ne connaît plus l'orthographe ni la syntaxe depuis longtemps .Et donc plus la politesse.
3) Et c'est un grand habitué des corridas, et donc des mises à mort expéditives et sanglantes,
pardon aux aficionados,qui gardera toujours de là-haut une très haute idée de lui même.
C'est pourquoi, face au choc des civilisations, il a décidé d'engager la conjuration des imbéciles.
Les surréalistes avaient un mot pour Anatole France ,que je ne répèterai pas ... je partage peu avec les surréalistes. Passons notre chemin, chers amis.
merci, cairo, d'être finalement passé à l'acte - et au commentaire
Sans problème chère Madame, j'espère que vous me protègerez autant que le fait notre cher journal de référence le fait avec M. Marmelande.
HISTOIRE DE DIRE
Les morts se rient des conjurations enfantines de l'imaginaire des vivants, fussent-ils cairotes ou déréalistes. Dans leurs redingotes aux haillons vitrifiés, ils ne disposent d'aucun talent culturel autre que celui de la jachère, ils abandonnent volontiers les clés du savoir aux scléroses universitaires qui agitent leurs théories fantasmatiques au nez de ces béats barbons édentés qui voient bien qu'elles brûlent toutes l'une après l'autre au feu du néant. Peu leur chaut d'être battus froid ou encensés, leurs extraordinaires facultés de libre-arbitre atrophié les font vaquer le coeur léger dans d'improbables randonnées cataleptiques, à la poursuite de lapins blancs ou de fragrances de parfum comestible à la sauce caterpillar. Amis de tout un chacun, ils mirent leurs yeux veloutés dans d'énigmatiques incantations velues qui réverbèrent ce que bon leur semble à d'autres échos provisoires, fracturant le cerumen comme d'autres les coffres-forts, incendiant les ruines en herbe, offensant les conventions formalistes. Serviteurs d'on ne sait quoi, ils vont on ne sait où, dire n'importe quoi et son contraire, juste pour le plaisir d'entendre les reflets poétiques de la folie se réjouir dans les effluves du printemps. Crée des problèmes ou des dangers imaginaires qui le souhaite, ceci n'est pas de leur ressort.
"serviteurs d'on ne sait quoi, ils vont on ne sait où, dire n'importe quoi et son contraire" ... répond l'écho