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Ingrid réfléchissait. Parce que la réalité nous appâtait avec quelques péripéties, nous laissait espérer une montée en puissance et une impressionnante explosion finale, on l'envisageait vigoureuse et exubérante. On prévoyait des séparations passionnées, ouvertes sur des revirements surprenants, alors qu'on n'avait droit qu'à un théâtre d'ombres, celui des silhouettes fantomatiques des amis morts et des amours fracassées qui se dissolvaient dans le brouillard. La réalité n'était qu'une vieille chaussette qui finissait un jour ou l'autre par perdre son élasticité.

Dominique Sylvain, L’absence de l’ogre (Viviane Hamy, 2007, p. 263)

Le titre très « conte de fée » de ce roman policier est emprunté à Alphonse Allais dont la maxime : « Il y a des moments où l'absence d'ogres se fait cruellement sentir » est reprise page 89. L'absence de l'ogre est la quatrième enquête de Lola Jost, commissaire de police à la retraite qui aime le porto, les puzzles et citer les classiques et d'Ingrid Diesel, masseuse, strip-teaseuse et assez américaine pour écorcher avec beaucoup d'à-propos la langue française. Les enquêtes de ce duo improbable sont plus mélancoliques que trépidantes, assez réalistes pour que le suspense agisse, mais aussi assez fantaisistes pour confiner parfois à l’absurde.

Dominique Sylvain est née en 1957 à Thionville.
Elle vit à Tokyo et a publié sept autres romans, que je conseille.
Le site qui lui était consacré ne fonctionne plus, mais peut-être n'est-ce pas définitif.

À lire en ligne :
- un entretien de Dominique Sylvain avec Claire Simon et Thomas Flamerion pour Evene, en mai 2007
et des articles :
- Alexandra Morardet pour Arte
- Julien Védrenne pour Le littéraire
- Myosotis (qui n’aime pas) pour Fluctuat.net