salauds d'improductifs
Par cgat le samedi 28 juillet 2007, 00:10 - essais - Lien permanent
Avant d’être salarié, le travailleur était un esclave. Son maître se devait alors de le nourrir et de le loger, voire de le vêtir. Depuis qu'il n'est plus cet esclave, le travailleur se doit à son tour de se vêtir, de se nourrir et de se loger lui-même, ainsi que du faire le plein de sa bagnole écrasante ou de recharger son portable communicatif. Pour cela, à la place du fouet, le maître lui donne de l'argent. Si le maître ne lui donnait pas de l'argent, le travailleur ne travaillerait pas. On peut donc en conclure que le travailleur n'a pas besoin de travail, mais d'argent.
S'il n'y a pas d'alternative à l’argent, il en existe plusieurs au travail, du moins pour se procurer ce pourquoi on travaille. En vrac, on citera le vol, l'escroquerie, la spoliation, la prostitution, l'art, le mariage, l'héritage, Ia mendicité, le loto, la spéculation boursière, le denier des cultes, les dons caritatifs, les cotisations participatives, les détournements de fonds, les impôts (républicains ou révolutionnaires), le racket, la corruption, bref, tout ce que les hommes lucides ou non-croyants tentent de pratiquer dans le cadre de Ia loi, bien sûr. (…)
Quand on ne sait pas quoi faire de son « temps libre », il y a les loisirs, dont l'organisation est calquée sur celle du travail. À ce point que pour mettre en place ces loisirs, de plus en plus de chômeurs, licenciés pour cause de délocalisation inflexible, sont employés à cette tâche, Vous pensez d'une aubaine.
Le jour où tous les travailleurs s'amuseront en travaillant, c'est-à-dire quand tout le monde du travail sera embauché pour travailler aux loisirs, la boucle n'en sera pas bouclée pour autant, vous pouvez pour cela faire confiance à l'inépuisable imagination de l'homme. Peut-être même est-il déjà né le petit malin qui se demande ce que l'on pourrait bien faire pendant les temps morts.
Les morts : en voilà des salauds d'improductifs !
Toulouse-la-rose, Du singe au songe (Sens & Tonka, Calepin 15, 2007, p. 40-41 et p. 44)
Une réjouissante biographie mise en ligne par son éditeur précédent, Le Talus d’approche, nous apprend que « de son vrai nom Isidore Cocasse, Toulouse-la-Rose est né en 1955, quelque part dans les Basses-Pyrénées, de père et de mère inconnus des services de police » : faut-il la croire ?
Il a publié auparavant : La Véritable Biographie maspérisatrice de
Guy-Ernest Debord considérée sous ses aspects orduriers, cancaniers,
folkloriques, malveillants, nauséabonds, fielleux, et notamment vulgaires et du
manque de moyens pour y remédier (Talus d'approche, 2000)
Ignobilis Splendor (Talus d'approche, 2001)
Quel futur pour notre avenir ? Petit essai sur nos grandes
tentatives (Talus d'approche, 2002)
Pour en finir, avec Guy Debord (Talus d'approche, 2004)
Commentaires
j'aime tous ces textes sur la paresse (et le travail, du coup) que vous mettez en ligne ! pas mal le truc final sur les morts : sans compter qu'ils "prennent la place" des vivants ...
je les aime aussi et j'aime les donner à lire ... cela me procure le sentiment de résister (très modestement) à l'air du temps
Merci encore de signaler ce texte par ces temps où les heures sup deviennent un must et où les intermittents ne manifestent même plus à Avignon... à croire qu'eux aussi sont séduits par notre grand leader, à moins qu'ils (les intermittents) ne soient contents de leur nouveau statut?
Au fait Isidore Cocasse, c'est pas lui qui a écrit les "chants des malodeurs" qui fait le point sur les égouts de chiotte de nos contemporains?
joli les "chants de malodeurs" !
Isidore Cocasse me semble en effet un "vrai nom" un peu suspect, mais sait-on jamais ?
Dans le même genre (mais pas la même veine car Toulouse-la-Rose est autant un écrivain qu'un essayiste) on peut signaler l'essai _Les Nouveaux Hérétiques_ de la sociologue Mari Otxandi, paru aux éditions Gatuzain en juillet 2007. Il traite aussi des réfractaires au travail.