perceptible par toute intelligence
Par cgat le samedi 25 août 2007, 01:06 - écrivains - Lien permanent
Très peu de passerelles désormais établissent une jonction entre le post-exotisme et la littérature officielle, ce qui n'empêche pas le murmure des hétéronymes d'être audible par toute oreille : perceptible par toute intelligence.
Antoine Volodine, Le post-exotisme en dix leçons, leçon onze (Gallimard, 1998, p. 71)
Antoine Volodine, qui publie une nouvelle leçon de post-exotisme : Songes de Mevlido (Seuil, Fictions, 2007) et s'y entend dès lors qu'il s'agit de brouiller les pistes, déclare dans Le Monde :
« Personnaliser ce narrateur serait en complète contradiction avec mon projet littéraire. J'écris par délégation, je mets en scène des gens emprisonnés qui me sont proches, en essayant de m'effacer en tant qu'auteur. (…) Le post-exotisme ? Une boutade. À un journaliste qui me demandait où je me situais, j'ai répondu que j'écrivais du fantastique post-exotique, ce qui ne veut à peu près rien dire. Puis j'ai vu que l'on prenait le post-exotisme très au sérieux, que le piège se compliquait à l'infini. Je me suis servi de cette notion pour éviter de parler de « mes livres », de « mon œuvre », gommer les frontières du « je » de l'auteur, subvertir ce qui est trop évident au niveau narratif. Aujourd'hui, toutes les ficelles sont connues. On peut y couper. »
et affirme dans L’Humanité :
« J’assume cette proximité inconsciente auteur-personnage, que j’avais déjà théorisée dans le Post-exotisme en dix leçons, leçon onze, en disant qu’entre auteur et personnage il n’y avait pas l’espace d’une feuille de papier à cigarette. »
- La « rencontre » avec Michel Braudeau (Le Monde, 24
août 2007) est accompagnée d'un article, « Mevlido, greffier d'un monde agonisant »
- « Des attentats contre la lune », entretien réalisé par Alain
Nicolas (L’Humanité, 23 août 2007), est repris dans
remue.net
Quelques autres entretiens en ligne :
- « Écrire en français une littérature étrangère », Chaoïd, 6,
automne hiver 2002
- « L'humour du désastre », entretien réalisé le 27 août 2002,
La Femelle du requin, 19
- Propos recueillis par Jean-Christophe Millois, Prétexte,
21/22
- « Antoine Volodine à Prague ou Un interrogateur interrogé », Radio
Prague, 12 mai 2007
- « L'écriture, une posture militante », propos recueillis par Philippe
Savary, Le Matricule des Anges, 20, juillet-août 1997
Commentaires
Personnellement je préfère la littérature pré-endogène. Il me semble qu’on y trouve moins d’amphibologie et de janotismes, bref moins d’ambiguïtés que dans la littérature post-exotique. Les prè-endogènes utilisent bien par-ci par-là quelques holonymes ou quelques méronymes, voire même deux ou trois odonymes à l’occasion mais cela n’a pas cette prétention d’hétéronymie qu’il faut laisser à mon avis à Pessoa, qui, entre parenthèses, est le meilleur pré-endogène lusitanien.
Il est assez étonnant qu’un auteur qui écrit par délégation ne laisse pas une feuille de papier à cigarette entre lui et ses personnages. A mon avis on devrait pouvoir y mettre une grosse carotte d’herbe à Nico et sans doute une bonne balle de chanvre indien.
et des passages du dernier au fil du journal réticulaire, chez Berlol, au début du mois. Juste en apéritif
Merci, Christine et Brigetoun !
Ainsi, pour moi, s'ouvre la saison littéraire. Je vais voir s'il est arrivé à Bastia...
Joël, trêve de plaisanterie, avez-vous lu, tranquillement, Volodine ? sans essayer de faire la compétition avec qui que ce soit, Pessoa ou un autre ?
merci, berlol, de passer par ici défendre Volodine en mon absence ... même avec une connection à 40k
le livre de Volodine (il est sorti à Paris, donc sans doute aussi à Bastia) fait bien entendu partie de ceux (nombreux) que j'ai envie de lire cette rentrée, pour l'inimitable mélange de métaphysique, de tendresse, de science-fiction, de noirceur et d'humour qu'on trouve chez lui, "post-exostisme" ou pas
Je ne pensais pas que Volodine avait besoin d'être défendu. Ce n'est pas vraiment à lui que je m'en prenais d'ailleurs mais plutôt au brouillage de piste médiatique. Mais je me rends compte que ce blog est trop sérieux pour ce genre de propos.
trop sérieux ! trop sérieux ? trop sérieux ... j'ai tellement de mal à me prendre au sérieux que je ne prends pas votre remarque comme un reproche , mais comme un compliment
ceci dit c'est plutôt Berlol qui s'est montré sérieux : il me semblait bien, Joël, que votre commentaire était surtout de l'ordre de la "boutade" et du brouillage de piste
Pardon, Joël, je suis le premier a apprécier la plaisanterie mais au moment des mises en place en librairie, quand je vois les conneries que les gens se précipitent à acheter (comme le Pingeot, j'en ai vu trois partir dans les cinq minutes que j'ai passé à la librairie à Bastia) et que le Volodine n'est même pas sur la table, ça me fait de la peine et je n'ai pas envie de le voir tourné en dérision ici...
certes ... mais dans l'entretien cité, c'est Volodine lui-même qui tourne en dérision le "post-exotisme" ... et l'auto-dérision me semble être l'une des caractéristiques essentielles de son écriture
Et en cela, il a raison. D'ailleurs les éléments pseudo-théoriques qu'il avait donnés ici ou là étaient excellemment fumeux. Mais cela n'a rien à voir avec les mises en place en librairie et les articles dans la presse. Ceci dit, on peut aussi ne pas aimer.
pour te rassurer, dans les librairies de la capitale le livre de Volodine est en bonne place sur la bonne table ; j'espère que - si tu as fini par le trouver - tu ne vas pas lui faire subir l'épreuve de la "lecture tournante" !
j'étais également heureusement surprise qu'on me dise tout à l'heure chez Gibert qu'il n'y avait plus de Philippe Vasset car tous avaient été vendus : tous les gens ne se précipitent donc pas sur des "conneries" (pour reprendre tes termes)
Tu me rassures, merci ! Ici, Sarkozy est arrivé avant Volodine, mauvais signe...