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Quelqu'un me tend une fiole de whisky. Le goulot se rapproche de ma bouche. Mon corps tremble, je déglutis : c'est horrible. Dans ma tête, c'est l'explosion, je ne contrôle plus rien. Mes sens se bousculent. Je ne peux pas... je ne dois pas... Il continue sa descente au fond de ma gorge, puis dans mon œsophage en raclant les parois avec violence. Il arrive dans mon estomac, le goût devient insupportable. Je cherche de l'air à tout prix, j'ai comme l'impression de me noyer. Tout ça se passe en un éclair, mais mon cerveau ne me demande qu'une chose : surtout, je ne dois rien laisser paraître. Je souris, j'en redemande. (p. 36)

Boris Bergmann, Viens là que je te tue ma belle : Journal imaginaire (Scali, 2007)

J’ai voulu voir par moi-même si le premier roman du « plus jeune auteur de la rentrée littéraire » (c’est le bandeau qui le dit !), Boris Bergmann (né en 1992), était vraiment une « révélation » : Viens là que je te tue ma belle est le récit d'un passage initiatique de l’adolescence à l’âge adulte, à travers la découverte du rock’n’roll et de son univers d’alcool, de sexe, de baston, et autres errances très « Rose Poussière » (cité page 132) ; récit un peu agaçant parfois, qui sonne un peu faux aussi (l'impression qu'il s'agit d'une adolescence d'un autre âge) - mais original, rythmé et finalement attachant.