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La clé est là, sous la surface dérisoire du portrait dont en effet exception pourrait être faite - comme est possible le suicide - mais qui trompe et doit être dénoncé comme trompant, comme « agréable mensonge » ou comme fabula - comme fable par le cynique qui est par culture pédagogue. (…)
Et ce qui porte la bonne nouvelle doit porter sur soi, charrier quelque chose en soi de l'unité eschatologique qui travaille tout : la langue et la prosodie doivent être jappements dans le vent, résistance marquée d'une histoire des formes à la corruption aimable des formes.
Ainsi naît un Art poétique composite et formidablement cohérent, à la fois nuit du poème et essai de soustraction du poème à sa fin, agonie souverainement ignée du poétique, soubresaut, indistinction brillante de deux tropismes de l'écriture saisie à son point de fulminence majeure : celui de faire poème, de faire roman, celui de défaire poème, roman ou plus exactement celui de rendre les armes du poème, du roman à une nuit du poétique et du romanesque, à une dissolution du poème et du roman dans un paradoxal murmure jaculatoire ou aboiement long et doux ; hoquets d'un point d'orgue de voix, tels sont les écrits de Tristan comme son corps est costume cahotant promené sur la nuit.

Emmanuel Tugny, Corbière le crevant (Leo Scheer, Laureli, 2007, p. 74-75)

Emmanuel Tugny est né en 1968.

En ligne :
notice et entretiens video chez Léo Scheer
un billet de Jean-Claude Bourdais
une critique de Philippe Boisnard
et de nombreuses citations au fil des jours chez Berlol, à partir de là.