la paresse des voies ferrées
Par cgat le mardi 11 décembre 2007, 01:27 - citations - Lien permanent
« Faut-il réagir contre la paresse des voies ferrées entre deux passages de trains. »
Marcel Duchamp, « Poils et coups de pieds en tous genres », Rrose Sélavy (1939)
ci-dessus : 3 stoppages-étalon (1913) qui offrent de belles lignes de fuite ...
Commentaires
Duchamp, il avait tout compris. Quel est l'artiste qui put se prétendre plus libre que lui ? Atteint du syndrome de Bartleby, comme dit Vila-Matas, il passa sa vie à ne rien faire, ou si peu, à jouer aux échecs, certes, et malgré tout, son oeuvre est considérable. C'est ça, le génie.
laisser en paix et en paresse les voies ferrées entre deux passages de trains, ça peut permettre au moins de se coucher dessus
Je ne crois pas qu'il y ait du génie sans travail. Avec une désinvolture à l'égard du travail, oui. Au point de travailler dans la joie et dix fois plus que la moyenne.
c'est bien là le paradoxe - et tout dépend de ce que l'on entend par travail : le travail de création dont vous parlez n'est pas le travail salarié (celui qui permet de "travailler plus pour gagner plus" et qu'on veut nous faire prendre pour le seul travail) ; c'est peut-être une erreur de l'appeler "travail" (ce qui est assez récent) car aujourd'hui (à moins d'avoir hérité d'une fortune personnelle) le temps de la création (ou même celui de la réflexion, du retour sur soi) doit être conquis sur et contre celui du temps de travail (cf Perros)
Cette citation de Duchamp est une de mes préférées et c'est bien trouvé de la remettre à l'honneur, en ces temps où la "valeur travail" (contrainte et non création) est sans cesse portée au pinacle, par notre "gouvernance" politique, et présentée comme horizon indépassable de la vie.
Il est dommage que la CGT n'ait pas pensé, lors des dernières grèves, à utiliser la phrase de Marcel : mais l'humour syndicaliste est chose trop rare...
En fait, Duchamp a toujours eu un train d'avance.
tout à fait (même si je ne partage pas votre jugement définitif sur les syndicalistes!) : l'absurde de cette citation me semble très approprié pour répondre à des politiques qui nous balancent chaque jour de grotesques syllogismes pour nous expliquer ce qui est bon pour nous en nous prenant pour de parfaits imbéciles (ce qui finit par être très vexant) !