diableries médiévales
Par cgat le dimanche 10 février 2008, 00:16 - citations - Lien permanent
Sécurité
Une longue file d'hommes et de femmes, dépouillés de leurs vêtements, piétinent, refroidis et mal à l'aise, attendant de passer l'un après l'autre sous un portique de métal. De temps à autre, un grelot féroce retentit, et les malheureux sont contraints de retirer une autre pièce de leur vêtement, ceinture, montre, collier. C'est souvent le téléphone, l'alliance et les clefs qu'on leur demande de déposer. En chemise et les pieds nus, ces vaincus, ces soumis, ces sujets subjugués sont les Bourgeois de Calais d'un nouvel ordre du monde.
Mais de quel dieu du ciel, de quelle puissance ouranienne sont-ils les prisonniers ? Chacun, ayant enfin convaincu les autorités qu'il est inoffensif et désarmé, attend le geste qui, en lui redonnant son statut de citoyen, l'autorisera à remettre ses chaussures et renfiler ses vêtements. Alors sera-t-il admis à s'engouffrer dans un long boyau noir, avant qu'un grand oiseau d'argent ne le ravisse dans les airs. Ces diableries médiévales ont lieu dans le décor futuriste d'un grand aéroport.
Jean Clair, Journal atrabilaire (Gallimard, 2006, Folio, 2008, p. 138-139)
Commentaires
est-ce là aussi réactionnaire où une saine réaction? je raconterai simplement l'histoire d'un ami qui, une fois débarrassé de toute la ferraile et des ses chaussures comme un orant ( et suscitant encore la réaction du serpent qui siffle sur nos têtes), ayant dans sa poitrine des restes d'une opération, finissait par dire au vigile j'ai été opéré, là ,voulez vous que je vous montre, passait sans autre forme de procès : à quand les investigations radiologiques avant de prendre le chemin de Rome ??
non, là je trouve en effet qu'il a tout à fait raison de réagir, et toi aussi (!) : je me suis souvent dit en observant les files d'attentes dans les aéroports que tout cela était grotesque et j'aime beaucoup la façon dont il le met en évidence.