écrire n’importe quoi
Par cgat le samedi 9 février 2008, 01:14 - citations - Lien permanent
Si lire le journal est la prière de l'homme moderne, écrire un journal est un acte de foi d'un ordre supérieur. On ne se contente pas de se mettre à l'écoute des autres pour se couler paresseusement dans le flot de l'Histoire. On se met à l'écoute attentive de soi pour s'en écarter, nager à contre-courant. On parie que la vie d'un individu, si banale et monotone, si pauvre soit-elle, touche, par sa simplicité même, à l'éternité. (p. 147)
Justification, peut-être, de ce journal, cette réflexion de Julien Green : « Le secret, c’est d’écrire n’importe quoi, parce que lorsqu’on écrit n’importe quoi, on commence à dire les choses les plus importantes. » (p. 226)
Jean Clair, Journal atrabilaire (Gallimard, 2006, Folio, 2008)
Le gros homme (Big man, 2000) de la couverture est celui de Ron Mueck, sur lequel se refermait la belle exposition Mélancolie. Génie et folie en Occident (2005), conçue par Jean Clair.
Commentaires
J'aime beaucoup ce journal, qui ressemble à un blog que je connais, et qui reprend deux histoires de chats : ce chat nantais dont parle Julien Gracq et qui chaque matin prenait le tramway
pour aller se promener, ce chat vénitien qui lui prenait le vaporetto pour aller se régaler de poissons chaque matin. Un amour des transports en commun et un refus épidermique des transports par trop communs...
et après ces deux anecdotes, Jean Clair explique (dans « les chats puissants et doux ») que c'est parce qu'elle a chassé ses chats que Venise est désertée aussi par ses habitants et que la Fenice a brûlé, alors que Rome, qui les protège, embellit !... ceci dit il y a tout de même des moments où son côté bougon le rend un peu réac
Oui, il est un peu beaucoup réac, ce qui fait la limite, mais réac, c'est réactionnaire, mais c'est aussi "celui qui réagit", et l'on perçoit aujourd'hui malheureusement une lenteur à réagir inquiétante...