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Si lire le journal est la prière de l'homme moderne, écrire un journal est un acte de foi d'un ordre supérieur. On ne se contente pas de se mettre à l'écoute des autres pour se couler paresseusement dans le flot de l'Histoire. On se met à l'écoute attentive de soi pour s'en écarter, nager à contre-courant. On parie que la vie d'un individu, si banale et monotone, si pauvre soit-elle, touche, par sa simplicité même, à l'éternité. (p. 147)

Justification, peut-être, de ce journal, cette réflexion de Julien Green : « Le secret, c’est d’écrire n’importe quoi, parce que lorsqu’on écrit n’importe quoi, on commence à dire les choses les plus importantes. » (p. 226)

Jean Clair, Journal atrabilaire (Gallimard, 2006, Folio, 2008)

Le gros homme (Big man, 2000) de la couverture est celui de Ron Mueck, sur lequel se refermait la belle exposition Mélancolie. Génie et folie en Occident (2005), conçue par Jean Clair.