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La panique est contrôlée. Elle fermente à l’état de peur et d’excitation. Lorsque tout s’arrête, c’est elle que nous pouvons entr’apercevoir. Et nous l’espérons à part nous. Que la panique advienne enfin – que cela éclate, afin que nous demeurions le Maître du monde, l’unique survivant.
Le process n’a pas intérêt à la panique ; il a intérêt à la peur : fuir, identifier l’ennemi, le mettre en sûreté, fuir un peu plus loin.
L’ennemi est le fils de la reine.
Le process est une fuite. Sa perspective est une ligne de fuite, dont la direction est déterminée par des amplitudes de probabilité.
Le process connaît le risque statistique de la panique. Il a besoin de le contrôler : autrement, la perspective disparaît.
Le contrôle est la pure réponse de la technique à l’inquiétante étrangeté ; il grandit au fur et à mesure que la panique approche/que le fils de la reine approche. Le contrôle parasite le gouvernement et l’appareil législatif. Il les détruit et s’y substitue. Il prend la forme de ses serviteurs. Il est une onde, un chiffre fait chair.
Il commence à devenir visible – dans son invisibilité.
Dans son inquiétante étrangeté, le contrôle arrive.

Vincent Eggericx, Paradis Violent (publie.net, 2008)

Vincent Eggericx est né en 1971, il vit actuellement au Japon, et a publié auparavant :
- L'Hôtel de la Méduse (Verticales, 1998)
- Le Village des idiots (Denoël, 2004)
- Les Procédures (Léo Scheer, 2006)