C’est parce que les hommes ont peur de ne pas avoir d’origine qu’ils ont créé l’hypothèse
L’hypothèse, c’est ce qui permet au monde d’avoir une boucle
Parce que l’hypothèse apporte le sens
Parce que l’hypothèse légitime les lignes, les segments, les frontières, les parties et les plans
Parce que l’hypothèse est une fondation qui vient répondre au néant de l’origine

C’est parce que les 6 milliards de particuliers tournent en rond autour du monde
et que le vertige de la boucle de cette course en rond dans le crâne leur fait peur
que pour guérir leur angoisse, de ne savoir où commence la bande de moebius, ils ont posé un début et imaginé une fin (p. 36-37)

Les hypothèses sont des suspensions
Des mises entre parenthèse du rien du tout
Parce qu’un point c’est tout suffit pour construire du sens
Pour établir des lignes qui sont des traces de mouvement sur le plan du monde
Pour supporter l’angoisse du rien (p. 39)

L’hypothèse emplit le vide de l’origine et de la fin, c’est pour cela que les hommes ont de l’imagination (p. 40)

Philippe Boisnard, Atom-Z (publie.net, 2008)

Série d’ « hypothèses » sur la singularité des hommes dans le monde, ce court texte a été adapté pour le théâtre en 2007, et fait partie des « formes brèves » proposées par publie.net pour 1,3 €.

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Philippe Boisnard est né le 18 juillet 1971 à Paris

il a publié :
Dégoût en corps (Rafael de Surtis, 2000)
K (or) T(or tu(r)& (Trame Ouest, 2002)
Préface dès l’aléa : poésie (Poésie / Express, 2001)
C'est-à-dire : poésie (L'Âne qui butine, 2007)
Pancake : roman (Hermaphrodite, 2007)
Inter-action C.L.O.M. (Joël Hubaut) : essai (Le clou dans le fer, 2007)

il anime libr-critique : actualités des littératures contemporaine
et on trouve ses « vidéo poésies » ici et