numérisation totale
Par cgat le vendredi 28 mars 2008, 00:09 - mutations - Lien permanent
« Mémoire Numérique : Droit à l'oubli » :
ce débat, tout à l'heure, réunissait des participants très divers : Bernard Massip, webmestre de l’APA, Catherine Dufour,
romancière et bibliothécaire et Serge Tisseron, psychanalyste, ainsi qu'un public très actif.
De nombreuses questions ont été posées - dont ce très complet dossier préparatoire donne une idée - des inquiétudes
exprimées, des anecdotes contées, la science-fiction, la philosophie, la
psychanalyse, l’anthropologie convoquées.
Et, en sortant, le sentiment que notre tendance actuelle à tout afficher de nos vies en ligne, et la numérisation en cours de la totalité des productions de la culture humaine, vont faire de ce prodigieux réservoir de bits à la croissance exponentielle quelque chose qui dépassera l’humanité, pour le meilleur et/ou pour le pire, un saut qualitatif à propos duquel certains parlent de singularité, d'autres d'une « numérisation infinie nullifiée » virale, d’autres encore de l’avènement d’un « successeur » inhumain ; et que lorsque nous invoquons aujourd’hui notre « droit à l’oubli », en arguant que toute mémoire est fondée sur une part d’oubli, ce n'est que parce que nous raisonnons encore à l’aune de notre cerveau humain, très imparfait, et de notre condition mortelle, pour l’heure.
Commentaires
PDF "dossier complet" aussi passionnant qu'il est quasi illisible dans sa mise en page... le concept de "boîte noire" à numérisation intégrale de vie devrait plaire à PDJ...
c'est un concept qui m'avait fascinée dans des romans de Greg Egan ou autres auteurs de sf (ceux que tu refuses de lire malgré mes conseils!), mais que je ne m'attendais pas à voir débouler si vite dans la vraie vie...
est ce que ce n'est pas la volonté du cerveau humain (non sa capacité, ça c'est au niveau de l'outil) qui devrait primer.
Et est ce que cet univers de transparence et de mémoire à la fois envahissante, et sans hiérarchie ni controle, que l'on nous construit n'est pas une assez parfaite inhumanité ?
- le fait est que le dossier est désagréablement et difficilement déchifrable (et que honte j'ai renoncé en route)
je ne fais pas partie de ceux qui voudraient casser les machines et retourner vers une nature humaine depuis très longtemps disparue ; très souvent j'ai même envie que l'évolution soit beaucoup plus rapide et que l'humanité cesse d'avancer à reculons ; mais cela ne doit pas empêcher la lucidité, ni de s'aménager des lignes de fuite et des résistances ( à la transparence annoncée, à l'impossibilité de se planquer, de se contredire, de mentir, par exemple )
Au sujet de la nécessaire résistance à la transparence annoncée, lire l'essai de Max Milner "L’envers du visible, Essai sur l’ombre". Extrait (P 431-432):
« Imaginons comment pourrait se présenter, de nos jours, le mythe de la caverne. Les spectateurs, toujours enclins à prendre des vessies pour des lanternes, n’auraient guère changé, à ceci près qu’il serait inutile de leur supposer des chaînes ou quelque dispositif que ce soit pour les obliger à demeurer tournés vers les images qui leur sont présentées. La fascination qu’elles exercent y pourvoit amplement. Au surplus, enfermer ces spectateurs dans une caverne serait bien inutile. Les images sont partout : prisonniers bénévoles, nos contemporains y courent, ils s’y collent. Tout au plus peut-on imaginer une grande halle, comme un centre de contrôle de vols spatiaux, ou une monumentale régie de chaîne de télévision, avec une multitude d’écrans montant jusqu’au plafond. Et surtout pas d’obscurité ! Du mur d’images émane une scintillation colorée, éblouissante, dont on a la peine à détacher le regard.
Ces images ne sont pas des ombres, simulacres imparfaits ou franchement trompeurs d’une lointaine réalité, manipulés par de rusés thaumatopoioi. Elles hurlent de tous leurs photons : « Nous sommes le réel ! Le rayon qui frappe vos yeux est celui-là même qui émane de la chose. Nous sommes faites pour combler votre désir de voir, pour remplir à ras bord ces coupes que sont vos yeux. »
Le philosophe qui cherchera à dissiper le sortilège aura affaire à forte partie. Vers quelle source de vraie lumière invitera-t-il ces voyeurs repus à se tourner ? Il lui faudra trouver la faille, le lieu du manque, le « trou dans le flux » qui crèvera les écrans pour leur révéler, au-delà ou dans l’envers du visible dont ils se gavaient, la vérité de leur désir. Peut-être le fera-t-il en ouvrant quelque part une caverne bien sombre – et pourquoi pas en y projetant des ombres qui, même si elles prétendent parfois être les jumelles du réel, ne dissimuleront pas le secret de leur manque-à-être et auront assez de liens avec leurs songes pour porter la marque de cet ailleurs qui est en eux sans qu’ils le sachent. »
Voir également le numéro 2 (mars 2007) de la revue le diable probablement :
http://www.lediableprobablement.com...
Oui, trop d'images, trop d'images ! Certes, et leur tyrannie.
Mais l'absence d'images constitue-t-elle un gage de "vérité" ou de "réalité" ? Max s'est-il posé la question ? Et Platon ?
(Ne s'agissait-il pas plutôt de la "connaissance" ?)
merci beaucoup Guy pour la citation et le lien
... dommage que le numéro soit épuisé et pas pour autant mis en ligne !
il ne s’agit d’ailleurs pas des images seulement, Berlol, ni de la vérité (toujours ailleurs)
je mettais sous le terme « transparence » le revers terrible (pour moi en tout cas) de ces nouvelles technologies qui par ailleurs m’enthousiasment : être sommée de dire dans facebook (si je joue le jeu) où je suis et ce que je fais (moi qui adore mentir et ne pas dire la même chose à tout le monde), invitée à troquer mon blog vieux-jeu contre un lifeblog montrant ce que je fais et ce que je lis en temps réel et en vidéo (moi qui ne suis pas prête du tout du tout à parler de ma prochaine irm comme toi de ta coloscopie (erreur corrigée!)), pistée partout grâce aux puces de ma carte visa, de mon pass navigo, de mon téléphone portable (bientôt d’ailleurs implantée sous ma peau, la puce), reconnue grâce à la photo de mon iris et à la pulpe de mes dix doigts … bienvenue à gattaca cgat !
mmm moi je trouve ce débat fort intéressant mais j'envisage ça différemment
un jour l'homme pourra numériser ça conscience et même la copier ou l'effacer
il suffit juste de numériser les données contenue dans notre cerveau (en gros il faut créer le convertisseur et d'attendre un peu que l'ordinateur dépasse notre cerveau sur le plan de l'efficacité)
en faite nous ne sommes que des programmes et nos corps sont des supports biologique (mais bon il faut déjà résoudre tout les mystère du cerveau avant de rendre cela possible car sans une totale compréhension de son fonctionnement il serais de mon point de vue pas envisageable d'en arriver là)
en faite rien ne distingue réellement le monde numérique du monde dans lequel nous évoluons la seul grande différence notable est qu'il n'existe aucun objet matériel et de ce fait toute informations peut être perdue ou créée (on pourra quasiment créer tout ce que l'on imagine et pourquoi pas même créer une sorte de conscience commune)
le problème qui persiste c'est surtout de savoir si l'Homme est prés pour ça ou non, moi je pense que nous sommes proche de ça mais qu'une part de nous se refuse a accepter l'autre (nous nous considérons comme unique et même sur internet nous avons tendance a nous créer notre propre sphère au lieu de nous immerger et dire tout ce que l'on pense tout en considérant l'autre.... pourtant c'est là le meilleur moyen d'apprendre d'autrui mais bon!
en plus n'oublions pas que certaines personnes on certain problèmes mentaux (on pourrais apparenter ça a des défaillance dans la constitution de leur cerveau cela présente donc un risque de numériser certaine personne?... enfin bref je parle je parle mais cette idée me trotte dans la tête depuis un an)
a souligner que certaines de nos pulsions disparaisse si nous nous détachons de notre corps (ainsi l'envie de manger n'existe plus par exemple)
en gros c'est un monde dématérialisé sans argent, drogues ect
pour moi le seul risque c'est que nous tentions de nous entretuer pour préserver notre identité (mais bon si ça se passe progressivement personne ne s'en rendra compte) ou alors que chacun s'isole dans son propre monde inventé de toute pièces par lui (un moyen comme un autre de se faire dieu?)
enfin ça reste un excellent moyen d'accéder à la totalité des connaissances que nous avons accumulé ainsi qu'un moyen de dépasser notre état actuelle qui est limité par le support que nous utilisons (le corps)
désolé pour les fautes et les erreurs de syntaxes je suis allé assez vite pour rédiger tout ça (j'aurais du prendre mon temps sur un logiciel de traitement de textes avant ^^ et me documenter... quoique je suis contre la documentation sur ce sujet... je me contente de prendre des idées et de les changer plutôt que de me limiter a certaines visions des choses)