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Dès sa naissance, Louis Lanher place la barre très haut. Sorti du ventre de sa mère le 6 novembre 1976 à 7h30, il est d'emblée pourvu du signe astrologique le plus puissant : Scorpion ascendant Scorpion. Double dose de créativité et de sexualité, un avenir héroïque s'ouvre à lui. S'il était Vierge ascendant Poisson ou Verseau ascendant Capricorne, croyez bien que Louis Lanher ne se permettrait pas de publier une autobiographie. Comme le reste de l'humanité, il serait boulanger ou expert-comptable. Mais les astres en ont décidé autrement.
Ce 6 novembre 1976, Louis Lanher est déjà très beau. Ses trois kilos huit cent cinquante résonnent dans la maternité. On lui apporte un sein, des biberons, une bavette, Louis Lanher n'en a que faire. Il tend ses grosses paluches vers le décolleté de l'infirmière et lui emprunte son stylo. D'instinct, il rédige sur-le-champ la première phrase de cette autobiographie : « Je m'appelle Louis Lanher. » Accrocheuse, minimaliste, parfaitement envoyée, cette entame relègue aux oubliettes le reste de la production littéraire contemporaine. L'Auteur est né.
Ne lui reste plus qu'à dérouler. (p. 13)

Un romancier est avant tout un sportif de haut niveau. Il en faut de l'entraînement pour se lever tous les matins à 14 h 30, traverser fièrement son pâté de maisons jusqu'à la maison de la presse, acheter sans hésitation le magazine du jour (lundi : Voici, mardi : Les Inrocks, mercredi : VSD, jeudi : Le Nouvel Obs, vendredi : RTT-décompression, samedi : Le Monde 2, dimanche : Le journal du dimanche, si, si), choisir une terrasse de café orientée sud-ouest, décortiquer toutes ces sources d'inspiration universelle, puis, exténué, repu, empli d'un sentiment inégalable de devoir accompli, rentrer chez soi pour écrire toute la nuit un début de nouveau roman fortement inspiré par les photos de vacances de Claire Chazal.
Il est 18 h 30, un chef d'oeuvre est sur le point de naître, je le sens picoter au bout de mes doigts comme un bouton d'herpès qui refuserait de sortir (c'est aussi ça la force du romancier, trouver des métaphores vraiment classe).
Il est 18 h 31 donc, j'ouvre fébrilement mon ordinateur portable, caresse la souris d'un doigt humide (le romancier se lave toujours les mains après être allé aux toilettes), et remonte le long des icônes jusqu'au point G. Google. Je dois trouver des noms de plages, des parfums de beignets, des marques de bikini, des formules de crèmes solaires qui pénètrent bien la peau, de quoi placer le décor de ma page 1 que j'intitule sobrement : La Possibilité d'une île de sable ou Plateforme à marée basse. J'aime les noms qui claquent, surtout quand c'est moi qui les invente. (p. 119-120)

Louis Lanher, Ma vie avec Louis Lanher : nouvelles (Au Diable Vauvert, 2008)

Louis Lanher est né en 1977, mais, comme son narrateur, Il « passe à la télé » ; il a publié :
- Microclimat (Au Diable Vauvert, 2002)
- Un pur roman (Au Diable Vauvert, 2004)

On peut lire en ligne les avis de :
- Thomas Clément
- Frédéric Vignale
- ActuaLitté