la destruction de mon intérieur
Par cgat le dimanche 14 septembre 2008, 00:11 - écrivains - Lien permanent
Je viens de déménager encore une fois, encore une fois je suis séparée de mon lieu, après avoir organisé la destruction de mon intérieur que constitue un déménagement. Symptomatiquement on ne retrouve rien, c'est prémonitoire de la réalisation qu'on ne retrouvera rien, effectivement, de ce qui nous a contenu, que le temps, le hasard et la chance avaient permis d'agencer, le croisement que les objets font entre eux et qui, maintenant ruiné, ne se reconstituera pas. On le réalise en regardant atterré les premiers coups de pioche qu'on met dedans, cela avec la fureur des assassins, ouvrant et scotchant des cartons et prenant à pleine main cette harmonie pour la désarticuler. On réalise en ouvrant ses colis qu'il n'y est plus, l'endroit qu'on aimait, et quelque raboutage qu'on organise, il n'y sera plus, et il faudra à nouveau tout ce temps, ce hasard, cette disponibilité à la chance, pour que quelque chose se refasse du bonheur intérieur.
(...)
Ressortaient des cartons ce qui était des objets, c’est-à-dire rien. (Et les livres, les transporte-t-on avec leur ivresse ?)
Jane Sautière, Nullipare (Verticales, 2008, p. 33 et p. 36)
Commentaires
épatant - elle écrit pour moi (pour nous ?)
Déménager est une épreuve.Cela interrompt l'histoire et cela a quelque chose d'un "manque" mais en même temps cela fait naitre un objet nouveau... "un bonheur intérieur" tout dépend de la volonté qu'on a d'y arriver...
à la fête de l'huma, rangés par ordre alphabétique auteurs, j'étais proche voisine de Jane Sautière, je lui ai dit qu'on parlait d'elle ici et j'ai acheté son livre (de l'autre côté était Morgan Sportès, avec qui conversation Billancourt facile), heureuse aussi de rencontrer PhA qui passe souvent par ici
Et c'est d'ailleurs ici que m'est venue l'envie de vous lire, ms - merci encore une fois aux Lignes de fuite. Bien heureux d'avoir eu l'occasion de vous dire en face mon plaisir de lecteur.
cela me fait toujours plaisir, quand je m'éloigne un peu de mon écran pour le week-end, de vous retrouver en rentrant discutant ici sagement entre vous ... et si en plus on a parlé de moi à la fête de l'huma, vous m'en voyez ravie