d’avoir à continuer, on est ému
Par cgat le lundi 10 novembre 2008, 01:33 - écrivains - Lien permanent
Acceptant le don d’une vie réduite au geste de verser chaque jour dans le suivant. Aspirant au simple bouleversement d’humeur. Pousser une petite charogne sur le bord du chemin occupe un instant. Ce n’est plus à la fin ni plumes ni poils, mais une sombre manne en vain répandue. La terre, en dessous, est maintenue dans un étrange état, comme seule en peut donner l’idée une macération d’esprit dans un objet. Souverain séjour où tout s’accomplit. Rien ne diffère plus, et des tomberaux lointains défilent avec lenteur devant une paroi d’arbres auxquels s’appuie l’horizon. D’avoir à continuer, on est ému d’une émotion violente. (fragment VI, p. 8)
Billes tendres, poudreuses. Lancées loin devant, avec ferveur et fermeté. Pas comme à présent, pas comme on se déleste d’un trop-plein de paume ou d’on ne sait quoi dans la main. Ce mouvement calculé du bras, ce n’était encore l’aveu de rien. Il laissait aller, depuis la main jusqu’à l’épaule, toute la masse engagée. Il n’essayait pas de reprendre en achevant. L’instant d’après, celui qui le précédait même n’étaient pas de trop, on n’avait de semence en rien. Ni de ce temps projeté dans l’objet du jeu auquel l’âge, ou le sentiment de l’excès, vient mettre un terme. (fragment VIII, p. 10)
Dominique Quélen, Le temps est un grand maigre (Wigwam, 2007 ; publie.net, 2008)
Dominique
Quélen est né en 1962 à Paris, et enseigne à Lille.
Il a écrit des livrets pour Aurélien Dumont et publié :
- Bas morceaux (Møtus, 1992)
- Vies brèves (Rafael de Surtis, 1999)
- Petites formes (Apogée, 2003)
- Sports (Apogée, 2005)
- Le Temps est un grand maigre (Wigwam, 2007 ; publie.net,
2008)
- Comme quoi (L'Act Mem, 2008)
::: « Loque »
(remue.net)
::: « Villa des
morts »
::: « Câble à âmes
multiples »
::: notices Eulalie et
Poezibao
Commentaires
Oh, oui, l'écriture de Dominique Quélen !
Et l'entendre lire ses textes est également une expérience esthétique.
Oh, oui, formidable, bien, magnifique !
engrangé, plaisir à venir donc
Merci à vous de donner un peu de publicité à ce minuscule volume... Et à Alain de ses éloges légèrement excessifs ! (Accessoirement, dans le VI, ligne 6, une petite coquille : "l'idée une macération")
J'ai fait pas mal de découvertes - mon inculture étant encyclopédique - parmi les ouvrages que vous présentez inlassablement.
merci beaucoup ! ... je suis désolée pour la coquille, qui est corrigée
à ma décharge (?), j'avais copié-collé cet extrait-là sur le site de votre éditeur :
http://www.publie.net/tnc/spip.php?...
où la coquille figure encore (il va falloir faire quelque chose, François)
Ah, ce n'est pas grave, et François se démultiplie tellement en une si titanesque pléthore d'activités, me semble-t-il, qu'il en est balzacien - c'est à croire qu'ils sont plusieurs...
ils sont plusieurs et partout à la fois ... c'est un fait !