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Acceptant le don d’une vie réduite au geste de verser chaque jour dans le suivant. Aspirant au simple bouleversement d’humeur. Pousser une petite charogne sur le bord du chemin occupe un instant. Ce n’est plus à la fin ni plumes ni poils, mais une sombre manne en vain répandue. La terre, en dessous, est maintenue dans un étrange état, comme seule en peut donner l’idée une macération d’esprit dans un objet. Souverain séjour où tout s’accomplit. Rien ne diffère plus, et des tomberaux lointains défilent avec lenteur devant une paroi d’arbres auxquels s’appuie l’horizon. D’avoir à continuer, on est ému d’une émotion violente. (fragment VI, p. 8)

Billes tendres, poudreuses. Lancées loin devant, avec ferveur et fermeté. Pas comme à présent, pas comme on se déleste d’un trop-plein de paume ou d’on ne sait quoi dans la main. Ce mouvement calculé du bras, ce n’était encore l’aveu de rien. Il laissait aller, depuis la main jusqu’à l’épaule, toute la masse engagée. Il n’essayait pas de reprendre en achevant. L’instant d’après, celui qui le précédait même n’étaient pas de trop, on n’avait de semence en rien. Ni de ce temps projeté dans l’objet du jeu auquel l’âge, ou le sentiment de l’excès, vient mettre un terme. (fragment VIII, p. 10)

Dominique Quélen, Le temps est un grand maigre (Wigwam, 2007 ; publie.net, 2008)

Dominique Quélen est né en 1962 à Paris, et enseigne à Lille.
Il a écrit des livrets pour Aurélien Dumont et publié :
- Bas morceaux (Møtus, 1992)
- Vies brèves (Rafael de Surtis, 1999)
- Petites formes (Apogée, 2003)
- Sports (Apogée, 2005)
- Le Temps est un grand maigre (Wigwam, 2007 ; publie.net, 2008)
- Comme quoi (L'Act Mem, 2008)

::: « Loque » (remue.net)
::: « Villa des morts »
::: « Câble à âmes multiples »
::: notices Eulalie et Poezibao