Dans le livre posthume de Daniel Oster, je lis : « On finit parfois par ne plus comprendre de quoi il s'agit dans le système littérature. C'est quoi ? De quoi ça parle ? C'est à quel sujet ? Qui c'est qui cause ? Qu'est-ce que tout ça peut bien nous faire ? »
De ce questionnement éperdu, de ce déboussolage, peut-être de la mort de Daniel Oster, Flaubert est coupable. Finis, les jeux savants et subtils. Maintenant il nous faut le texte absolu, la vérité en littérature, le texte qui tue, la prose parfaite, tout cela profère derrière le masque de bois. La littérature nécessaire, comme le sont la mort, le travail, les larmes. De quel droit nous contraindre à cela ? Nous ne travaillerons jamais. Nous n'écrirons pas. Nous ne savons plus pleurer. Mourir, nous le voulons bien.

Pierre Michon, Corps du roi (Verdier, 2002, p. 28)