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M. Barack Obama est le résultat à peu près miraculeux, mais si vivant, d’un processus dont les diverses opinions publiques et les consciences du monde ont jusqu’ici refusé de tenir compte : la créolisation des sociétés modernes, qui s’oppose aux traditionnelles poussées de l’exclusive ethnique, raciale, religieuse et étatique des communautés actuellement connues dans le monde. (…)

Aujourd’hui, en France comme en beaucoup de pays favorisés, chacun cherche son Nègre, les administrations arborent des préfets, les télévisions chargent leurs plateaux et les gradins de leurs forums de ces spécimens devenus (pour un temps) très précieux, et bientôt les partis politiques exhiberont sans doute leurs oriflammes en « diversité » (…) Nous n’avons pas à dresser face aux racismes un contre-racisme ou un modèle de vertueuse racialisation, nous les invalidons par la fréquentation d’un autre imaginaire : un imaginaire du pur chatoiement des différences, de leurs chocs, de leurs oppositions, et de leurs alliances pour commencer. (...)

La puissance vit dans l’éclat du lien, dans ce qui lie, rallie, relie, relaye ces possibles, individus et mondes. (…) Puissance est Relation. C’est dire que toute-puissance se trouve du côté de la vie, des plénitudes de la beauté. C’est dire aussi que toute beauté est Relation.

Patrick Chamoiseau et Édouard Glissant, L’intraitable beauté du monde, adresse à Barack Obama (Galaade Éditions et l’Institut du Tout-Monde, 2008)

::: voir aussi, des mêmes, Quand les murs tombent ; l'identité nationale hors-la-loi ? (2007) dont on peut lire des extraits ici