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Parce que le vivant depuis le tout début du premier jour de la première cellule
bouge. Le vivant se transforme ne reste pas dans le même état - quand il ne bouge plus : il est mort. Foule de formes très vivantes aujourd'hui ici - bêtes arbres algues fleurs et certaines humaines mais ressemblent pourtant parfois à très très mortes. Des raisons, oui, ou simplement car nous figés engourdis englués finalement inanimés dans par exemple des simplicités comme rancunes ou habitudes. Et dommage, parce que plus longtemps on est figé plus dur après de bouger (je crois). La métaphore du sport et des courbatures éventuellement (question de la souplesse, craquements raideurs etc.).
Bouger : pas remuer les bras les jambes ni courir à toute allure ni gesticuler dans tous les sens. Non. je voudrais dire bouger, ne pas rester à la même place pour regarder dehors (ou dedans). Pas quand je décide tiens je vais bouger ce sera dur mais allons-y. Non. Bougé(e)(s) - accepter d'être. Plutôt (on ne sait pas quand). Des ci-dessous concrets pour illustrer, allez. (p. 9)

Cette année c'est tard peut-être mais mieux vaut tard n'est-ce pas - cette année donc je réalise combien je souvent régulièrement et pour pas grand-chose franchement : culpabilise. Très forte j'interprète j'analyse j'établis des scénarios plausibles et vraisemblables je trouve mille bonnes raisons au bout du compte j'ai réussi je me sens tout à fait entièrement totalement : coupable.
Un jour mariage, les mariés proches et la campagne on fait tout simple et ce qu'on veut, sourires vin rouge sous le soleil. Journée avec des amis chers anciens voisins. Joyeuse d'être avec eux mais pensée grignotante dans la tête et persistante « tu n'as pas honte tu devrais faire connaissance avec des autres inconnus ». Diable d'où vient ce tu devrais ? Bien des idées, oui mais. On a beau dire se rendre compte prendre conscience (ça fait du mieux certainement). Par exemple une de ces choses réalisée, ma foutue propension à une sorte de perfection (le mot sainteté et puis quoi encore). Que personne n'ait pour moi des reproches. Mais très curieux curieusement je fais l'inverse très souvent de justement ce qu'il faudrait. (p. 23)

Albane Gellé, bougé(e) (Seuil, Déplacements, 2009)

Albane Gellé est née en 1971 à Guérande, et a publié :
- À partir d’un doute (Voie Publique, 1993)
- Hors du Bocal (Le Chat qui Tousse, 1997)
- En toutes circonstances (Le dé bleu, 2001)
- De père en fille (Le Chat qui Tousse, 2001)
- L’air Libre (Le dé bleu, 2002)
- Un bruit de verre en elle (Inventaire/Invention, 2002)
- Aucun silence bien sûr (Le dé bleu, 2002)
- Quelques (Inventaire/Invention, 2004)
- Je te nous aime (Cheyne, 2004)
- Je, cheval (Jacques Brémond, 2006)

::: un premier état de bougé(e) (Inventaire/Invention)

::: remue.net
::: poezibao
::: Printemps des poètes
::: un entretien avec Alexandra Morardet (Arte, février 2006)