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Un livre ne commence pas – absence de commencement, une écriture sans début ni fin. Livre déjà commencé, déjà commencé d’être écrit. Non dans l’existence de l’écrivain, ses expériences, son enfance heureuse ou malheureuse, ses pensées, bêtes ou géniales, mais dans quelque chose en lui, un ailleurs à travers lui ouvert à l’absence de commencement, ouverture sans bord, illimitée – qui ne serait que cela, ouverture, vide désert, béance sans lieu, sans espace. Et, pas davantage, l’origine ne serait dans la langue ou le langage, dans des idées ou la culture ou... Personne n’écrit : ce qui écrit est personne, ce qui écrit est rien. Un livre ne se limite pas aux petites frontières de quelques pages rassemblées, selon la représentation commune qui retrouve dans le volume du livre les caractères les plus éculés de la subjectivité. Le livre dérive, fait de dérives, et d’un inconscient, l’écriture : suite mobile de bifurcations, dérives, rhizomes – infiniment.

Jean-Philippe Cazier, Le silence du monde (publie.net, 2009, p. 78)

::: et aujourd’hui sur publie.net un troisième livre de Jean-Philippe Cazier ! un essai très dense, sur l'expérience de la lecture notamment, composé de fragments, nourri de nombreuses références et citations, que je télécharge pour y revenir à loisir.