les livres que l'on n'a pas lu
Par cgat le lundi 8 janvier 2007, 00:02 - essais - Lien permanent
S'agissant de lecture, voici un livre dont je peux en toute bonne conscience parler sans l'avoir (encore) lu : Pierre Bayard, dont j'ai beaucoup aimé les précédents essais, qui regorgent de surprises, de romanesque et de paradoxes (Comment améliorer les œuvres ratées ? (Minuit, 2000), Peut-on appliquer la littérature à la psychanalyse ? (Minuit, 2004), Demain est écrit (Minuit, 2005)), publie Comment parler des livres que l'on n'a pas lus ? (Minuit, 2007).
Livres Hebdo (n° 671, 5 janvier 2007), propose (pas en ligne malheureusement) un entretien avec Jean-Maurice de Montremy où Pierre Bayard décrit la « non-lecture » comme une des clés de la lecture, effleure les concepts alléchants de « bibliothèque collective », de « livre-écran » et de « livre intérieur » et affirme qu' « un critique éprouvé se distingue, en effet, du tout venant par sa maîtrise de la non-lecture. (…) La véritable critique est, en fin de compte, la création d'un autre livre. »
Il nous offre également deux citations d'oscar Wilde : « Je ne lis
jamais un livre dont je dois écrire la critique : on se laisse tellement
influencer. »
et de Robert Musil : « Le secret de tout bon bibliothécaire est de ne
jamais lire, de toute la littérature qui lui est confiée, que les titres et la
table des matières. »
Je vais sans doute lire ce livre : jamais, décidément, je ne serais une bonne critique (tant mieux) ni une bonne bibliothécaire (plus gênant, ça!).
Commentaires
Très drôle ! Je vais sûrement l'acheter. Le lire, c'est moins sûr... mais j'aime bien les contrepieds.
Autre amateur de contrepieds, Arthur Schopenhauer : " L'Art de ne pas lire est très important.Il consiste à ne pas s'intéresser à tout ce qui attire l'attention du grand public à un moment donné..." Mais aussi "Seul celui qui tire ses écrits directement de son cerveau mérite d'être lu." La cohabitation des deux me laisse toutefois perplexe...(Merci à Simon Leys pour la cueillette) . Je conseillerais volontiers pour compléter "Tout le monde devrait écrire" de Georges Picard http://www.jose-corti.fr/titresfran... . En nos temps où les proverbes chinois abondent sur les ondes, et ce n'est pas terminé, cela me semble salutaire.
jolies citations de Schopenhauer, mais à moins d'être une machine totalement célibataire (sort peu enviable comme tu l'écrivais fort justement) tirer ses écrits directement de son cerveau ne veut pas dire grand chose aujourd'hui, tant nos cerveaux sont colonisés par des myriades de discours partagés et d'influences diverses, qu'on les nomme "mèmes" ou pas
quand à Georges Picard, je conseille aussi, j'en avais d'ailleurs parlé jadis : http://blog.lignesdefuite.fr/post/2...
Je ne voulais pas dire que j'approuvais Arthur, ni Marcel lorsqu'il s'enferme trop longtemps entre ses murs de liège et désolé d'avoir raté le début donc je te répète ....
ce n'est pas grave les bons livres méritent d'être conseillés souvent et je répète moi-même beaucoup ce que d'autres ont déjà dit !
... et puisque tu parles de proverbes chinois, j'ai trouvé celui-ci, que je trouve joli et tout à fait de circonstance : "La rose n'a d'épines que pour qui veut la cueillir." (http://www.chine-informations.com/m...)
Je me souviens aussi d'une note de FB sur tierslivre.net il y a quelques mois (cet automne ?), à propos des livres qu'on a chez soi, qu'on n'a pas lu, mais auquels on tient plus que tout... Dommage, je n'ai pas retrouvé la note.
Quant à Picard, moi j'ai lu aussi son "Tout le monde...", mais je n'ai pas été convaincu. Sans doute quand même un peu, puisque j'ai été au bout du bouquin, mais deux choses me contrariaient assez fortement : d'une part, le niveau du propos, qui en reste globalement à des considérations "de bon sens", pas toujours inutiles à redire, mais sans plus ; d'autre part, la facture même de son écriture, langue trop plate et pas assez "littéraire" à mon goût. Bref, sentiments assez partagés, même si je ne vais pas jusqu'à déconseiller ce livre.
vous avez raison sur le diagnostic : ne pas s'interdire les considérations simples et "de bon sens" est aussi ce qui fait le charme des livres de Georges Picard, reposants parmi tant d'essais qui recherchent à tout prix l'originalité ... mais je comprends que cela puisse agacer
quant au tiers livre ... il est tellement riche et mouvant qu'il faut absolument le suivre en rss pour ne rien rater et créer des liens si on veut y retrouver quelque chose plus tard