ce dont tremble un enfant
Par cgat le jeudi 28 juin 2007, 00:22 - écrivains - Lien permanent
Si par hasard vous croisez, n'importe où dans le monde - à l'aéroport de Chicago par exemple, les flics y sont très gentils avec les enfants, ils leur donnent toujours des badges amusants -, une petite fille vêtue de noir coiffée d'un béret, un attaché-case à ses pieds, et qui lit avec intensité, en suçant son pouce ou en buvant du jus de tomate avec une paille, le Traité du désespoir de Kierkegaard, il y a pas mal de chances pour que ce soit Unica.
Et si elle vous regarde droit dans les yeux, en murmurant : Ce dont tremble un enfant, pour l'adulte n'est rien. L'enfant ne sait ce qu'est l'horrible, l'homme le sait, et il en tremble. Le défaut de l'enfance, c'est d'abord de ne pas connaître l'horrible, et en second lieu, suite à son ignorance, de trembler de ce qui n'est pas à craindre.
Éloignez-vous au plus vite...Elise Fontenaille, Unica (Stock, 2007, p. 11)
Ce court roman, qui est à la fois (et donc n’est pas vraiment) un thriller d’anticipation, une fable sur les tabous de notre époque et une histoire d’amour impossible entre Herb, ancien hacker qui traque les pédophiles sur internet, et Unica, la petite fille aux cheveux blancs qui ne peut pas vieillir, exerce une étrange séduction.
Née à Nancy, en 1960, Élise Fontenaille est l’auteur de cinq autres
romans :
La gommeuse (Grasset, 1997)
Le Palais de la femme (Grasset, 1999)
Demain les filles on va tuer papa (Grasset, 2001)
L'enfant rouge (Grasset, 2002)
Brûlements (Grasset, 2005)
Commentaires
Certes, nos goûts ne regardent que nous et vous êtes ici chez vous. Cependant, je ne crois pas que vous ayez lu ce livre. Vous ne nous le proposeriez pas à côté d'autres si intéressants. L'hypra-merde commerciale (au reste, ça ne marche pas) peut-elle contaminer ce que vous aidez si souvent à faire exister sur vos pages ? Oui. D'ailleurs, on sait que les Amélie Nothomb, A. Jardin, qui encore ? publient à tour de bras.
Hacker, pédophile, tabous de notre époque, petite fille aux cheveux blancs qui ne peut pas vieillir !!! On rêve. On a beau savoir qu'il n'y a pas de sujets qui ne puissent être choisis mais bon! Surtout ne lisez pas ce ramassis de poncifs merdeux.
S'il vous plaît, proposez-nous encore des Cécile Mainardi et sa blondeur, Isabelle Zribi, Claude Simon, Montaigne.
N.B.:
Il faut remplacer les nous par des je.
Je me suis réfugié derrière cette bannière pour faire nombre évidemment et chercher quelque étai mais ce jugement ne regarde que moi.
la réaction d'Alain me fait rire ce matin ! elle me fait du bien ! Et je partage son avis sur ce livre, avis très personnel aussi, bien sûr. Je précise que j'aime beaucoup ce que vous nous proposez à lire ici.
Je ne suis pas d'accord avec vous, Alain, et vous nobody (Ulysse), je trouve que le court résumé d'Unica donne envie de lire, et puis le Traité du désespoir est un si beau livre.
Remarquez, de l'autre côté, on nous passe en ce moment du Sylvie Germain.
Je crois que je vais aller boire.
merci brigetoun pour le renfort
vous me voyez désolée, alain et nobody, que mon choix d'hier ne vous plaise pas, mais je l'assume totalement
oui j'ai lu - et j'ai aimé lire - ce livre (sinon je n'en parlerais pas ici)
j'espère d'ailleurs, Alain, que vous l'avez lu aussi pour vous permettre d'énoncer des jugements aussi définitifs ?
si ce blog s'appelle lignes de fuite c'est (entre autres choses) parce j'entends m'y autoriser à ne pas faire trop de concessions à la pensée littéraire unique
j'ai en effet toujours été agaçée par tous ceux (légions, tout au long de mon parcours, à l'université, à normale sup', chez les conservateurs de bibliothèque, dans les dîners en ville et même dans l'internet littéraire !) qui décident ce qui est digne d'être lu et ce qui ne l'est pas et rangent les écrivains dans de petites cases hermétiques
je m'autorise pour ma part à lire tous les livres (c'est juste le temps qui manque parfois!) si j'en ai envie, toutes sortes de livres, pour différentes raisons, selon l’humeur du moment, pour leur écriture, pour leur propos, pour les réflexions qu'ils engendrent, même parfois juste pour passer le temps
il me semble que c'est la meilleure façon de s'aérer les neurones et de s'autoriser de vraies découvertes
si les thèmes qui semblent vous faire fuir, Alain, m'attirent plutôt, c'est peut-être que j'aime beaucoup lire de la science-fiction ; c'est d'ailleurs à la suite de la lecture d'un article très élogieux de Philippe Curval (grand auteur de sf) que j'ai eu envie de lire Unica ; les lecteurs de sf sont (comme vous!) facilement indignés à l’idée qu’on puisse lire autre chose que leurs collections favorites, et réservées (!)
quand à la "contamination" que vous craignez, je préfère en rire :
peut-être faudrait-il créer un ministère de l'"identité littéraire" pour éviter que n'importe qui soit autoriser à publier, et organiser des reconduites à la frontière (il y aurait de quoi remplir les charters !)
Ça y est, là, j'en ai soupé, du Magnus...
en fait, tu as peur de te faire gronder pour tes mauvaises lectures ou accuser d'incitation à la boisson !
Sylvie Germain est un cas étrange : je me souviens d'avoir beaucoup aimé ses trois premiers livres, mais les suivants me sont tombés des mains et je n'ai pas essayé les derniers - est-ce que c'est son écriture qui a changé ou mon goût littéraire ?
Non, non, je ne suis pas d'accord du tout. Non, non, non, d'abord, vous n'avez pas lu ce livre. Et moi non plus.
J'argumenterai plus tard, il faut que j'aille travailler.
je ne suis pas pour le "littérairement correct" non plus. Rien n'est indigne d'être lu en soi (a priori je veux dire). J'aime aussi la SF. Je trouve ça sain et vivifiant que les textes ici proposés suscitent la discussion, qu'il puisse y avoir désaccord.
Démonstration de la citation de Queneau d'hier je crois : "On ne se fait (presque) jamais entièrement comprendre et l’on ne comprend (presque) jamais entièrement un autre esprit. La discussion est donc (presque) toujours inutile."
Belle démonstration aujourd'hui.
Courage et surtout ne cherchez pas à vous justifier, ni l'un ni l'autre!
Et surtout aussi, continuez, chère Christine, de nous dire ce que vous aimez...Vous proposez, vos lecteurs disposent...C'est comme dans l'Art non ?
"Un postulat implicite de notre culture est qu'il est nécessaire d'avoir lu un livre pour en parler avec un peu de précision. Or, d'après mon expérience, il est tout à fait possible de tenir une conversation passionnante à propos d'un livre que l'on n'a pas lu, y compris, et peut-être surtout, avec quelqu'un qui ne l'a pas lu non plus." (Pierre Bayard, Comment parler des livres que l'on n'a pas lus ?, p.14)
Je reprendrai sur ce thème ce soir. Chez moi, pardon. Vous verrez.
vous avez tout à fait raison jcb, de rappeler cette citation de Queneau : voilà qui va vous conforter dans votre refus des commentaires dans les blogs !
ceci dit, même si je suis entièrement d'accord avec Queneau, j'aime assez argumenter ainsi, tant que l'échange demeure "sain et vivifiant" comme l'écrit nobody et comme c'est ici le cas : il ne s'agit absolument pas de me justifier, ni même d'essayer de convaincre, plutôt du plaisir de réfléchir et de mettre en forme mes arguments
j'en profite pour vous remercier pour votre dernier billet
http://www.jcbourdais.net/journal/2...
qui m'a fait beaucoup rire
et donc, alain, merci pour la contradiction ! n'argumentez que si vous en avez envie : même si je ne le partage pas je crois que je comprends votre point de vue
Non, non, pas du tout. Je suis contre. Je lis contre. Les livres que j'achète je les achète contre d'autres que je n'achèterai jamais et sur lesquels je vomis. J'aime des auteurs contre d'autres auteurs. J'aime ceux qui aiment ce que j'aime, j'ai du mal avec les autres. J'ai du mal avec ceux qui infléchissent mes arguments creux. J'aime avoir du mal jusqu'à un certain point. Par ailleurs, ne me dérange pas d'avoir tort.
Christine, j'adore votre site et vous adore à travers vos choix, mais pas ce dernier. Je ne viendrais pas ici la ramener si je ne m'y sentais en terrain ami et si je ne vous sentais compréhensive à mon endroit. Vous aurez compris que je ne vous demande ni de vous justifier ni d'avoir du courage.
Quant au mot de Brigetoun, c'est moi qui l'ai écrit!
ce n'était pas vraiment le sujet, mais je suis tout à fait d'accord aussi avec Bayard cité par Berlol, que je ne peux qu'autoriser (a posteriori) à faire ici de la publicité pour son prochain billet (je taquine!)
alain, pas de problème, soyez contre et dites le ici tant que vous voulez
(je suis aussi assez facilement contre beaucoup de choses dans la vraie vie, mais je me rends compte qu'en littérature, où en art, je suis plus facilement pour)
je laisse brigetoun protester si elle le souhaite contre cette usurpation de son identité pseudonymique (que je me permets de signaler)
quant au "courage" je préfère qu'on ne m'en demande pas : c'est une notion qui m'est assez étrangère !
de telles réactions donnent envie de lire cette auteure pour se faire un avis, et me donnent envie aussi d'ajouter un commentaire
je n'aime ni les cases ni les hierarchies et je suis d'accord avec toi cgat
moi j'aime tout ce qui me fait rêver, même pas longtemps...
Bon, alors, je continue.
Ces livres sont des dégueulasseries, qui ne résistent pas deux minutes à quelque lecture et pour lesquels les journaux, la télé et internet maintenant (mais pas ici) ouvrent des boulevards et que les gens avalent. Ces livres sont la plaie. Ces livres, et leurs auteurs, veulent tuer et retuer ce qui avance à l'écart. Ces livres sont le "littérairement correct", ils forment votre "ministère de l'identité littéraire".
Je ne dis pas que c'est bon ou mauvais, je dis que c'est de l'hypra-merde, au-delà du jugement, puisque c'est ce que le lecteur demande, comme s'il demandait quelque chose.
Je suis pour la petite surface.
j'entends le raisonnement, alain, mais le problème avec le "littérairement correct" c'est que chacun a le sien ... pour certains écrivains aujourd'hui le simple fait de se commettre à publier, surtout si c'est chez un éditeur connu, c'est déjà pactiser avec la littérature "commerciale"
bienvenue mfe et merci !
(j'espère que cette fois c'est bien la vraie et n'ose pas, dans le doute, en dire trop ?!...)
Oui, Christine.
Bravo, Alain, pour cette vigueur dans l'expression ! (et cette rigueur dans les idées). Et merci pour le petit signe adventice à l'égard d'Isabelle...