le bonheur de ce monde
Par cgat le lundi 2 juillet 2007, 01:08 - citations - Lien permanent
Découvert par ricochet dans une des œuvres de Daniel Spoerri, une composition intitulée également « Le bonheur de ce monde » (1960-1971), en forme d’horrible maison de poupée remplie de pièges à rats, parmi lesquels est affiché ce poème, un sonnet de Christophe Plantin (1514-1589), surtout connu comme imprimeur et typographe :
Le bonheur de ce monde
Avoir une maison commode, propre et belle,
Un jardin tapissé d'espaliers odorans,
Des fruits, d'excellent vin, peu de train, peu d'enfans,
Posséder seul sans bruit une femme fidèle,
N'avoir dettes, amour, ni procès, ni querelle,
Ni de partage à faire avecque ses parens,
Se contenter de peu, n'espérer rien des Grands,
Régler tous ses desseins sur un juste modèle,
Vivre avecque franchise et sans ambition,
S'adonner sans scrupule à la dévotion,
Dompter ses passions, les rendre obéissantes,
Conserver l'esprit libre, et le jugement fort,
Dire son chapelet en cultivant ses entes,
C'est attendre chez soi bien doucement la mort.
... conclusion dont je me dis que la signification au XVIe siècle était probablement (mais peut-être me trompé-je ?) positive, alors qu’elle est aujourd’hui (en nos temps de réalisation de soi) désespérante.
illustré par « ça crève les yeux que ça crève les yeux » (1966) de Daniel Spoerri
Commentaires
est ce que rentes ne seraient pas mieux ? je l'ai rencontré je ne sais plus où ces temps ci ce sonnet. Du goût pour le rythme calme et un peu berceur, un recul devant la limitation de la vie ainsi révée, un accord sur la fin
non, c'est bien "entes" au sens ancien de greffes ou peut-être plus largement de plantations ... en revanche je vois que j'ai cette nuit transformé indûment un "on se dit" en "je me dit" ... oups ! je m'empresse de remettre un s.
déformée suis par les siècles de fer ou autre métal qui sont passés depuis
J'aime beaucoup ce poème. J'étais en train de le chercher et je tombe ici. Décidément!. A part le chapelet et la dévotion que je remplacerais par les livres et la littérature, je trouve cette conclusion bien à mon goût et pas du tout désepérante... sauf peut-être au sens positif que donne à ce mot Comte-Sponville dans sa recherche du bonheur. http://perinet.blogspirit.com/archi...
j'aime beaucoups cette oeuvre...