les piquants du hérisson
Par cgat le mardi 7 août 2007, 00:25 - écrivains - Lien permanent
J'ai lu tant de livres...
Pourtant, comme tous les autodidactes, je ne suis jamais sûre de ce que j'en ai compris. Il me semble un jour embrasser d'un seul regard la totalité du savoir, comme si d'invisibles ramifications naissaient soudain et tissaient entre elles toutes mes lectures éparses - puis, brutalement, le sens se dérobe, l'essentiel me fuit et j'ai beau relire les mêmes lignes, elles m'échappent chaque fois un peu plus tandis que je me fais l'effet d'une vieille folle qui croit son estomac plein d'avoir lu attentivement le menu. Il paraît que la conjonction de cette aptitude et de cette cécité est la marque réservée de l'autodidactie. Privant le sujet des guides sûrs auxquels toute bonne formation pourvoit, elle lui fait néanmoins l'offrande d'une liberté et d'une synthèse dans la pensée là où les discours officiels posent des cloisons et interdisent l'aventure.Muriel Barbery, L'élégance du hérisson (Gallimard, 2006, p. 51)
Depuis qu’il trône en tête des ventes, ayant même réussi un temps à devancer Marc Lévy, Guillaume Musso, Paolo Coelho ET Harry Potter (!), et qu'il a dépassé les 350 000 exemplaires vendus, il devient (forcément) tendance de dénigrer le livre de Muriel Barbery, L'élégance du hérisson. Les critiques s’étonnent d'un succès qu'ils n'ont pas annoncé, et, même si quelques-uns le jugent mérité (par exemple dans « Le Masque et la plume » d’hier soir), beaucoup, comme Philippe Lançon dans Libération, se demandent s’il faut « écraser le hérisson ? ».
C'est injuste, car, qu’on l’aime ou pas, le livre de Muriel Barbery a l'immense mérite d'être un vrai livre, pas un produit calibré pour la vente, qui s’est vendu sans véritable publicité de la part de son éditeur (trop occupé à la rentrée dernière à promouvoir les Bienveillantes), sans promotion télé, avec très peu de critiques, mais avec le soutien des libraires (qui lui ont décerné le Prix des Libraires) et grâce au bouche à oreille.
Je suis heureuse de l’avoir lu, avec beaucoup de plaisir et sans a priori, avant qu’il ait du succès, attirée par son joli titre (j’adore les hérissons !) - et de l’avoir aimé, malgré quelques réserves (son écriture un peu classique et son côté roman à thèse) ; si je l'avais lu aujourd'hui, j’aurais peut-être (mais peut-être pas) réagi comme Judith Bernard (dont je suis fan, précisé-je), qui l’assassine dans « l’arrogance du paillasson » avec des arguments qui sont parfois l'ombre portée de mes réserves.
Bon séjour sabbatique à Kyoto, Muriel !
Commentaires
Et pas de rapport avec le naïf et globuleux de Chevillard ?
il m'a semblé pourtant qu'il était plutôt défendu lors du "Masque et la plume". Il est vrai que j'écoute sans écouter, un peu un bruit de fonds, en hommage à ma jeunesse où j'étais vraiment auditrice (plutôt pour le cinéma) et pour mes rages bonnes pour le teint lors des émissions sur le théâtre
oui brigetoun, dans le "Masque et la plume", que j'ai écouté en différé hier soir, les critiques étaient plutôt positives : c'est surtout le billet de Judith Bernard (et ces très nombreux commentaires de gens qui n'ont souvent pas lu le livre) qui m'a fait réagir
le hérisson de Chevillard, bien sûr, Berlol, est indépassable (même si sur le plan du message il y a des similitudes) ... mais on ne peut pas lire que Chevillard ... en tout cas j'attends son Orang-outan (absent peut-être d'ailleurs car le titre est "sans l'orang-outan") avec impatience !
Lu Chevillard hier soir : une bonne idée, plaisant mais un peu facile, pas de quoi se rouler par terre à mon avis. J'ai eu affaire au frère Auguste me semble-t-il du temps de ma maîtrise, faudra que je vérifie
Pour les hérissons, pensée triste pour tous ceux que je croise à vélo, réduits à l'état de galette, et c'est pas ça qui manque sur ma route en ce moment
J'ai un hérisson qui chaque soir vient boire le lait que ma femme lui sert sur la terrasse.
A part ça, j'ai bien aimé ce livre.
Cela me fait vraiment plaisir de constater que quelqu'un qui n'est pas fils ou fille de, présentateur télé, politicien, vieille gloire de la littérature du cinoche, du sport, du loft, rich and famous, prince... et qui réussi à être lu. C'est merveilleux, j'ai eu le même plaisir avec le premier Harry Potter mais depuis j'en ai marre de ces gens qui n'on lu que ça et qui parlent du plaisir de lire.
J'aime beaucoup ce roman, offert et conseillé plusieurs fois.
Que s'y piquent ces critiques qui ne peuvent concevoir leur boulot qu'en pic descendant ou montant.