ne pas laisser de trace
Par cgat le lundi 5 novembre 2007, 00:12 - citations - Lien permanent
Plus tu auras réussi à écrire (si tu écris), plus éloigné tu seras de
l'accomplissement du pur, fort, originel désir, celui, fondamental, de
ne pas laisser de trace.
Quelle satisfaction la vaudrait ? Écrivain, tu fais tout le contraire,
laborieusement le contraire !
Henri Michaux, Poteaux d'angle (1971, Poésie Gallimard, p. 57)
Commentaires
Aucune adhésion avec cette idée. D'ailleurs, qu'est-ce que c'est, ce "la" de "la vaudrait" ? La "trace" ? Cela n'a aucun sens. Il n'y a que le mot "laborieusement" qui veuille dire quelque chose.
Oh mais vous êtes remonté contre Michaux, vous. Bon, je suis d'accord, cet extrait-ci est agaçant : paradoxe agressif, et creux, qu'on triture en vain pour lui donner un sens utile. Mais la phrase d'hier, elle, m'a "parlé" d'emblée. Son "ils" est un simple "ils" mal dégrossi de misanthrope, et la devise une devise de parano, voilà tout : il y a sans doute ici des misanthropes occasionnels, des paranos intermittents... dont vous avez le chance de ne pas être, Berlol. Petit veinard !
m'est avis que les deux mots sont inséparables, car que serait lelabeur sans le désirde faire trace ?
merci pour Sienne, petit plaisir matinal
C'est vrai que ce "la" coince...
Pour le reste, question d'âge sans doute : le Michaux des années 80 a laissé tant de traces derrière lui qu'elles lui gâchent peut-être le paysage. (Enfant pour les mêmes raisons on répugne à marcher dans la neige.)
Tiens !(ce n'est peut-être pas hors sujet...) Vous avez un lecteur de plus, depuis peu, DDS. Merci aux Lignes de Fuite.
dis-donc berlol, sont-ce les plantureux repas des montagnes japonaises qui t'ont rendu si combatif !
moi j'aime assez le « la » qui grince un peu et qui par là même est comme le symptôme du paradoxe énoncé ... (mais qui peut tout de même se comprendre comme « quelle satisfaction vaudrait celle-là »)
quant au fond il me parle lui-aussi, et pas seulement comme paradoxe : la tentation de s’effacer (par l’absence, par le voyage, par les drogues... métaphoriquement ou pour de vrai, temporairement ou définitivement…) est constante chez Michaux et qui ne la ressent jamais est un « veinard » pour reprendre le mot de didier d.s.
PhA, je suis heureuse de vous avoir fait lire un bon livre, où, d’ailleurs, on retrouve un peu de ce désir de s’effacer
Bien vu ! Je n'ai plus qu'à m'effa
"Passant outre aux interdictions et aux protestations réitérées, des journaux, avec le sans-gêne des journaux, depuis tout un temps reproduisent et publient une ou deux photographies de moi.
Que faire ? Cinquante procès ne me rendraient pas un visage inconnu. Bataille perdue qui n'a été gagnée que pendant trente ans, risible à présent, qu'il me faudrait porter en je ne sais combien de pays."
H. M.
Octobre 1966
ne vous effacez pas trop vite tout de même didier d.s. !
et merci beaucoup pour cette citation PhA ! puis-je savoir d'où elle est extraite ?
Trouvée (pas par moi) dans le Cahier de l'Herne sur Michaux.
Hors sujet ou pas, merci, PhA ! Vous avez de très bonnes lectures, dites donc. Et un lecteur de plus, un ! (J'ai transmis votre message à la comptabilité. "Encore un ? Ça ne s'arrêtera jamais !" a maugréé Sonia, la stagiaire. N'ayez crainte, je l'ai remise à sa place.)
Merci à vous pour ce voyage en quasi apesanteur. Et permettez-moi de souhaiter à Sonia d'autres nombreux sujets de contrariété !
pas de hors sujet ici : vive les lignes de fuite !... quant à moi je lance un appel à mes lecteurs silencieux : vous aussi vous pouvez faire maugréer Sonia en achetant "Hoffmann à Tôkyô" ! essayez ...