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« On essaie de créer des liens, vous comprenez… »
Mais oui, je comprenais. Dans cette vie qui vous apparaît quelquefois comme un grand terrain vague sans poteau indicateur, au milieu de toutes les lignes de fuite et les horizons perdus, on aimerait trouver des points de repère, dresser une sorte de cadastre pour n’avoir plus l’impression de naviguer au hasard. Alors on tisse des liens, on essaie de rendre plus stables des rencontres hasardeuses. (p. 49-50)

Plus tard, j’ai ressenti la même ivresse chaque fois que je coupais les ponts avec quelqu’un. Je n’étais vraiment moi-même qu’à l’instant où je m’enfuyais. Mes seuls bons souvenirs sont des souvenirs de fuite ou de fugue. Mais la vie reprenais toujours le dessus. (p. 95)

Patrick Modiano, Dans le café de la jeunesse perdue (Gallimard, 2007)

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Dossier BiblioObs, avec notamment un entretien avec Jérôme Garcin