contraignons tout fous
Par cgat le lundi 4 février 2008, 01:07 - écrivains - Lien permanent
Pas facile à citer le pastiche de Perec, qui s'apprécie sur la
longueur !
Je tente quand même le coup, préférant, pour ne pas choquer les âmes sensibles
par des scènes trop sexuelles, trois passages paratextuels :
Vint alors, indiqua Swann, accompagnant la vocalisation qui avait fait fuir cinq intrus : Amour, amour qui supplanta Thanatos, qui bannit Cronos boulottant un à un tous fistons à lui. Amour oui, Amour du corps, surtout... Chair, plaisir, plaisirs donc. Mais plaisir puisant son maximum dans un puissant travail cognitif, dans un circuit rigolant du signifiant, dans un humour caracolant, dans un fictif oulipisant un roman au goût du jour... Fiction, conclut-il d'un ton fat, nouant tous actants (adjuvants ou opposants, malandrins ou mandarins, gus ou nanas) à la louf, à la maboul, à la dingo, à la zinzin ! (p. 164)
La lady fut ainsi qu'un flash, un voyant clignotant attirant l'iris, un corps irradiant l'inouï plaisir : l'Apparition.
« Un Canada-Dry, lança, soudain jovial au vu du court jupon, Bourba ragaillardi.
- Ah bon ? Un brin connotant, non ? grogna l'argousin, qui sous son air obtus avait lu (on l'a vu).
- Mais why not, aska tout à trac mon mafioso, vrai mastar mais instruit itou, à Janson, à Harvard, puis à la Sorbon. Allons-y allonzo ! Connotons donc, surconnotons un max, lipogrammons à tout va, contraignons tout fous, palindromisons à l'occasion, buvons ainsi un simili cocktail, un truc trichant, un « à la façon d » alcool, oulipisant à son tour, ma foi. Oui ! Trois fois oui, qu'il soit vu (pourquoi pas : qu'il soit lu), qu'il soit bu jusqu'au bout, par nous, ici, un imitant, un honorant, un gondolant faux-paraissant, un qui a coloris d'alcool, qui a goût d'alcool, qui a prix d'alcool, mais qui jamais au grand jamais fut alcool. »
On l'aurait dit saoul. Ah, l'amour !
« OK pour l'antifaçon canadadryant, admit Swann, bon flic. Mais pour moi, un grog. »
Romuald apporta un Canada, six moins cinq grogs.
On but. (p. 166)Point crucial, pourtant, qui provoqua un grand baroud dans un circuit aristarcal mondial. Mikhaïl Bakhtin, lorsqu’il lut jadis l’ardu canadadryant miniroman (dit aussi CMR) qu’ami lisant, tu lis, toi, à l’instant, Bakhtin qui tout compris au fictif, plus malin qu’un pourtant pas idiot T. Todorov qui, lui, votait oui au plaisir du corps (non du corpus ! scripta-t-il, finaud), plus au point qu'un pourtant fort brillant Oswald Ducrot qui, non sans à-propos traitant Todorov d'idiot scribouillard, d'absurdus Sanctus Bovus, votait oui au scriptural, à l'affabulation, à l'attirail narratif, Bakhtin proposa, dans sa communication « Notations sur un hapax narratif : À Flora, ou l'apparition/disparition », communication qu'il consacra au substrat narratif du CMR qu'H.D.O. fournit aujourd'hui au public, Bakhtin donc conclut non sans brio qu'il s'agissait là d'un point ambigu, mais qu'ainsi tout vibrait là dans l'ambigu, dans l'infini profus. Son oui - l'oui, ouiiiiii à Flora, soyons clair - approuvait donc chatouillis, mais aussi roman, roman mais aussi chatouillis, dito roman chatouillant. Signalons rapido un point : sa conclusion n'ayant pas, mais alors pas du tout, satisfait Starobinski, ni Roland dit R.B. (qui soit qu'il s'appuyât sur Chomsky pour la fonction insignifiant/signifiant, soit qu'il s'inspira d'un L. Strauss pour l'opposition cru/cuit, proposait un laïus fort convaincant), pas plus qu'Hamon, ni Massimo Fusillo, ni Larthomas, un clash arriva. Un pugilat suivit. Mais mon fictif, ami lisant, va supprimant, caviardant, sucrant, tout hors-cursus. Ainsi va sa loi. Ah, roman, tant d'afflictions, d'horrifiants martyrs ton sacro-saint amour du continu nous fait-il subir ! (p. 187-188)
Héléna Marienské, « Flora, ou l’apparition. À la façon d’un mirifiant G.P. », Le degré suprême de la tendresse (Héloïse d’Ormesson, 2008)
Commentaires
assez réussi oui - la saveur y est