la momie de la journée
Par cgat le mardi 23 septembre 2008, 02:00 - citations - Lien permanent
Les impressions les plus délicates sont les plus fugitives ; si elles ne sont rendues sur l'instant, elles s'évaporent ou se matérialisent, deviennent banales, absolument comme les expressions de physionomie en passant du tableau du grand maître à la gravure ou à la mosaïque. Or ces sensations rapides et évanouissantes, éclairs de poésie et d'idéal, parfums subtils, traces des anges qui passent dans notre vie, sont justement ce qu'elle a de plus précieux. Mon journal intime est un cercueil où la momie de la journée se conserve, quelquefois embaumée, mais sèche, raide, grimaçante, morte enfin. - Il faut peut-être changer de méthode : au lieu de conserver les fleurs sèches, qui sont des cadavres inutiles, conserver le parfum qui est la vie.
Henri-Frédéric Amiel, Journal intime, 30 octobre 1852
Commentaires
une de ces lectures qui attendent sans impatience, c'est là dans un coin, on sait qu'on y viendra...
Le Journal d'Amiel est un texte absolument sidérant, et je suis bien content de le retrouver chez vous. Pour ceux qu'une mise en perspective historique intéresse, je renvoie sans hésiter à l'article de Pierre-Henri Castel, "Amiel ou la métamorphose de l'obsédé", qui montre (entre autres) comment ce journal intime a servi de pivot à la toute la réflexion psychiatrique des années 1900 sur la névrose obsessionnelle (http://pierrehenri.castel.free.fr/A...)
peur d'être engloutie
merci Sébastien : très intéressant cet article ; et il me permet de découvrir le site de Pierre-henri Castel, qui a l'air très riche
je n'ai pas lu la totalité du Journal d'Amiel, mais chaque fois que j'en ouvre un volume j'éprouve fascination ( - identification ? )
j'en ai par conséquent plein de fragments sur mon disque dur, mais une version numérique globale serait la bienvenue ...