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Attention lorsque vous filmez à ne pas tomber dans l’effet. Je veux dire par là, les gros plans qui vont fouiller trop près et forcent l’émotion artificiellement. Comme la caméra subjective qui tremble pour rendre la spontanéité mais qui écœure le spectateur. Attention également, sous prétexte de vouloir rendre la vraie vie, aux détails qui seront invraisemblables à l'écran. Un détail peut prendre des proportions qui gâcheront l'harmonie d'ensemble. Par exemple, si vous filmez une scène de rue dans un quartier populaire, un personnage de SDF risque de faire vériste. Faire vrai peut faire faux mais tout ça est évident. Autre chose, vous pouvez aussi opter pour l'acte gratuit, que le spectateur aura du mal à interpréter, puisqu'il n'est pas justifié. Là, je m'adresse à ceux qui ont choisi la fiction. Revoyez Masculin Féminin de Godard, le personnage qui se poignarde peut s'inscrire dans la chaîne des événements violents du film (l'immolation du militant par exemple) ou être appréhendé comme un acte pulsionnel d'une violence retournée contre soi. Ceux qui utilisent la voix off attention, tout le monde n'est pas Chris Marker, évitez d'utiliser la voix off pour pallier les lacunes de l'écriture et les failles dans le scénario, elle ne doit pas être redondante par rapport à l'image. Je vous renvoie au texte de Barthes sur le costume au théâtre et à la préface de Pierre et Jean. À lundi prochain.

Élodie Issartel, Festino ! Festino ! (Léo Scheer, 2008, p. 199-200)

Des monologues intérieurs aux tons plus que variés se juxtaposent pour composer l'extravagant portrait de groupe d’une famille atypique et de tous ceux qu’elle accueille dans sa grande maison : cela donne un premier roman drôle, triste, très humain, très attachant et qui « évite de tomber dans l’effet ».

::: les 26 premières pages permettent de se faire une idée
::: les avis de Laure Limongi et Florent Georgesco.