il était une fois à saint-germain-des-prés
Par cgat le dimanche 12 octobre 2008, 02:02 - écrivains - Lien permanent
Le film que se raconte le milieu littéraire français, depuis plus de trente ans, peut d’ailleurs être décrit comme un western classique, sans cesse rejoué, avec, de temps en temps, adjonction de nouveaux acteurs. Il y a un Beau, un Bon, un Vertueux exotique, Le Clézio, et un Méchant, moi. Je m’agite en vain, Le Clézio est souverain et tranquille, il s’éloigne toujours, à la fin, droit sur son cheval, vers le soleil, tandis que je meurs dans un cimetière, la main crispée sur une poignée de dollars que je ne posséderai jamais. Modiano, lui, a un rôle plus trouble : il est à la banque, il avale ses mots, il a eu de grands malheurs dans son enfance, il est très aimé des habitants de cette petite ville culpabilisée de l’Ouest, aimé, mais pas adoré, comme Le Clézio, dont la photo, en posters, occupe les chambres de ces dames. Le Diable, ne l’oubliez pas, c’est moi. Je suis un voleur, un imposteur, un terroriste, un tueur à la gâchette facile, un débauché, un casseur, j’ai des protections haut placées, des hommes et des femmes de main, je sème la peur, je ne crois en rien, j’expierai mes fautes.
Philippe Sollers, Un vrai roman : Mémoires (Plon, 2007, p.151)
::: « L’expérience de Le Clézio »
Commentaires
C'est un sujet en or pour François Bon, ça : comment se sont construites parallèlement ces deux mythologies, Sollers jouant à jouer au Méchant, Le Clézio jouant à ne pas jouer au Bon, l'un à la guitare, l'autre à la batterie sans cymbale, à moins que ce soit l'inverse, et nous,là, assistant , rassurés par ces deux images tutélaires et nous construisant aussi à travers ce western coproduit par Gallimard/leSeuil, pour quelques dollars de plus. Il est vrai que tout cela ne faisait pas de bruit et que les vies sont sans doute moins riches en tournées, en drames, et que somme toutes tout cela touchait beaucoup moins de monde...
François Bon a déjà répondu, et c'est effectivement un sujet qui est tellement en or qu'un mec qui écrivait des livres est mort de faim sur le trottoir, à Saint-Germain des Prés, et c'est pas si vieux :
http://www.tierslivre.net/spip/spip...
pour ceux qui ont vu "L'homme qui marche" d'Aurélia Georges... avec un extrait de la revue Minuit 1974 déniché avec la complicité d'une "Zapotek" (je ne connaissais pas le mot...) des tours de Tolbiac (autre que notre hôte)
F, bravo ! je viens de t'écouter (en différé et en ligne) : peu d'invités parviennent aussi bien que toi à empêcher Veinstein d'en placer une ... et puis tu donnes vraiment envie de lire Rock'n roll, ce qui est tout de même le but !
http://www.radiofrance.fr/chaines/f...
j'aime bien les moments avec Alain, il a une façon pas comme les autres de laisser tout aller, du coup ce ne sont pas des expériences contrôlées - suis bien incapable de savoir ce qui s'est passé, à la fin il rouspétait qu'il devait toujours me relancer - il a 65 ans, il va devoir laisser son fauteuil : qu'est-ce que Culture va mettre à la place genre talk-show branchouille? pour une collection comme Déplacements au Seuil, ça a parfois été le seul écho public des livres, avec LdF ! quant à empêcher AV "d'en placer une" là t'exagères : sa big souffrance, c'est plutôt les auteurs qui répondent par "oui" d'un air inspiré en ne mettant rien après, puis d'autres parfois qui se prennent un peu trop au sérieux
il en a même fait un livre, à demi réussi, qui s'est perdu dans mon déménagement,mais que j'avais bien aimé.
Triste de se demander qui pourra le remplacer (et vive ma génération)
bon j'exagère un peu c'est vrai : l'homme est sympathique et il laissera un vide
mais ce qui me déplaît souvent dans ses entretiens c'est son côté psy : non seulement il pose des questions plus intimes que littéraires (alors que la radio ne me semble pas être un lieu de cure), mais, comme les psys, il suit son cap sans se préoccuper des tentatives de l'écrivain interrogé pour prendre la tangente (mais alors votre mère ...? et c'est une blessure profonde ...? revenons quand même à ce que vous dites de votre enfance ...? etc.)
souvent je souffre pour l'interviewé et me dis qu'à sa place je prendrais vraiment la porte ... je ne trouve pas étonnant que certains fuient dans le silence et se contentent de répondre "oui" d'un air inspiré
Cgat, ne confonds-tu pas avec Jacques Chancel ou Eve Ruggieri ? Bon, moi, je suis sûr qu'il me manquera. Tu ne voudrais pas le remplacer ??
non (je ne confonds pas) ... et non (je ne voudrais pas) ... répondit-elle d'un air inspiré
je vote pour la mise à dispo par les tours Zapotek de cgat pour reprise de "Du jour au lendemain" - on arriverait terrorisé, certes, on ne parlerait pas de notre maman, non, mais ça devrait changer radicalement le casting! - et c'est une bonne gâche, finalement, on enregistre 1 fois par semaine, ça doit laisser le temps de bloguer! pour le livre d'AV, je rejoins Bridgetoun, je crois que j'aurais préféré des mémoires toutes simples et directes... mais dans cette relation de la radio et de la création littéraire AV a fait énorme boulot bien au-delà de cette émission, on est des tas à avoir découvert la radio de l'intérieur grâce aux Nuits magnétiques - se souvenir que toute la vie littéraire en Allemagne (je veux dire : la façon dont les auteurs ont de quoi vivre) c'est les Hörspiel dans les radios des différents Länder - Perec et d'autres en ont profité aussi, pour le meilleur - les temps révolus, c'est ça aussi : un poumon pour les auteurs, rôle qu'a toujours eu Radio France mais qui s'éloigne bigrement à l'horizon
Je partage à 100% votre avis sur AV, Christine ! Le côté psy et doloriste (et alors, cette sale petite enfance, hein ? avez-vous assez souffert pour noircir des pages, là, tout seul, dans votre coin ? Et il était sombre et humide comment, ce coin ?) de ses questions m'avait mis dans un bel embarras, l'hiver dernier...
(ça n'empêche pas son émission d'être indispensable)
merci de votre soutien, Didier ! je commençais à me dire que je ne faisais que projeter mes propres névroses sur des écrivains victimes imaginaires d'une forme de harcèlement impossible à dénoncer - puisque destiné à promouvoir leurs livres ...
la promo on sait ce que c'est, mais justement chez Veinstein on fait autre chose, et c'est pour ça que c'est de + en + rare
sans rancune quand même! (F, de Nantes en promo)
promouvoir n'est pas un gros mot ... mais il y a promo et promo, nous sommes d'accord !
En guise de promo et de pétage de plombs une urgence : revoir l'émission de Picouly d'hier soir... c'est zéro en matière d'émission mais il faut voir le comportement du sieur Begaudeau face a Onfray puis Assouline. C'était sidérant !
je ne l'ai pas encore vue, mais merci du conseil : je vais podcaster ça !