drôles de lignes
Par cgat le vendredi 6 mars 2009, 01:46 - blogs et internet - Lien permanent
À mon sens, lorsque mes parents m'engendrèrent, l'un ou l'autre aurait dû prendre garde à ce qu'il faisait : et pourquoi pas tous deux puisque c'était leur commun devoir ? S'ils avaient à cet instant dûment pesé le pour et le contre, s'ils s'étaient avisés que de leurs humeurs et dispositions dominantes allaient dépendre non seulement la création d'un être raisonnable mais peut-être l'heureuse formation de son corps, sa température, son génie, le moule de son esprit et (si douteux que cela leur parût), jusqu'à la fortune de leur maison — s'ils avaient mûrement examiné tout cela, je suis persuadé que j'aurais fait dans le monde une tout autre figure et serais apparu au lecteur sous des traits sans doute fort différents de ceux qu'il va voir.
Laurence Sterne, Vie et opinions de Tristram Shandy (1759-1767), livre I, chapitre 1 (traduction de Charles Mauron)
Une belle édition en ligne du chef d'œuvre d'humour de Laurence Sterne, où l'on peut retrouver notamment les drôles de lignes de la fin du livre VI.
Commentaires
«[Sterne] nomme Shandeisme l’impossibilité de s’arrêter deux minutes de suite sur un sujet sérieux.»
Goethe, Maximes et réflexions (Sixième partie), trad. Sigismond Sklover , p.142, Brockhaus et Avenarius, 1842
dans mon cas le pire est qu'ils se sont appliqués, m'ont très fort voulue, et m'ont loupée - se sont rattrapés avec les suivants (par plus de légéreté ?)
(à part ça Tristam Shandy est un de mes livres fétiches)