lignes de fuite

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Recherche - zribi

lundi 2 mars 2009

comme si nous nous connaissions d'enfance

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<Tip - tip - tip. France Inter, il est huit heures. Le Journal, Jean Wallace>.

Ok, ok. Alors, au panneau LA MULATIÈRE/OULLINS, suivre AUTOROUTE DU SOLEIL pendant 17,1 km, (...), ok, (...), et au panneau AVIGNON/ LYON, suivre AUTOROUTE A54-E80 pendant 20,2 km. Arrivée : ARLES. Distance parcourue 269,2 km. Ok.

(Bruit fuyant du) <Merde!> (la bâche du camion me claque à la conscience rouge). Un Norbert Dentressangle, dont la nodosité du nom et du sigle me fascinent depuis des années et que je guette sur l'autoroute, au gré des déplacements, comme si nous nous connaissions d'enfance et qu'une amitié silencieuse, étoilée, nous liait les uns à l'autre. Une sorte de porte-bonheur au carré rouge, que je ne chéris pour moi qu'indirectement puisque j'en destine les pouvoirs à l'intérêt supérieur de ma bonne étoile - elle seule me protégeant en toutes circonstances. D'autres laissent pendre à leur rétroviseur un rosaire, une main de Fatma, une étoile de David, un fer à cheval jivarisé ou un sachet de lavande en tulle ; d'autres encore collent sur leur tableau de bord une photo des enfants ou du chien braves. Moi, je guette mon camion : il faut nécessairement que je croise un Norbert Dentressangle dans mon esprit pour que les dangers de la route se dissipent – ce qui fait craindre à Claire qu’ils n’augmentent en réalité vertigineusement à partir de ce moment précis.

Sébastien Smirou, « Paquito », p. 72-73 dans Action restreinte, Théories et expériences de la fiction, n°11: la chair et la lettre, 1er semestre 2009. sous la direction de Mathias Lavin et Aurélie Soulatges

« Paquito », dit la notice de Sébastien Smirou, est « extrait d’un roman qui restera inédit » : c’est dommage, on aimerait beaucoup lire la suite !

Dans ce numéro d'Action resteinte, on trouve aussi des textes de Dominique Quélen, Philippe Rahmy, Isabelle Zribi, Mathieu Brosseau, Alban Lefranc, entre autres.

jeudi 19 février 2009

la vie telle qu’elle est

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Car cela ne vous aura pas échappé : très rapidement, nous sommes noyés dans la vie telle qu’elle est. Les plus délurés d’entre nous sont broyés par la maussaderie, et ne savent, au bout de quelques années de vie, que dire oui-oui à ce qui est, et s'en plaindre, sans protester davantage. Toute personne dotée d'un tant soit peu d'espoir ou d'entrain naturel le perd au bout de quelques années d'existence. Dans le passé, je me suis souvent demandé, moi qui n'ai jamais rien fait avec facilité, encore moins avec naturel, comment s'en sortiraient ceux que je voyais heureux autour de moi. Le constat s'impose : les choses ont mal tourné pour eux aussi. Au bout de quelques années de vie, ceux qui, dans mon entourage, étaient les plus heureux de vivre ont été réduits en bouillie. Ceux qui avaient un peu de brillance, de talent, de génie, vingt, trente, quarante ans passés, ont perdu leur joie de vivre ou leur talent, et je peux même dire qu'ils ont acquis une mine encore plus terne que ceux qui étaient incapables, dans le passé, d'être naturellement heureux. (p. 17-18)

Les écrivains présentent souvent des exemples de vies ordinaires. D'un ton atone, ma grande amie ni mâle ni femelle (qui me disait régulièrement ne pas aimer le téléphone) me répétait chaque jour au téléphone qu'il existait des écrivains (et de plus nombreux êtres humains encore) qui n'avaient, par exemple, pas baisé de leur vie. Pour elle, le grand événement ne pouvait résider qu'en une grande histoire d'amour (opinion que je tenais pour naïve). Beaucoup d'écrivains n'avaient pas même baisé une seule fois dans leur vie, pour preuve Antonin Artaud (à qui elle aurait souhaité ressembler, du moins quand il avait encore des dents). Elle tirait de cet exemple (et de celui de Pessoa) qu'il était probable, du moins possible, qu'elle ne rebaise plus. Elle avait eu la chance, connu le miracle, de baiser quelques fois dans sa vie (et encore, dans quelles conditions!), mais ce miracle pouvait ne pas se représenter. En outre, il s'était avéré totalement décevant. Si bien que tous les cas où le miracle d'un acte sexuel avec autrui était survenu, il ne lui était en réalité rien arrivé de plus. (p. 37)

Tous les soirs, tous les soirs de ma vie, j'ai jugé que rien de ce que j'observais ou vivais ne se hissait suffisamment haut pour atteindre la prétention flottante qui était la mienne. En désespoir de cause, j'ai pris le parti de considérer que ce que j'observais et ressentais était absolu dans le négatif : dans ma bouche, les choses n'étaient pas maussades, mais calamiteuses, ne frisaient pas le ridicule, mais étaient absolument grotesques, et ainsi de suite. Si le paradis n'était pas envisageable, du moins l'enfer le serait. Si manifestement aucune révolution ne s'annonçait, du moins une apocalypse sans lendemain était inévitable. Chaos, confusion, terreur, catastrophes, honteuse escroquerie, tels étaient les termes avec lesquels je me suis plu à dépeindre le monde et la vie. Je me suis accrochée à l'idéal, dans sa version la plus sombre, de peur de le perdre complètement. Mieux valait, dans mon esprit, un idéal aux teintes obscures que l'acceptation de la relativité des choses. Cette dernière m'apparaissait comme une position inacceptable. Mais je m'aperçois aujourd'hui que cet idéal sombre, auquel chaque soir m'a ferrée davantage, m'a plombé la vie, ruiné l'existence. (p. 96-97)

Isabelle Zribi, Tous les soirs de ma vie (Verticales, 2009)

Isabelle Zribi est née en 1974 à Paris.
Elle a publié M.J. Faust aux éditions Comp’Act (2003) et participé aux ouvrages collectifs Autres territoires (Farrago, 2003) et Suspendu au récit. La question du nihilisme (Comp’Act, 2006), ainsi qu’à des revues comme la revue X. Elle co-anime la revue Action restreinte.

Tous les soirs de ma vie est un monologue sobre et intimiste, écrit dans une langue classique aux accents parfois proustiens, très différent de son précédent roman Bienvenue à Bathory (Verticales, 2007), d'inspiration queer et gothique.

::: le livre des temps nouveaux, son blog
::: des extraits dans remue.net

vendredi 30 mai 2008

le plein du vide

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La jonction de ces deux postures du vide, mouvement de destruction dans le but de tout refaire à neuf pour l’un, arrêt figé dans l’instant pour l’autre, peut s’avérer une perspective salutaire, pour nous qui croulons sous le poids d’un héritage à la fois riche et hanté par les attraits du néant.

Mathias Lanvin, Aurélie Soulatges et Isabelle Zribi, « Ouverture », Faire le vide. Action restreinte, 10, second semestre 2008, p. 7

Avec en exergue une citation de Wang Wei : « Apprendre la non-naissance, c’est réaliser l’éternité de notre nature profonde » (Le plein du vide), le 10e numéro de la revue Action restreinte se propose de « Faire le vide ».

Le site de la revue a également été tout récemment refondu pour désormais faire le plein de chroniques régulières, de textes personnels sur la lecture, de créations visuelles et sonores, de débats sur les rapports du livre et d’Internet, etc.

::: à voir en ligne : un entretien-vidéo avec les trois créateurs de la revue (libr-critique, décembre 2007)

vendredi 6 juillet 2007

réalité augmentée

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::: « Second Earth : la feuille de route vers le MetaUnivers », un très intéressant billet d'Hubert Guillaud dans InternetActu

::: la BPI met en ligne ses archives sonores, avec notamment le cycle « La Création littéraire dans tous ses états »

::: François Bon est dans YouTube avec Sortie d’usine et s’en étonne

::: quant à Isabelle Zribi elle est plus classiquement dans remue.net, avec un texte inédit : « Allo dépression service » - voir aussi le livre des temps nouveaux, son blog.

samedi 31 mars 2007

s'en tenir à l'impossible

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Soyons clairs. Il s'agit d'une déclaration de guerre. Une déclaration de guerre contre le possible tel qu'il est partout désigné et tel qu'il nous enferme : possible étriqué du petit roman réaliste aussi plomb-plomb que plombant, auquel devraient ressembler nos vies. Famille travail Shopi. Déclaration de guerre contre le discours qui voudrait nous persuader qu'il ne faut pas s'accrocher à de l'impossible, qu'il ne faut pas faire les malins, ne pas vouloir autre chose que ce qui est, qui nous rappelle que l'on pourrait être moins bien lotis, qu'il ne faut pas cracher dans la soupe, que ce n'est pas si mal, qu'il faut se contenter de ce que l'on a. L'impossible apparaît alors comme une voie toujours nouvelle, aux contours mal tracés, flous, indéfinis, ou encore comme une branche à laquelle se raccrocher et se tenir.

Mathias Lavin, Aurélie Soulatges et Isabelle Zribi, « Ouverture »,
S'en tenir à l'impossible, Action restreinte, 8, deuxième semestre 2006

La revue Action restreinte a maintenant un site.

J'y découvre le blog d'Isabelle Zribi : Le Livre des temps nouveaux.

mercredi 24 janvier 2007

colère potentielle

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Je vois tellement de paranoïaques en ce moment que je me demande si je ne suis pas lucide, dit L'Hippopo à l'auditoire las qui attend, dans l'espoir d'y entrer, devant la Bibliothèque internationale de Bathory, parmi lequel se trouve Nico. Je l'ai lu dans le billet mensuel des lectrices. Nous, lectrices du sous-sol comme lectrices des étages, exigeons fermement que les portes du jardin s'ouvrent, et que nous puissions aller ingérer, durant nos pauses, notre demi-litre de café, de thé, et diverses matières grasses et sucrées, parmi les sapins, pousses et câbles métalliques. C'est une honte que cet agréable jardin de pins, de pousses, de câbles métalliques ne soit pas ouvert aux chercheurs. Il est inacceptable, peut-on lire dans le billet des lectrices, qu'aux différentes icônes qui nous font face dans la journée à l'intérieur de la BiB s'ajoutent des icônes en taille réelle de sapins, de pousses, de câbles métalliques. C'est à devenir fou. Un p'tit bonbon ? Dès lors il est indispensable pour l'hygiène mentale des chercheuses et des étudiantes, il est indispensable pour l'ensemble des rats de bibliothèque du sous-sol plus encore que pour les rats de bibliothèque qui courent dans les premier, deuxième, troisième étages, que les baies vitrées de la BiB s'ouvrent, de manière que nous puissions déjeuner, ingérer des excitants modernes, papoter sur l'herbe entre nous, et nous assurer que la verdure que nous voyons tous les jours depuis nos ordinateurs est suffisamment réelle pour pouvoir être respirée, touchée, et verdir nos habits. Mais elles.
Mais elles répondent : Ouvrir les portes du jardin de sapins n'est pas envisageable pour le moment. Nous n'y avions pas songé lors de la construction désastreuse de la bibliothèque en forme de bouquin et, de toute manière, nous ne pouvons l'envisager. Pour la protection des livres, continue le feuillet mensuel des représentantes des lectrices de la Bibliothèque internationale de Bathory, l'accès au jardin demeure impossible malgré nos demandes répétées. La direction dit : Si nous ouvrons les portes du jardin qui donne son nom au sous-sol (rez-de-jardin) comme aux étages (le haut de jardin), on peut craindre que des insectes divers produisent un mouvement de masse inverse à celui des lectrices durant leurs pauses. Des insectes pourraient profiter des allers-retours des lectrices pour s'introduire dans les salles de lecture et déposer des larves ou des chiures sur les pages. Le billet des lectrices poursuit : Le rêve que nous avions d'installer des bancs sur les parties grillagées s'est volatilisé. Vous hochez la tête. Vous êtes d'accord ? Comment ne pas être d'accord avec nos représentantes, nos soeurs de recherche, de rancune et d'insatisfaction, souffrant des mêmes fléaux et dysfonctionnements manifestes de la BiB, et plus précisément du sous-sol ? Vous l'aviez toujours pensé. Pique-niquer parmi les câbles métalliques et les pousses qui se battent en duel au sein du cloître ne vous a pas traversé l'esprit une seule seconde. Pique-niquer joyeusement en compagnie d'amies chercheuses ou étudiantes, un gobelet en plastique de café ou de thé dans la main, le cul enfoncé dans de la terre prélevée dans un champ irradié, ne vous aurait pas semblé alléchant il y a quelques heures. Mais à présent que le billet mensuel des lectrices du sous-sol vous a expliqué combien nous avions été injustement privées, et pour des raisons inexplicables, de joyeux pique-niques parmi les herbes folles les moustiques et les pigeons morts, vous voilà convaincues.
Avouez qu'il y a de quoi être paranoïaque. Au sein même du feuillet publié, financé, diffusé par l'autorité absurde qui règne sur la Bibliothèque internationale de Bathory, nos revendications, qui ne sont pas tout à fait les nôtres, se trouvent inscrites et diffusées dans un billet des lectrices, de façon que, satisfaites que nos revendications et insatisfactions soient traitées, défendues avec clarté et fermeté : Nous continuerons à nous battre, nous ne prenions pas la parole. Nous voyons cela partout. Regardez. Les publicités. N'avez-vous pas remarqué les publicités qui incluent contre-pubs et détournements de pubs ? À la fin du xxe siècle, les détournements de pubs ne se bornaient pas aux slogans dénués de fondement idéologique actuels, du type Marre de la pub. Aux spectacles qui tapissaient les rues, les couloirs, les murs du métro, des gares, qui envahissaient les magazines, les journaux, les images, la radio, certains avaient, à l'aide de stylos, de feutres, de marqueurs, de peinture, décidé d'y inscrire de tout autres messages que ceux diffusés par la société de consommation. AVALE TA LOI ! LES ÊTRES HUMAINS NE SONT PAS DES MARCHANDISES. VIVE LA SEXUALITÉ LIBRE ! À BAS LE TRAVAIL ! LE MARIAGE OU LA VIE ! À BAS L'ETAT, À BAS LES FLICS, À BAS LE FRIC ! NE TUEZ JAMAIS UN FLIC DE FACE ! TOUT ÉTAT POLICIER EST UN ÉTAT CHANCELANT ! À présent, la publicité intègre l'écriture à la main, des similidétournements, de façon à donner l'illusion aux gens que leurs frustrations et doléances muettes sont prises en compte par le spectacle. Ils font partie du spectacle, jusque dans leur colère et leur colère potentielle. Que réclamer après cela ? Qu'ajouter ? Que détourner ? Contre quoi tourner sa colère ? Quelle personnalité affirmer ? Quelle graphie ? Même si je ne voulais pas être paranoïaque, cette société du bonheur béat et creux m'en empêcherait.

Isabelle Zribi, Bienvenue à Bathory (Verticales, 2007, p. 112-115)

voyage en absurdie

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Quelle truculente connerie. Quelle construction grotesque. La Bibliothèque internationale de Bathory, disent-elles. Regardez. Mais regardez comme c'est laid. Monstrueux. Elles ont dépensé des milliards pour élever une construction ressemblant, disent-elles, à un livre ouvert. Quelle pitoyable connerie, une bibliothèque en forme de livre. Pourquoi ne pas l'avoir construite en forme de pomme ? Ça donne la gerbe d'entrer dans un bouquin. On est là pour lire des bouquins pas pour entrer dedans, non. Un p'tit bonbon ? dit L'Hippopo, une vieille habituée de la Bibliothèque internationale de Bathory, coutumière de cette jubilation négative devant la construction monumentale. Contraindre des milliers de personnes à entrer dans un bouquin chaque fois qu'elles voudront trouver un livre rare relève d'un procédé infamant digne des peines médiévales. Entrer dans un bouquin ouvert par la main de Monsieur le Président des Nations européennes ? Ou un bouquin ouvert par la main généreuse de l'actionnaire principale du monopole couvrant la fabrication de bouquins + la production de x chaînes d'Images + du journal généralement lu par les invitées de Bathory ? Quelle connerie, a-hu-rissante connerie. La joie la fait revivre. La Joie sinistre envahit L'Hippopo, qui doit faire partie du clan non organisé des fous de la Bibliothèque internationale de Bathory, une bibliothèque étant toujours fréquentée par une quantité non négligeable de fous.
Un p'tit bonbon ? L'Hippopo est quelqu'un d'important. Elle est vêtue d'un imperméable impeccable et suce des bonbons. Elle porte également un sac en plastique contenant un cahier, un stylo et un étui à lunettes. Elle est professeur dans un pays lointain aux moeurs et normes fort heureusement différentes de celles qui ont cours à la Bibliothèque internationale de Bathory. Elle est gonflée du bonheur qu'il y a à être dans le vrai et à assommer le monde entier de la vérité nue. Nudas veritas. Quelques élues doivent prendre conscience du désastre. Que l'on ne fasse pas semblant de trouver ça beau, intéressant ou commode. Pas commode. Une amie à moi est venue récemment à la Bibliothèque internationale de Bathory. Elle a des difficultés à marcher. Elle est vieux. Elle a des problèmes aux jambes. Elle m'a dit. Elle a raison. Elle m'a dit mais pourquoi ont-elles fait des escaliers ? Pourquoi ont-elles fait un escalier pour monter, pour ensuite devoir en prendre un second pour redescendre ? Elle la nomme la Bibliothèque internationale d'Absurdie. Quelle connerie, convenez-en, vous ne trouvez pas ça beau. Vous ne pouvez pas trouver ça beau, un livre rigide ouvert toujours à la même page.

Voyage en Absurdie, suite. Ce jardin. Ce joli jardin coincé entre les murs de la bibliothèque supposés nous évoquer des pages de livres. Ce cloître. Qu'il est beau et stimulant de marcher, et en marchant de penser, alors que l'on contemple un cloître qui offre à nos yeux diverses métaphores de nos connaissances. Qu'il est clair, qu'il est joli, qu'il est reposant, ce cloître d'arbres hauts coincé au milieu des pages d'un livre. L'image est belle. L'image est grandiose. Des arbres coincés entre les pages d'un livre. Quelle connerie. Vaste connerie. Vous n'allez pas me dire que vous travaillez bien sachant qu'elles ont mis des arbres pour nous cacher le soleil comme si on était les idiots d'une démonstration platonicienne. Elles ont mis des arbres de la montagne à côté d'un fleuve. Nous sommes à côté d'un fleuve et elles ont mis, non pas des arbres généralement plantés à côté des fleuves ou des rivières, non, elles ont planté, elles ont planté des arbres qui poussent généralement en haute montagne. Comment voulez-vous que ces arbres tiennent le coup ? Elles sont par conséquent obligées d'investir dans des câbles métalliques pour empêcher les arbres de s'écrouler sur les vitres de la bibliothèque, qui bordent les tables où nous essayons péniblement de travailler.

Isabelle Zribi, Bienvenue à Bathory (Verticales, 2007, p. 55-57)
(merci cairo de m'avoir signalé ce texte)

Isabelle Zribi est née en 1974
Elle co-anime la revue Action restreinte et a déjà publié M. J. Faust (Comp'Act, 2003)

Dans la Revue X, une vidéo sur fond de BiB.