lignes de fuite

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lundi 23 mars 2009

deux magnifiques numéros deux en ligne

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::: le deuxième numéro de la revue d’ici là, intitulé « Mystérieux travail d’un écart qui s’imprime », vient de paraître, et il est très riche.

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::: le numero 2 de la belle « revue de littérature hypermédiatique » québécoise bleuOrange est également disponible depuis quelques jours.

::: quant à moi je prends cette semaine quelques jours de vacances pendant lesquels je vais essayer de déconnecter, et vous laisse avec quelques extraits d'Histoire de Claude Simon, que je cite trop rarement.
Ne m'en veuillez pas si je tarde à répondre à vos commentaires.

dimanche 22 mars 2009

cet être à part, trop doué, extérieur à la planète

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Quand les choses vont bien, on ne se pose pas de questions sur soi. Même quand ça va mal, la plupart des gens ne pensent pas que leur être profond est à l’origine du problème. C’est pourtant ce que je crois : que c’est moi l’obstacle. Je dois trouver pourquoi ma place est celle d’un obstacle dans le monde. (p. 13)

Je ne tiens pas de journal, je ne parviendrais pas à la faire, je ne pourrais pas écrire comme je pense, poser noir sur blanc tous les secrets de dément qui me traversent sans cesse l'esprit, je suis trop paranoïaque pour oser offrir ainsi à un ennemi futur de quoi me porter préjudice. Et du reste, quelle importance accorder à des idées en lesquelles je ne crois pas et qui s'évaporeront définitivement de mon cerveau dans quelques heures ? Il ne faut écrire que ce qui est intangible en soi. Nous sommes plusieurs dans ma tête et un seul a le droit de parler, celui qui dit ce qui ne changera jamais, celui qui décide de l'avenir. C'est également lui qui enquête à présent sur ce passé dont l'existence est impossible à prouver, mi-légende, mi-souvenir partagé par autrui. (p. 25-26)

Comment a-t-il pu devenir ce que je suis, lui que tout prédestinait à être un autre ? Il était prévisible, il allait devenir un individu utile à la société, un homme franc et apprécié, sûr de lui-même et comblé, confiant dans le futur et connaissant son but dans la vie. Mais quelque chose s'est passé, qu'il est impossible de saisir, il leur a échappé, il leur a glissé entre les doigts, comme le sable, comme l'eau qui ne demeure nulle part stagnante, s'agite, s'évapore ou se solidifie.
Puisque le seul point commun entre jadis et maintenant, le seul être à avoir assisté à tout ce que j'ai vécu, c'est moi, je devrais pouvoir dire pourquoi. Mais je l'ignore. Je n'ai pas pris de notes, pas fait de filature. J'envie l'artiste Sophie Calle, qui en se scrutant sans cesse, a mis sa vie personnelle sous le microscope de ses œuvres. Un jour, dans les années 1980, elle demande à sa mère de la faire espionner par un détective privé qui lui rendra un rapport de filature qu'elle exposera en parallèle de son journal intime, pour souligner l'écart. Mais elle avait joué avec lui, se sachant suivie. Je voudrais avoir été suivi sans savoir que je l'étais.
Je voudrais que quelqu'un sonne à ma porte et me remette une épaisse enveloppe kraft contenant les documents de mon dossier de filature. Mais pas un dossier approximatif, pas un simple rapport de détective privé ou une courte fiche de Renseignements Généraux, non : je voudrais la vérité. À quoi occupais-je mes journées en dehors de l'école durant les années 1974-1984, et quels amis je voyais si j'en voyais. Je sais qu'il me manque des morceaux, que j'ai raté un épisode de ma vie et que la suite de ce qui se passe, souvent, n'a pas de sens parce qu'elle ne peut s'expliquer. Les rêves, ça a été ça, sans arrêt : je rêvais parce que mon esprit voulait trouver des causes. Pourquoi j'étais devenu cet être à part, trop doué, extérieur à la planète. (p. 35-37)

Marc pautrel, Je suis une surprise (Atelier In8, « Alter & Ego », 2009)

Qui est Marc Pautrel, dont le premier blog s’intitulait « La littérature » ? « détective de son improbable existence », il le révèle aujourd’hui sans embages dans ce livre : « une surprise » !

Marc Pautrel est né en 1967. Il a publié auparavant :
Ce métier de dormir (Confluences, 2005)
et La vie des écrivains classiques (publie.net, 2008)

::: en ligne voir son site, son blog, Ce métier de dormir, et, tout nouveau, un « carnet » d'écriture.

Je suis une surprise est le deuxième livre de la belle collection Alter & Ego dirigée par Claude Chambard aux éditions de l’Atelier in8.

samedi 21 mars 2009

je suis le 135ème 807

Lorsque je me suis enfin décidée, il y a près d’un mois, à apporter ma contribution au projet 807 que Franck Garot expose ici, la liste d’attente était déjà très longue !

L’aphorisme que j’ai alors proposé :

J'ai tracé 807 lignes de fuite, puis je me suis arrêtée ; elles étaient tout emmêlées...

porte le numéro 135 et il est paru ce matin à 8h07, une heure de publication bien improbable pour qui me connaît un peu ; je me demande bien dans quelle langue est le titre, très joli : « Százharmincöt » ...

Plutôt que d’attendre 3 mois de plus pour arriver au triptyque de Chevillard (qui justement s'alarme aujourd'hui du peu de temps qui reste !), j’en ajoute deux ici-même :

J’ai lu les 807 premières pages de la Recherche, puis je me suis arrêtée ; assez de temps perdu.

J’ai écrit les 807 premiers mots du grand roman que tout le monde attend, puis je me suis arrêtée : à quoi bon un roman que tout le monde attend.

vendredi 20 mars 2009

je ne rêve pas de devenir critique littéraire

Trouver, rencontrer, voler, au lieu de régler, reconnaître et juger. Car reconnaître, c'est le contraire de la rencontre. Juger, c'est le métier de beaucoup de gens, et ce n'est pas un bon métier, mais c'est aussi l'usage que beaucoup de gens font de l'écriture. (...) La justice, la justesse, sont de mauvaises idées. Y opposer la formule de Godard : pas une image juste, juste une image. C'est la même chose en philosophie, comme dans un film ou une chanson : pas d'idées justes, juste des idées. Juste des idées, c'est la rencontre, c'est le devenir, le vol et les noces, cet « entre-deux » des solitudes.

Gilles Deleuze ; Claire Parnet, Dialogues (1977, réed. Flammarion Champs, p. 15)

Le Salon du livre a cette année découvert l’existence des blogs de lecteurs, mais cela a été le plus souvent pour les dénigrer, l’attitude la plus courante consistant à dire que oui, bien sûr, il existait quelques « véritables » critiques littéraires en ligne, par exemple ceux qui l’étaient déjà avant, mais qu'ils surnageaient dans un océan de n’importe quoi, l’essentiel des blogueurs étant illégitimes (pas validés par une autorité), carriéristes (beaucoup espèrent devenir de « vrais » critiques), superficiels, bavards, bêtement fans, narcissiques, etc. etc.

Puisque lignes de fuite appartient (plus ou moins) à cette catégorie, et toutes ces critiques me paraissant relever d'une méconnaissance absolue, je tiens à préciser que pour ma part :

- je ne rêve absolument pas de devenir critique littéraire, car je n’aime pas du tout le côté normatif de cette activité : je ne souhaite pas juger et ne pense pas que mes goûts doivent être ceux de tous ; cela me désobligerait même beaucoup que cela soit le cas.

- je n’essaie donc pas d’écrire des critiques littéraires (je m’efforce, même, de ne pas en écrire) mais juste de faire passer des morceaux de textes, des images et des liens, tout en donnant par quelques mots l’envie d’aller y voir de plus près, si affinités.

- je parle donc essentiellement des livres et des sites que j’aime, ne voyant pas l’intérêt de parler des autres, sinon par masochisme ou, attitude plus répandue, pour s’ériger en juge sévère et craint façon Rinaldi, Naulleau, ou Stalker.

- que je ne fais pas court par défaut mais par choix : pour laisser la place aux textes ; car en tant qu’internaute, je lis rarement les billets qui excèdent un écran ; car, plus généralement, je pense qu’il est souvent plus facile de faire long que de faire court.

::: J’ajoute que je suis heureuse et infiniment honorée que mes lignes de fuite soient l’un des sites favoris d'Éric Chevillard !

jeudi 19 mars 2009

rencontres du troisième type

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Le Salon du livre est terminé : 198 150 visiteurs ... et moi et moi et moi … ?

Comme tout le monde, j’en ai rapporté quelques livres (tout de même!) et quelques badges (collector!) « Je lis la Princesse de Clèves ».

J’y ai aussi retrouvé ou rencontré pour la première fois des « amis » virtuels et/ou facebookiens (puisque j’ai depuis 3 mois déjà accepté de mettre ma photo dans ce lieu de perdition et que maintenant certains me reconnaissent) : Isabelle, Anne, Gilda, Martine, Daniel, Pierre, Virginie, Sébastien … et d’autres qui n’ont pas de site.

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Autre rencontre du troisième type, et très bon moment, dimanche soir : le mini-concert des deux zygotos de la Chanson du dimanche, que je suis de longue date en ligne.

Et puis j’ai trouvé que pour la première fois cette année, internet occupait une vraie place dans le salon, et animait (pour le meilleur et pour le pire, il faut le dire) conversations et tables rondes : il était temps !

mercredi 18 mars 2009

la nature du roman, si elle était connue

La nature du roman, si elle était connue, les romans seraient écrits par des fonctionnaires. Les thèmes des romans seraient enregistrés sur logiciel, les romans composés par ordinateur. La nature du roman est inconnue. Elle fuit sous l'esprit de celui qui écrit le roman comme la femme fuit, tout en s'abandonnant aux mains de son amant, tandis que sa propre imagination divague. La nature du roman est l'absence. Le roman n'est pas seulement mobile, il est mouvant, il se transforme en même temps qu'il se déroule, il ignore à jamais le prochain mot. La nature du roman est l'infini. Le roman est l'autobiographie en acte. Le romancier est une création de chaque instant. Il dit « Je » pour mentir. Il s'affirme homme et femme, ange et monstre, jeune homme et vieillard. Il meurt autant de fois qu'il faut. Il aime infatigablement. La nature du roman est le sexe. Le roman est un acte sexuel. La nature du roman est une femme rousse, dans une salle obscure, qui convoite un acteur de cinéma. « Tout à l'heure, chez moi, Lexington Avenue. » Elle ferme les yeux et s'enfonce les ongles dans les paumes. La nature du roman est un vieil homme, assis sur un pliant, la nuque protégée du soleil par un mouchoir, qui regarde, immobile, le paysage poussiéreux. Il boit une orchiatta, que lui apporte un jeune garçon de café, en qui il croit vaguement se reconnaître, et tirant de sa poche un carnet, il tente de noter un souvenir qui vient de lui traverser l'esprit. Sa main tremble. La nature du roman est la guerre entre le désir et la mémoire, entre l'écriture et le temps. La nature du roman est l'impossible.

Pierre Bourgeade, La nature du roman (Pauvert, 1993, p. 18-19)

Pierre Bourgeade, né le 7 novembre 1927 est mort il y a quelques jours, le 12 mars 2009, et a été enterré aujourd'hui.

Un site lui rend hommage.

mardi 17 mars 2009

ajouter du bavardage narcissique et carriériste à la cacophonie illégitime

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lundi 16 mars 2009

dans le texte et dans le web

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::: « d@ns le texte », la nouvelle émission littéraire d’Arrêt sur images, diffusée uniquement en ligne et animée par Judith Bernard, assistée par Éric Naulleau et Frédéric Ferney. Le premier numéro consacré à L’ordinaire de Michel Vinaver, actuellement mis en scène à la Comédie française, est très réussi ; et 54 minutes consacrées à parler de manière approfondie d'un livre avec son auteur, ce n'est plus très fréquent dans les médias.

::: « Parlons net » parlait « Livre & web » ce samedi : beaucoup de bêtises, notamment concernant les blogs littéraires (seul Hubert Artus semble se poser les bonnes questions) mais quelques pistes ou informations intéressantes (on apprend par exemple que Pierre Assouline n’a vendu que 932 exemplaires de sa compil' de commentaires !)

post-scriptum : l'avis de David Abiker

dimanche 15 mars 2009

ménager des vacuoles de solitude et de silence

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La bêtise n'est jamais muette ni aveugle. Si bien que le problème n'est plus de faire que les gens s'expriment, mais de leur ménager des vacuoles de solitude et de silence à partir desquels ils auraient enfin quelque chose à dire. Les forces de répression n'empêchent pas les gens de s'exprimer, elles les forcent au contraire à s'exprimer.

Gilles Deleuze, Pourparlers (Minuit, 1990, p. 177)

Depuis hier l’interface Facebook a changé et, dans la petite case où chacun écrit à peu près n'importe quoi (ce qui est parfois très drôle) le « Que faites vous en ce moment ? » a été remplacé par un « Exprimez-vous : » comminatoire qui me tétanise. J’envisage de proposer Facebook de me reparler en anglais, afin qu’il me demande, avec davantage de délicatesse, trouvé-je : « What's on your mind ? »

plus rien ne s'oppose à la nuit rien ne justifie

::: Volutes
::: Madame rêve
::: La nuit je mens
::: Sur un trapèze

samedi 14 mars 2009

sans contrefaçon je suis un blogueur

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La « blogosphère du livre » publiée dans l'hebdo Vendredi (que j’achète pour la première fois car j’ai tendance a être un peu allergique à cette idée de récupération du web par le payant et le papier journal qui tache les doigts ... et puis quelle drôle d’idée que ce format long impossible à lire et à ranger) réussit à faire râler à la fois François Bon, parce qu’il y est sous forme d’amibe, et Juan Asensio, parce qu’il n’y est pas et que François Bon y est.

Il y manque, c'est un fait, de nombreux blogs que j’apprécie et l’ensemble est un peu bâclé et fouillis, mais cette cartographie a le mérite de ne pas être trop limitée, contrairement à celle de seulement 20 blogs du Magazine des Livres (où Juan Asensio figure). Pour compléter, je vous conseille, moi aussi (!), mes agrégateurs de fils rss sous netvibes et google reader.

Je suis dans la « blogosphère du livre » (en bas à droite), et pas sous forme d'amibe, mais la description de lignes de fuite me désoblige quelque peu, puisque j’y apprends que je suis un « blogueur », et qui plus est que je sélectionne « pieusement » (quelle horreur!) mes citations ... quant au smiley, il ne fait pas la gueule, il signale tous les blogs de lecteurs.

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vendredi 13 mars 2009

mais qui est donc valclair ?

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Un autre feuilleton, au suspense insoutenable, à signaler.

L'Association pour l'Autobiographie, présidée par Philippe Lejeune, tient sa table ronde publique annuelle, sur le thème « intime, privé, public », à l’Ecole Normale Supérieure (45 rue d’Ulm) ce samedi 14 mars, de 14h30 à 17h30.

Si vous lisez le blogueur Valclair, qui depuis 2003 tient en ligne son journal personnel, vous savez qu'il est aussi apaïste, et qu'il a décidé, après moultes cogitations et mêmes cauchemars, d’y parler pour la première fois de cette pratique, en dévoilant de fait son identité de la vraie vie : voilà qui s'appelle vivre pleinement le thème de son intervention !

Participeront aussi à la table ronde l’historienne Michelle Perrot et les écrivains Marie Chaix et Philippe Vilain.

::: Je profite de ce billet pour signaler le dernier numéro de la revue de l’APA, La faute à Rousseau, qui a pour thème les « Villes » et où l’on retrouve Martine Sonnet.

plus belle la littérature

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Pendant le Salon du livre, aussi, rendez-vous chaque matin avec publie.net sur arte.tv : le premier des six auteurs (bravo pour l’exemplaire parité !) à s’y coller est Eric Chevillard pour Autofictif (et omnivore), où, après le premier volume paru chez L'arbre vengeur, on retrouve les trois mois suivants de L’autofictif ; l'auteur, rompu de longue date à l'auto-ironie, y écrit ce soir : « Il publie un recueil de morceaux choisis extraits du florilège compilé dans l’anthologie tirée de son œuvre, et de même ne vient-on jamais tout à fait à bout d'un savon. »

::: le feuilleton est à suivre demain avec Martine Sonnet

jeudi 12 mars 2009

promus geekrivains

À l’occasion du Salon du livre, fleurissent les articles concernant les pratiques en ligne des écrivains, promus « geekrivains », et les tentatives de cartographie de ce nouveau monde :

::: Hubert Artus « Blog, Facebook, MySpace : des romanciers devenus geekrivains » (Rue 89)

::: La « blogosphère du livre » du Motif et de Vendredi, publiée en avant-première par François Bon

::: le traditionnel Libération des écrivains par la Laureli team

post-scriptum

::: dans le Magazine des Livres, également, « Vingt blogs littéraires incontournables », par Eli Flory, avec en tête de liste l’excellent Bartleby les yeux ouverts, dont je jalouse le titre de longue date !

mercredi 11 mars 2009

black-out

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::: le site des « cinq gus dans un garage qui font des mails à la chaîne »

consortium de falsification du réel (suite)

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Le prix France Culture/Télérama 2009 à été attribué à Antoine Bello pour son roman Les Éclaireurs, paru le 5 février chez Gallimard ; il s’agit de la suite des Falsificateurs, paru en 2007 chez le même éditeur.

Le prix France Culture/Télérama avait été décerné auparavant à François Bégaudeau (Entre les murs, Verticales) en 2006, à Régis Jauffret (Microfictions, Gallimard) en 2007 et à Véronique Ovaldé (Et mon cœur transparent, L’Olivier) en 2008.

::: en entretien avec Bernard Strainchamps (Bibliosurf)
::: un entretien vidéo avec Sylvain Bourmeau (Mediapart, 10 mars 2009)

::: Raphaëlle Rérolle, « Les Éclaireurs, d'Antoine Bello : l'art du ton juste » (Le Monde, 26 février 2009)
::: Minh Tran Huy, « Antoine Bello, l'usine à illusions » (Le Magazine littéraire, février 2009)
::: Marie-Hélène Chabert, « Les Éclaireurs » (Télérama, 14 février 2009)

mardi 10 mars 2009

tous doivent passer avant nous

Le livre, comme livre, appartient à l’auteur, mais comme pensée, il appartient - le mot n’est pas trop vaste - au genre humain. Toutes les intelligences y ont droit. Si l’un des deux droits, le droit de l’écrivain et le droit de l’esprit humain, devait être sacrifié, ce serait, certes, le droit de l’écrivain, car l’intérêt public est notre préoccupation unique, et tous, je le déclare, doivent passer avant nous.

Victor Hugo, 1878 - Discours d’ouverture du congrès littéraire international.

de dangereux malfaiteurs

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lundi 9 mars 2009

je ne veux pas être une serpillière

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Je ne fais pas le poids.
Naître fille : persécutée opprimée par mes parents, violée tuée par des passants.
Plus tard, je veux être un garçon, un homme.
Je le clame haut et fort : « Une femme amoureuse devient bête, perd la tête, est une machine molle. »
Femmes archétypales : celle qui au chômage vit des aides de l’État, pond des enfants ; celle qui avec un petit boulot cherche le soutien des hommes, rit à toutes leurs blagues ; celle qui est déjà morte.
« Comment dois-je agir pour échapper à ces images ? Je ne veux pas être une serpillière.
- Tu ne seras jamais une serpillière. »
Les femmes des tropiques, leur sang chaud, leur rythme dans la peau.
« Je refuse d’être assimilée à ces noires. »
Ça ne l’étonne même pas. (p. 43)

Le temps n'est pas cette belle chose linéaire : il est cyclique et devant moi vient fréquemment se casser la gueule la première : il appartient à quiconque se baisse pour le ramasser.
La face de traviole, à une encablure de l'autre côté à l'autre bout du monde, ces quelques centimètres.
Politisation. Falsification. Enseigner l'histoire. Ce qu'on apprend aux vaincus. Spasmes. Je me tourne vers la doite. Le cerveau fixe, le reste du corps, sa giration autour de cet axe. (p. 143)

Béatrice Rilos, Is this love (Le mot et le reste, 2009)

Pour prolonger la déplorable « journée de la femme », un très beau livre qui tente, de réécriture en réitérations, de réinventer ce que c’est qu’être femme et être noire, originaire de l’« île-de-France » et des Antilles.

Béatrice Rilos est née en 1979 ; elle est aussi plasticienne et a publié :
- Enfin on fera silence (Seuil, « Déplacements », 2007)
- et Ou les élections (publie.net, 2009)

Elle est également l’auteur d’un beau blog : erratique

dimanche 8 mars 2009

je ne suis pas une minorité

::: « c'est tout les 8 mars pareil » par Chimulus

::: en post-scriptum et en contrepoint, « la petite flemme du dimanche » de Martin Vidberg

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