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vendredi 16 novembre 2007

prix de Sainte-Catherine-sur-mer

Le prix du Roman France Télévisions, l’un des derniers prix de cette rentrée, a été attribué hier à Olivier Adam, qui avait déjà reçu le Premier prix, pour À l'abri de rien (L'Olivier).

Quant au prix de Sainte-Catherine-sur-mer, il reviendra (peut-être) à Christophe Donner.

Et, en prime, la vidéo de la remise du Prix Wepler à Olivia Rosenthal et Louise Desbrusses, lundi dernier.

jeudi 15 novembre 2007

syndrome de Sirius

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Ce n'était peut-être pas le jour idéal - même en zoomant depuis Sirius sur notre petit hexagone presque « en guerre » où les « usagers » sont forcément « pris en otage » par des « ringards » - pour intéresser la presse à un appel au « soulèvement » face au scandale des prix littéraires !

Et puis je persiste à déplorer la présence sur la liste alternative de Léo Scheer (pas si mal fréquentée par ailleurs!) de Christophe Donner, qui va même en faire un roman : à tout prendre, je préfère la réaction plus légère de David Foenkinos, évincé lui aussi et qui n'en fait que l'amorce de billet.

Un autre palmarès alternatif, celui de JLK, « Chacun mes prix ».

lundi 12 novembre 2007

prix de la vraie vie

13h : bof ...

Prix Medicis : Jean Hatzfeld pour La stratégie des antilopes (Seuil)
Prix Femina : Éric Fottorino pour Baisers de cinéma (Gallimard)
Goncourt des lycéens : Philippe Claudel pour Le rapport de Brodeck (Stock)

19h : c'est beaucoup mieux !

Le prix Wepler-Fondation La Poste sera remis à 20 heures à Olivia Rosenthal pour On n’est pas là pour disparaître (Verticales)
et une mention spéciale attribuée à Louise Desbrusses pour Couronnes, boucliers, armures (POL).

François Bon et Le Monde avaient raison de faire confiance au jury, présidé par la libraire Marie-Rose Guarnieri, de ce prix qui fête ses dix ans et a toujours été attribué à des livres de qualité.

post-scriptum du mardi 13 novembre à 13h :

Prix Interallié : Christophe Ono-dit-Biot pour Birmane (Plon)

prix lignes de fuite

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Puisque la mode est cet automne à l’attribution de Prix B, je déclare que le Prix lignes de fuite est attribué, à l’unanimité avec moi-même et sans qu’il soit besoin de multiplier les tours de scrutin, à Éric Chevillard pour Sans l’orang-outan (Minuit), l’ensemble de son œuvre et m’avoir fait beaucoup rire avec son « feuilleton » Goncourt dans L’Autofictif.

Toutefois, l’unanimité avec moi-même étant une ligne que je ne suis jamais parvenue à tenir très longtemps, ce dont j'ai la faiblesse de penser qu'Éric Chevillard ne me tiendra pas rigueur, j’ajoute trois ex-aequo qui m’ont également impressionnée cette rentrée :
- Olivia Rosenthal pour On n’est pas là pour disparaître (Verticales)
- Éric Reinhardt pour Cendrillon (Stock)
- Hélène Frappat pour Agent de liaison (Allia).

post-scriptum :
un quatrième prix ex-aequo à Didier Da Silva pour Hoffmann à Tôkyô (Naïve) et pour lui remonter le moral (c'est ça l'interactivité blogosphérique !)

Plus sérieusement les indignations, accusations et gesticulations actuelles autour des prix deviennent trop habituelles pour ne pas faire partie du plan promo de toute rentrée littéraire qui se respecte. La polémique est un simple accessoire, au même titre de La société de consommation sur une photo publicitaire aux abdos trop parfaits pour ne pas être photoshopés de Beigbeder. Les stratégies des uns et des autres m’amusent donc plus qu’elles ne m’indignent ; m’énerve bien davantage la bonne conscience pleine de mauvaise foi de ceux dont l’indignation est aussi de l’auto-promotion, qui se révèle d'ailleurs efficace : le livre de Christophe Donner est dans certaines librairies placé aux côtés de ceux qui ont reçu un prix !

Aujourd’hui lundi 12 novembre, nouvelle salve de prix (avant l'Interallié mardi 13 et le Roman France Télévisions jeudi 15) : le Médicis (dans la sélection, je vote pour Antoine Volodine et François Bon !), le Femina, les Goncourt et Renaudot des lycéens, ainsi qu'un prix qui n’a que (ou déjà) dix ans et dont on peut encore attendre un vrai choix, le prix Wepler – Fondation La Poste : Olivia Rosenthal, Hélène Frappat, Philippe Vasset, Louise Desbrusses, Linda Le, etc. figurent dans la sélection.

mercredi 7 novembre 2007

talent méconnu

« Le Prix de Flore fut fondé le 10 mai 1994 dans le but de couronner un auteur au talent "prometteur". Les critères de sélection étant l'originalité la modernité et la jeunesse. Composé de 13 journalistes - aux opinions diverses et variées - le jury se distingue par son indépendance, sa liberté, son insolence. »

Il couronne cette année Amélie Nothomb pour Ni d’Ève ni d’Adam, chez Albin Michel ... souhaitons que ce prix si insolemment décerné à un talent méconnu lui permette d’atteindre un large public !!

mardi 6 novembre 2007

paysage avec ruines (suite)

Le prix Décembre 2007 a semble-t-il été attribué comme prévu à ... Yannick Haenel pour Cercle, publié chez Gallimard (!), dans la collection L'Infini dirigée par Philippe Sollers (!)... il va falloir que j'essaie de le terminer.

post-scriptum : demain, encore un prix, le prix de Flore : pour continuer chez Gallimard, je suggère de le décerner à Technosmose de Mathieu Terence, qui est un bon livre.

paysage avec ruines

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L’appel de Léo Scheer au « soulèvement de la blogosphère » et à la création de prix littéraires alternatifs ne me convainc guère.

En effet tout à l’heure c’est le tour du prix Décembre, jadis « Novembre » qui se voulait au départ « une sorte d'anti-Goncourt. En pleine période de remise des prix d'automne, il tente de diriger les projecteurs de l'actualité littéraire sur un livre, roman ou essai, publié en marge des circuits commerciaux. »

Je voterais volontiers, dans la sélection retenue, pour le Cendrillon d’Éric Reinhardt, mais Nelly Kapriélian (Inrocks, 621, 23 octobre) m’enlève mes illusions :

« (…) on annonce déjà que c’est lui (Yannick Haenel) qui recevra le prix Décembre 2007, confortablement doté de 30 000 euros, puisque son éditeur, Philippe Sollers, qui est aussi membre du jury de ce même Décembre (eh oui !), a réussi à faire éliminer son seul concurrent sérieux, encore une fois l’auteur de Cendrillon. Ajoutons que parmi les jurés du Décembre, on compte aussi Frédéric Beigbeder, Arnaud Viviant et Dominique Noguez, tous trois très attachés à Sollers (…) »

Pour en rajouter dans ce tableau sinistré, je lis ce constat désabusé de Jean-Michel Maulpoix :

« Il n’y a plus de place dans la France d’aujourd’hui pour une revue littéraire trimestrielle de qualité paraissant chez un éditeur de taille modeste, disposant de peu de moyens et peu soutenu par les institutions nationales ou régionales.

Une centaine d’abonnés et quelques ventes en librairie ne suffisent pas pour maintenir en vie cet objet désormais perçu comme archaïque par beaucoup. Si l’on ajoute à cela le désintérêt complet des médias pour une publication qui ne transporte pas dans ses pages l’esprit de polémique mais qui se montre simplement soucieuse de garder vivante et présente une certaine idée de l’écriture supposant autant d’exigence et de rigueur que d’esprit d’ouverture, alors on comprend que 23 ans d’existence c’est déjà beaucoup : presque un miracle !

On arrête. Le numéro 85 qui sortira dans quelques semaines sera le dernier numéro « papier » du Nouveau recueil.

On arrête. Mais on continue. Avec les moyens du temps : une nouvelle revue électronique sera bientôt en ligne (…) »

Bienvenue, donc, et très longue vie au Nouveau Recueil en ligne.

Et un extrait (tout frais) du blog d'Éric Chevillard pour apprendre ce qui s'est vraiment passé (et en rire!) :

« Il aura donc fallu que je les menace de sanglantes représailles et de veiller moi-même désormais sur leur lente agonie ; puis encore que je leur laisse entendre en jouant avec un couteau que je connaissais les noms et les adresses des écoles fréquentées par leurs arrière-petits-enfants : les jurés Goncourt ont finalement renoncé à m’attribuer leur prix et reporté leur vote au hasard sur un pauvre zigue qui traînait dans le coin. Je lui présente toutes mes excuses, mais chacun pour soi dans la jungle des Lettres. »

lundi 5 novembre 2007

ne l'ébruitez pas !

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Sans rapport avec Henri Michaux (quoique...) le prix Goncourt 2007 vient d'être très secrètement décerné à Éric Chevillard ... mais ne l'ébruitez pas !

Sans doute pour éviter à Chevillard un sort cruel, Didier Decoin vient d'annoncer que le Goncourt était « officiellement » attribué comme annoncé à Gilles Leroy pour Alabama Song, publié par le Mercure de France (un petit éditeur indépendant encore !).

C'est Daniel Pennac qui décroche le Renaudot 2007 pour Chagrin d'école (chez Gallimard !)

samedi 27 octobre 2007

le sixième homme

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Bientôt novembre, les prix fleurissent comme les chrysanthèmes :

Le 10 octobre, l’écrivain et journaliste Pierre Assouline a remporté le 21e Prix de la Langue française pour Le Portrait (Gallimard).

Ingrid Thobois a obtenu le Prix du Premier Roman pour Le roi d’Afghanistan ne nous a pas mariés, paru chez Phébus.

Le Grand prix du roman de l'Académie française a été attribué jeudi 25 octobre à Vassilis Alexakis pour son livre Après J.C. (Stock).

Treize livres (parmi lesquels plusieurs très bons livres) ont été sélectionnés pour le Prix Wepler – Fondation La Poste, onze pour le Prix Décembre et sept pour le Prix de Flore.

Ont été également publiées de nouvelles sélections pour le Medicis, le Femina, le Renaudot et l’Interallié.

Quant à la dernière sélection du Goncourt, elle a été proclamée aujourd’hui lors de l'ouverture de la Foire du livre de Brive.
Restent officiellement en lice :
Olivier Adam : À l'abri de rien (L'Olivier)
Philippe Claudel : Le rapport de Brodeck (Stock)
Clara Dupont-Monod : La passion selon Juette (Grasset)
Gilles Leroy : Alabama Song (Mercure de France)
et Michèle Lesbre : Le canapé rouge (Sabine Wespieser)

Cette sélection comporte cinq titres, soit un de plus que d'habitude : une manière subtile, pour les membres du jury, de continuer à dissimuler le sixième homme, leur grand favori : Éric Chevillard !

post scriptum : le « sixième homme » confirme aujourd’hui !

samedi 15 septembre 2007

orages à venir

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Un dernier (il ne faut point abuser des belles choses) mont Fuji, au pied duquel l’averse se déchaîne ... comme métaphore des orages à venir dans le milieu littéraire.

Les premières sélections des principaux prix de l’automne ont en effet été rendues publiques : le Goncourt et le Renaudot seront décernés le 5 novembre ; le Femina et le Médicis, le 12 novembre ; voir encore le prix Wepler-Fondation la Poste, attribué le 12 novembre.

Il y a de bonnes surprises, par exemple la présence d'Olivia Rosenthal (un très beau livre, que je suis en train de lire) dans la sélection du Goncourt.

À signaler aussi ... même s'il s'auto-proclame sans rire « premier portail communautaire sur l’actualité des livres » !?.. la création du « site littéraire du NouvelObs » : BibliObs

jeudi 16 août 2007

premier prix

La « rentrée littéraire » approche, et dans une semaine tout juste, le 23 août, les premiers livres afflueront sur les tables des libraires.
Du point du vue de la communication, ce n’est donc pas une mauvaise idée d’attribuer un prix dès maintenant : sur la très germanopratine île de Ré, lors du salon de l'Ile aux Livres, Madeleine Chapsal, Patrick Poivre d'Arvor et Emmanuelle de Boysson ont fondé un nouveau prix littéraire pour distinguer en avant-première un roman de la rentrée : le Premier Prix.
Le 10 août, le jury a décerné le prix à Olivier Adam pour son livre À l’abri de rien (à paraître le 23 août aux éditions de l’Olivier).

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Adam, Olivier est né en 1974 en banlieue parisienne).
Il a déjà publié :
Je vais bien, ne t'en fais pas... (Le Dilettante, 2000)
À l'ouest (L'Olivier, 2001)
Poids léger (L'Olivier, 2002)
Passer l'hiver, nouvelles (L'Olivier, 2004)
Falaises (L'Olivier, 2005)

jeudi 19 juillet 2007

du début à la fin ou de la fin au début

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Longtemps, nous avons résisté à diverses pressions et refusé de céder trop facilement à d'extravagantes demandes. Par exemple, on nous avait demandé un mode d'emploi pour lire décapage. Ça nous semblait tellement incongru qu'on avait d'abord cru qu'une poignée de godelureaux morbihannais nous voulait du mal. Comme nous ne pouvions tolérer de nous faire mener en bateau par de tels individus, nous avons feint l'indifférence. On pensait qu'ils ne donneraient pas suite. Erreur ! C'était sans compter sur leur acharnement. Un jour, c'est tout le Sud-Ouest qui a fait pression pour connaître la bonne attitude à adopter face à décapage. Et ensuite l'Est, pour qu'on explique le sens de lecture qui convient le mieux à la revue. Et même la Belgique s’y est mise pour qu'on explicite deux trois traits d'esprit. Il fallait donc prendre la chose en considération. Nous nous sommes installés autour d'une table, mais comme nous n’avions pas de table, nous nous sommes avachis dans de profonds fauteuils. L’ordre du jour était sérieux et jamais un comité de rédaction n'a été aussi grave. Quelqu'un a dit : « Faudrait attendre Jean pour commencer», mais comme il n'y avait pas de Jean, personne ne l’a attendu. Et heureusement, parce qu’on peut dire aujourd'hui qu'aucun Jean n’est jamais venu au comité de rédaction. Pour La moitié de l'assistance, il convenait de préciser aux lecteurs qu'il fallait lire décapage en commençant par le début, ce qui a vivement contrarié les adeptes de la lecture inversée. Comme c'était Le premier point de discorde, on a tout de suite organisé un vote, précisant que la majorité l’emporterait. Malheureusement, personne ne s'y attendait, on obtint une égalité parfaite. Devant un tel équilibre, il convenait de ne pas perdre la face. On organisa un second tour, imaginant sans doute que des adeptes de la lecture inversée recouvreraient la raison et rallieraient l'autre camp. Ou l'inverse, puisque la balance pouvait pencher d'un côté ou de l'autre, du moment qu'elle penchait. Résultat égalité parfaite, encore une fois. Ce qui surprit plus d'un votant puisque, de leurs propres aveux, certains avaient changé leur fusil d'épaule. Ne voulant pas perdre de temps avec ce premier point, un compromis qui sembla contenter tout le monde fut trouvé. On nota donc : 1) décapage se lit indifféremment du début à la fin ou de la fin au début. Tout Le monde paraissait satisfait. On proposa même d'en rester là pour cette séance, prétextant une partie de badminton à terminer. Mais l'excuse fut décrétée irrecevable par les joueurs d'échecs qui, eux, n'avaient aucune partie en cours. On passa donc au second point : comment être publié dans décapage. Cette question passionne les jeunes filles âgées de vingt-quatre ans, du signe du verseau, qui plus est, du premier décan. Une étude scientifique qui a coûté une fortune nous a appris cela. On lança à la volée qu'il fallait payer pour publier dans décapage, ou coucher, ou payer et coucher, ce qui n'amusa personne puisqu'avec de tels propos on avait bien conscience de ne pas faire avancer le débat. Certains voulaient fermer la rédaction sur elle-même, d'autres, au contraire, souhaitaient qu'elle reste ouverte à tous. En six ans, rappela quelqu'un, décapage a tout fait pour ne pas s'asphyxier, multipliant les participations étonnantes, déjouant tout esprit de copinage. Pareils propos gonflèrent les poitrines, et on insista pour noter ce deuxième point ainsi : 2) Nous lisons avec la même attention tous les textes qui font moins de 12000 signes, qu'ils soient écrits par un académicien ou un plumitif de Perros-Guirec. À ce stade de la réflexion, un sentiment de grande satisfaction planait au-dessus de nos têtes. Un peu comme si on venait de réussir en un temps record la montée du mont Ventoux à bicyclette, avec un vent défavorable. Avant de réfléchir au troisième point, on proposa un jeu stupide pour se détendre puisqu'une tension palpable s'était petit à petit installée. Il fallait imiter des tableaux. Rien de plus divertissant que ce jeu ! Le premier imité fut « Le Cri » de Munch. Aucun mérite : c'est une œuvre facile à reproduire, il suffit d'appliquer ses mains sur ses joues et d'ouvrir grand la bouche, La réponse fut unanimement donnée dans un même élan. Ensuite, on vit : « La Jeune fille à la perle » de Johannes Vermeer, « Autoportrait à l'oreille coupée » de Van Gogh et un Picasso que personne n’a vraiment reconnu. L’un de nous s'est vexé : on ne reconnaissait pas non plus son Dali. Il était temps d'arrêter le jeu. Il nous restait encore beaucoup de choses à voir. On s'attaqua au prix de la revue. Deux théories s’opposaient. La première : maintenir un prix modique de 3 euros, pas plus, pour faciliter l’achat d'impulsion dans les librairies qui nous diffusent. Quelqu'un de plus fourbe que les autres rappela que seules deux librairies nous diffusaient et que franchement on pouvait passer à 7 ou 10 euros. C'est aussi l'avis de tous ceux qui reçoivent pour une raison ou une autre gracieusement la revue. Ils ne trouvent pas son prix assez élevé. On voit bien que ce n'est pas eux qui font le chèque pour l'abonnement. Cela dit, on argumenta en ce sens : deuxième théorie. On rappela que les libraires rechignaient à prendre la revue en dépôt puisque sur 3 euros ils ne gagnaient pratiquement rien. On contre-argumenta : des revues à 15 euros il y en a plein les étalages, c'est bien la preuve que personne ne les achète. La revue n’est pas là pour satisfaire les libraires ou le rédacteur en chef. Il était temps de conclure sur ce point. On nota : 3) décapage s'adresse aux lecteurs, c'est pour ça que son prix est modique. Même si ce numéro passe à 5 euros, modéra quelqu'un.
À suivre.

Décapage, 31, juin 2007, p. 4

Quant aux splendides couvertures de la revue Décapage, elles sont dues au photographe Baudoin : pour voir d’autres photos de « Parisiennes » (et autres), son site est là.

dimanche 4 février 2007

l'auteur est mort

Comme institution, l'auteur est mort : sa personne civile, passionnelle, biographique, a disparu ; dépossédée, elle n'exerce plus sur son œuvre la formidable paternité dont l'histoire littéraire, l'enseignement, l'opinion avaient à charge d'établir et de renouveler le récit : mais dans le texte, d'une certaine façon, je désire l'auteur : j'ai besoin de sa figure (qui n'est ni sa représentation, ni sa projection), comme il a besoin de la mienne (sauf à « babiller »).

Roland Barthes, Le Plaisir du texte (Œuvres complètes, Seuil, 2002, tome IV, p. 235)

Sous le titre « qu'est-ce qu'un auteur ? » (qui était déjà celui d'une conférence célèbre de Michel Foucault en 1969), François Bon rend compte sous forme de cut up d'une table ronde organisée par le Centre National du Livre, et aujourd'hui consultable en ligne, sur la « Situation des auteurs de l’écrit » . Cela commence très fort, par l'axiome : « Les auteurs ne sont éventuellement victimes de rien d’autre que de leur propre choix de vivre exclusivement de leur art. »

Découvert au passage : Fabula propose en ligne, sous le même titre, un cours historique d'Antoine Compagnon riche en pistes et citations.

jeudi 14 décembre 2006

très mauvais temps décidément

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quelques mauvaises (et moins mauvaises) nouvelles glânées ici et là :

::: j'apprends par François Bon le dépôt de bilan des éditions Farrago.

::: dans son décidément précieux tiers livre, également, exactement ce que j'aurais envie de dire concernant les gesticulations publicitaires et anglophones du web 3 de Loïc Le Meur.

::: quant au héros politique d'icelui, il trouve, nous raconte Pierre Assouline, que la Princesse de Clèves est un mauvais livre.

vivement le web 4, donc ! à moins qu'il ne faille regretter le web 0.0 d'antant ...

::: David Foenkinos, au moins, n'hésite pas à avouer avec humour son étonnement de bloggeur néophyte :

Avant que Livres Hebdo ne me propose de tenir cette parodie de blog, je n’avais qu’une vague idée de ce qu’il s’agissait. En professionnel reconnu de tous, j’ai surfé sur la toile ces derniers jours pour lire d’autres blogs. Personnellement, j’ai beaucoup de mal à lire sur une page web. Alors pourquoi suis-je en train d’écrire quelque chose que je serai le dernier à lire ? Réponse : parce qu’on me l’a demandé, et que je suis un garçon gentil et obéissant. Pour finir de m’achever, j’ai lu qu’il existait, actuellement en France, un million de blogs. Il y a de quoi se sentir petit dans ce million. C’est sûrement la leçon principale qu’on peut en tirer : faire un blog, c’est comprendre ce que doit ressentir un chinois. Mais je trouve un point positif à tout ça : quand on sort un livre à la rentrée littéraire, on se retrouve au milieu de 600 livres. Alors franchement, lors de ma prochaine publication à la rentrée, je pourrai hausser les épaules en disant : « Même pas peur. Moi, Monsieur, je fais un blog au milieu d’un million de blogueurs, alors c’est pas une petite rentrée de rien du tout qui va me faire peur… oui, Monsieur » (j’aime bien m’adresser à un Monsieur imaginaire quand je tente de faire le fier). >

::: et de son billet je ricoche vers le site du Figaro littéraire, qui proposait le 30 novembre dernier un bilan de la rentrée littéraire : la page intitulée « L'inaperçu » est consacrée à un premier roman (il s'agit de Terrasse de Marie Ferran, publié au Seuil, mais ce n'est hélas très probablement qu'un exemple parmi pas mal d'autres) dont on a fort peu parlé et dont seulement 150 exemplaires ont été vendus.

post scriptum : sur l'état sinistré de l'édition française, Chloé Delaume publie un billet décapant, plein de rage et d'anathème, que je vous engage à lire d'urgence.

lundi 11 décembre 2006

mauvais temps sur l'édition

Poezibao se fait l'écho d'un appel à l'aide d'Henri Poncet : les éditions Comp'Act sont en danger... l'Alamblog signale que les éditions Lignes, dirigées par Michel Surya, le sont aussi... et la collection préparée par François Bon, que l'on attendait avec impatience, sera probablement la victime collatérale du licenciement de Laure Adler par les éditions du Seuil.

dimanche 3 décembre 2006

éditeur indépendant

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Le fait est que les majors semblent à certains égards avoir entrepris de scier la branche sur laquelle elles sont assises. La preuve en est, comme le rappelle André Schiffrin dans son dernier livre, que les retours sur investissement escomptés par les nouveaux barons de l'édition sans éditeurs tardent à venir. L'appréciation des chances de succès d'un livre comporte une telle marge d'incertitude que celui qui prétendrait déterminer à coup sûr celles-ci risque fort de voir ses espoirs déçus ; il est bien entendu possible de « créer » des bestsellers, mais leur nombre ne peut, par définition, qu'être limité ; la seule échappatoire pour les majors est, en renonçant à la fonction de sélection qui définit notamment le travail de l'éditeur, d'inonder le marché avec des livres médiocres à faible ou moyen tirage, malgré les limites évidentes de cette stratégie. Ainsi, la logique économique des majors tend non seulement à l'appauvrissement de la production éditoriale, mais elle ne permet de surcroît pas même de parvenir à la rentabilité rêvée par les nouveaux chantres du profit qui peuplent aujourd'hui les bureaux de maisons portées autrefois par d'autres logiques : les exemples de « gamelles prisent par des éditeurs persuadés de pouvoir « faire » le succès d'un livre, ou encore de livres refusés par plusieurs grandes maisons d'édition en raison de leur caractère prétendument invendable et qui pour finir se vendent de façon honorable, voire très honorable, ne manquent pas ; c'est que les maîtres de l'édition fraîchement convertis à la recherche du profit maximum ont tendance à projeter sur les lecteurs leur propre insuffisance. Il est d'ailleurs probable que les majors ne parviendront pas à inverser facilement, quand même elles le souhaiteraient, la logique dans laquelle elles se sont enferrées : nombre d'éditeurs de talent qui travaillaient pour elles ont été remerciés ou ont dû démissionner ; la combinaison formée par l'étroitesse intellectuelle de beaucoup des « éditeurs » qui les remplacent et la culture de la rentabilité à court terme qui est la leur aujourd'hui ne pourra que difficilement être déracinée ; et il n'est pas certain que la politique de prédation développée par certaines maisons (rachat de catalogues, débauchage d'auteurs) puisse longtemps compenser les effets induits par la recherche aveugle du profit maximal. Un espace de plus en plus large se dégage donc pour l'édition indépendante ; espace il est vrai semé d'embuches, mais espace tout de même.

Il ne s'agit cependant pas de dresser ici un tableau idéalisé de la situation actuelle ou de l'édition et de la librairie indépendantes. Remarquons à ce propos que l'autodésignation d'« édition indépendante » a certes une valeur descriptive, mais qu'elle a aussi pour fonction de produire une image valorisante, socialement légitimante, qui peut occulter le fait que l'édition indépendante n'est ni un isolat social ni une réalité homogène, et que les frontières qui la séparent de l'édition sous influence ne sont pas clairement définies. Il y a bien sûr d'importants bénéfices symboliques à se couler dans la représentation de « l'éditeur-résistant », et nous avons sans doute besoin de croire en de telles « illusions incapacitantes » pour aller de l'avant ; mais ces dernières empêchent aussi de travailler à transformer significativement et efficacement les choses. L'édition indépendante gagnerait beaucoup à critiquer la représentation d'elle-même qu'elle produit spontanément. Il importe donc de mettre en question cette représentation trop flatteuse de la réalité - et, réciproquement, de critiquer l'image trop simple qui est généralement proposée de son « autre » : les grands groupes et l'édition anglo-américaine. Il n'est pas question de faire ici la leçon à qui que ce soit ou de faire acte de contrition. C'est notre volonté commune de garantir l'avenir de l'édition indépendante qui devrait nous conduire à faire la critique de la réduction des bouleversements du monde de l'édition aux phénomènes de concentration.

Jérôme Vidal, Lire et penser ensemble. Sur l'avenir de l'édition indépendante et la publicité de la pensée critique (Amsterdam, 2006, p. 21-23)

Éditeur et traducteur, Jérôme Vidal (né en 1970) a fondé et co-anime les Éditions Amsterdam et il est membre du comité de rédaction de Multitudes. Ce manifeste évite tout manichéisme et se montre très nuancé concernant la « révolution numérique » et le grand méchant Google qui font si peur à de trop nombreux éditeurs :

Quelle attitude adopter face aux transformations en cours si l'on refuse la tartufferie qui consiste à faire ce que l'on reproche aux autres, et si l'on s'abstient de condamner à priori ces transformations, sans pour autant en ignorer les aspects menaçants ? Il est compréhensible que les différents acteurs du monde du livre soient préoccupés par les bouleversements des conditions matérielles et économiques de leur métier. Mais parce que les éditeurs, grands et petits, mettent en général plus volontiers en avant, pour faire valoir leur point de vue dans l'espace public, leur rôle culturel de passeurs et de critiques des savoirs et des littératures - rôle qu'ils n'honorent pas tous avec la même exigence - que les aspects économiques de leur activité, la distinction, d'une part, des dimensions économiques des problèmes soulevés et, de l'autre, des dimensions qui ressortissent plus directement à ce que nous avons appelé « la politique démocratique des savoirs » tend dans les débats actuels à être brouillée. (...) la pire des attitudes à adopter face aux transformations actuelles serait de soutenir une position technophobe et conservatrice, autrement dit une politique du statuquo, nécessairement « poujadiste », vouée à l'échec, qui au bout du compte ne pourrait que renforcer le pouvoir de l'oligopole de l'édition. (p. 88-89)

jeudi 30 novembre 2006

grains de beauté

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Le prix du Roman France Télévisions 2006 a été décerné au beau roman de Nancy Huston, Lignes de Faille (Actes Sud), qui avait déjà obtenu le Femina. L'un des fils qui tissent ce roman très riche est le grain de beauté, différemment placé et emblématique de conceptions très diverses des rapports de l'esprit et du corps, que possède chacun des quatre membres d’une même famille dont on partage successivement les pensées, à l’âge de 6 ans et à des dates clés de l'histoire mondiale, mais à rebours : Sol (2004), Randall (1982), Sadie (1962), Erra (1944). On peut lire cet entretien intéressant (Zone littéraire).

dimanche 26 novembre 2006

une zone déjà notre

Un nouveau magazine littéraire annoncé comme bimestriel et baptisé sans recherche d'originalité inutile Le magazine des Livres est né. Son originalité revendiquée est d'être écrit par des écrivains, même si plusieurs d'entre eux sont d'abord journalistes. On trouve toutefois dans l'ours plusieurs auteurs dont on lit avec plaisir les blogs (ce qui est de bon augure) : Frédéric Ploton, Adeline Bronner, Stéphane Berthomet, Marc Alpozzo, Pierre Cormary, Frédéric Vignale, Philippe Di Folco ; l'équipe est dirigée par Joseph Vebret, journaliste, romancier et directeur de collection aux éditions de l’Archipel.

C'est donc très logiquement que le magazine offre une chronique intitulée « Livres & Internet », confiée à Frédéric Ploton. Au menu de la première chronique, trois blogs qui sont depuis quelques temps déjà dans mon blogroll : La république des livres de Pierre Assouline, La littérature, de l'« écrivain mystère », et La feuille, blog collectif sur l'actualité de l'édition.

Autre point positif, le premier billet en forme de profession de foi s'ouvre par une belle citation du journal de Cesare Pavese :

Quand nous lisons, nous ne cherchons pas des idées neuves, mais des idées déjà pensées par nous, à qui la page imprimée donne le sceau d'une confirmation. Les paroles d'un autre qui nous frappent sont celles qui résonnent dans une zone déjà notre - que nous vivons déjà - et la faisant vibrer nous permettent de saisir de nouveaux points de départ au dedans de nous. (Le métier de vivre, 3 décembre 1938)

mardi 21 novembre 2006

quelques chiffres

Livres Hebdo fournit dans son dernier numéro paru (n° 666, 17 novembre 2006) quelques chiffres édifiants :

Deux mois de rentrée littéraire, 683 romans, mais, finalement, combien ont réellement eu leur chance ? Comment les médias - télévision, radio, presse, Web (1) - parviennent-ils à trier, digérer et mettre en scène cette accumulation de livres ? En épluchant les sommaires de 31 journaux et émissions de radio et de télévision, on aboutit à un premier constat, qui étonnera : 333 (2) romans français et étrangers, soit environ un sur deux, ont été cités, aimés, débattus au moins une fois depuis la rentrée. En revanche, seulement un roman sur dix a été correctement promu - par dix supports et plus. Dans Lire, Frédéric Beigbeder décrivait ainsi le métier de critique : « Allez, je vais y arriver, je vais réussir à faire mon job de portier artistique, mon sale boulot de trieur de textes bidon avec professionnalisme. OK, je saurai laisser une chance à chaque ouvrage, peu importe s'il y en a 683. Je peux bien consacrer une minute à chaque livre, c'est-à-dire 683 minutes de ma vie à cette rentrée. Que sont 683 minutes? Onze heures. » (p. 74)

dit le début de l'article. Un camembert présente ensuite des pourcentages plus précis :

6 % des romans ont fait l'objet de plus de 10 citations (soit 17 romans)
15 % de 5 à 10 citations
38 % de 2 à 4 citations
41 % ont eu droit à 1 citation
49 % n'ont pas été cités du tout.

Sur 97 premiers romans 32 seulement ont fait l'objet d'au moins une critique. Curieusement Jonathan Littell n'est pas en tête (18 articles), mais seulement troisième après Michel Schneider (20) et Christine Angot (19). Le quatrième est un autre premier roman, celui de Jean-Eric Boulin. Enfin je me réjouis, tout de même, de trouver Eric Chevillard (22e ex-aequo avec 9 articles) parmi les 25 romanciers les plus chroniqués.

note de l'auteur de ce blog :
(1) de fait, on parle fort peu du web dans cet article, et essentiellement pour citer le blog de Pierre Assouline, ce qui est un peu limité tout de même. Si, comme on le dit aujourd'hui à propos de politique par exemple, les blogs ont de plus en plus d'influence, peut-être certains d'entre nous corrigent-ils ces chiffres, et rattrapent-ils des oublis.
(2) soit 666 divisé par deux, c'est à devenir numérologue !

lundi 13 novembre 2006

dernière salve

dernière salve de prix d'automne cette semaine :

Le jury du Goncourt des lycéens a été plus inspiré que ses aînés en couronnant la romancière d'origine camerounaise Léonora Miano pour Contours du jour qui vient (Plon).
Léonora Miano est née à Douala en 1973 et vit en France depuis 15 ans. Son premier roman, L’intérieur de la nuit, avait déjà été salué par la critique et plébiscité par les lecteurs.

Le Prix Wepler - Fondation La Poste a été attribué ce soir à Pavel Hak pour Trans (Seuil) avec une mention spéciale à Héléna Marienské pour Rhésus (POL)

Demain 14 novembre sera décerné le prix Interallié, pour lequel restent en lice :
Gabriel Matzneff, Voici venir le fiancé (La Table ronde)
Yann Moix, Panthéon (Grasset)
Michel Schneider, Marilyn, dernières séances (Grasset)
Isabelle Spaak, Pas du tout mon genre (Ed. des Equateurs)
« Dernière chance pour Schneider d'avoir un prix » nous dit l'oracle de Livres Hebdo.

post scriptum : l'oracle avait raison.

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