lignes de fuite

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mardi 27 novembre 2007

un singe devenu fou

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(...) peut-être s’apercevra-t-on que le premier homme fut un singe devenu fou.
Ainsi en comprenant la folie, nous approfondirons notre connaissance de l’humanité et nous en réaliserons des aspects cachés et mystérieux. Ils nous faut donc accomplir l’homme, puisqu’il n’est rien d’autre à faire pour ce mammifère égaré dans la prairie des syllogismes et le pâturage des contradictions. L’accomplir dans tous ses sens, dans toutes ses possibilités. Et si le principal de ces accomplissements à l’heure où l’impérialisme opprime les cinq continents est de dégager l’homme des liens sociaux illusoires dans lesquels ce capital a réussi à l’enchaîner, il n’est pas non plus inutile de penser à cet accomplissement qui consiste à dévoiler pourquoi des hommes se sont séparés de nous derrière la vitre opaque du délire. L’homme, perdu au milieu des constellations et des champs de betteraves, y trouvera peut-être, peut-être ! les origines de son enthousiasme pour la théorie des fonctions automorphes, de son inquiétude lorsqu’un miroir se brise, de son rire devant un pot de moutarde ou un chapeau-claque, l’origine de son rire, de son rire un peu fou.

Raymond Queneau, « Comprendre la folie »
(texte inédit, repris p. 151-164 dans Jacques Jouet, Raymond Queneau, La Manufacture, 1988, p. 163-164)

lundi 26 novembre 2007

sa gloire est celle du dernier panda

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Méthodiquement, au fil des conciles et des conclaves, vous avez éliminé la concurrence. Voyez où cela vous a mené. Amère condition que celle de pape, seul au sommet de l’Église comme le coq du clocher. Vous y parvenez au terme de votre âge, souffrant déjà de la mort qui vous emportera. Vous jetez pourtant toutes vos forces dans la bagarre.

Une lutte de chaque instant contre le sommeil.

Dans sa nuit, le pape rêve de séminaires, de congrès où il se réunirait avec d’autres papes, ses pairs, au bord de piscines plus bleues que le ciel idéal, en l’absence de leurs enquiquinantes épouses. Mais même ce plaisir et ce soulagement lui sont défendus : la solitude vous prive aussi des joies de la solitude.

Je n’ai pour semblables que des morts.

Il rend parfois visite à ses prédécesseurs, gisants de pierre avares de conseils et d’encouragements. S’il admet qu’il ne saurait y avoir autant de papes que de boulangers, par exemple, ou de pharmaciens, il apprécierait d’avoir quelques confrères parmi ses correspondants. Ils échangeraient des informations, de bons tuyaux glanés dans la presse professionnelle, des adresses de fournisseurs.

On se rencontrerait aux réunions syndicales.

Mais la foule qui se masse sous ses fenêtres vient le voir parce qu’il est un spécimen unique. Sa gloire est celle du dernier panda. Il n’a guère le choix de son costume, le matin, son habilleur ne va tout de même pas décliner toute une gamme de vêtements pour cette seule pratique. Et pourtant, le pape n’est si différent nous. Il ouvre son journal avec la même fébrilité, la même hâte que nous, à la même page.

Les petites annonces.

Éric Chevillard, Dans la zone d’activité (Dissonances, 2007, « Le pape », 27)

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Je ne regrette certes pas d’avoir créé le prix lignes de fuite, car non seulement ce prix n’est pas doté, mais c’est à moi qu’il a valu un très beau cadeau, envoyé par son auteur même pour me remercier de lui avoir attribué ce prix à l’unanimité avec moi-même.

Au-delà même des textes savoureux d’Éric Chevillard, qui décrivent des humains emprisonnés dans les mots et les attributs de leur fonction professionnelle (voir aussi, notamment, l’ophtalmologue, le libraire, le chargé de com, la caissière ou la trapéziste) et où l'on trouve également quelques animaux, ce « livre bizarre » (c’est écrit dessus !) est un très bel objet, dont le graphisme est signé par Fanette Mellier, qui rappelle nos cahiers d’écoliers et dont la couverture s’orne en relief d’une toile d’araignée. Le mien possède une couverture jaune cousue de fil rouge : il y a quatre couleurs, vert, bleu, jaune, rouge, et 8 couleurs de fils de reliure, soit 32 combinaisons.

D’autres « livres bizarres » écrits notamment par Céline Minard, Laure Limongi et Louis Watt-Owen vont suivre, et une installation de Fanette Mellier complète le programme.

En ligne, d’autres extraits et descriptions, chez Caroline, Berlol et le Préfet maritime.

… et ne pas oublier d’en profiter pour aller lire le blllet du soir de L’autofictif d'Éric Chevillard.

dimanche 25 novembre 2007

pomper plus pour pomper plus

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Une initiative du Rassemblement pour la Démocratie à la Télévision qui mérite d’être relayée, même si elle a peu de chances d’être suivie ... à moins d’envisager une grève générale (la semaine dernière il a été relativement silencieux !)
Mais pourquoi une seule journée ?

samedi 24 novembre 2007

il s’en faut de peu

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Il s’en faut de peu que la vie ne soit très marrante.

Raymond Queneau, novembre-décembre 1949, note 104, Journaux. 1914-1965 (Gallimard, 1996, p. 678)

vendredi 23 novembre 2007

thomisme légèrement kantien

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« Tonton, qu'elle crie, on prend le métro ?
- Non.
- Comment ça, non ? »
Elle s’est arrêtée. Gabriel stoppe également, se retourne, pose la valoche et se met à espliquer :
« Bin oui : non. Aujourd’hui, pas moyen. Y a grève.
- Y a grève ?
- Bin oui : y a grève. Le métro, ce moyen de transport éminemment parisien, s’est endormi sous terre, car les employés aux pinces performantes ont cessé tout travail.
- Ah les salauds, s’écrie Zazie, ah les vaches. Me faire ça à moi.
- Y a pas qu’à toi qu’ils font ça, dit Gabriel parfaitement objectif.
- Jm’en fous. N’empêche que c’est à moi que ça arrive, moi qu’étais si heureuse, si contente et tout de m’aller voiturer dans lmétro. Sacrebleu, merde alors.
- Faut te faire une raison », dit Gabriel dont les propos se nuançaient parfois d’un thomisme légèrement kantien.

Raymond Queneau, Zazie dans le métro (Œuvres complètes, 3, Gallimard, Pléiade, p. 563-564)

Chaque fois que, tout en comprenant les ératépistes en grève, j'en ai marre, pourtant, sportive et en bonne santé comme je ne suis absolument pas, de devoir utiliser mes pieds pour aller bosser plutôt que de « m’aller voiturer dans le métro », je pense au « me faire ça à moi » de Zazie et au « thomisme légèrement kantien » de ce cher Raymond : ça aide !

... et ça me console des propos imbéciles tenus par les « usagers pris en otage » soigneusement sélectionnés par les médias à la botte : « prise en otage mon cul ! » comme dirait la p’tite, ou bien prise en otage par le gouvernement refusant de négocier et les médias me répétant jusqu’à plus soif ce qu’en tant qu’usager je me dois de penser.

jeudi 22 novembre 2007

s'imaginer la consistance d'un cube

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S'imaginer la consistance d'un cube rend l'histoire plus
solide. L'air se raréfie, la tête est première et le cer-
veau s'y engouffre, impersonnel, gros comme une
carpe et posthume. Servant de modèle, des voitures
défilent sur le plateau d'une remorque au passage d'un
pont. Résumer les choses, colmater les brèches,
réduire l'horizon à l'issue duquel nous n'avons accès
qu'à tâtons, pour se muscler passe encore, juste pour
en éprouver la résistance dans l'effort. Relancez-vous,
c'est en beaucoup plus lourd que s'enfonce un visage
en parlant dans sa bouche, que s'empourprent ses
joues, que s'ouvre sa bouche à l'envers, que se mange
son corps au mot « cœur ». L'espace-temps est incer-
tain, de tes évolutions ratées, récits ébauchés, rêves
avortés, le projet n'aura jamais été que la description.

Xavier Person, Propositions d'activités (Le Bleu du ciel, 2007, p. 53)

Xavier Person est né en 1962. Il a publié auparavant :
Je sors faire quelques courses ou je préfèrerais ne pas écrire sur la poésie d'Emmanuel Hocquard (Au figuré, 2000)
Un bloc rectangulaire (Au figuré, 2003)
Best regards (Mix, 2003)

Pour « la description » de ces 80 blocs de texte cubiques (qui me rappellent les Kub Or de Pierre Alféri (POL, 1994)), on peut lire en ligne les excellentes critiques de :
- Sébastien Rongier (remue.net)
- François Bon (tiers livre)
- Philippe Boisnard (Libr-critique)
- et Guillaume Fayard (Sitaudis)

mercredi 21 novembre 2007

pour le moment je tiens

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Il y a un an aussi, jour pour jour. Je m'appelle Ibrahim, j'ai vingt-deux ans, bac + 4, j'habite à Saint-Denis. Des fois ça va, mais des fois j'ai envie de péter un plomb et de tout envoyer bouler. Je ballotte de droite à gauche, mais ça va, pour le moment je tiens. Je ne sais pas comment et jusqu'à quand. Comme un rideau quoi. Voilà maintenant une pige que je suis au chômage et que chaque matin j'effectue la même cérémonie. Je reste là, à mater les rideaux, le faciès enfoncé dans mon oreiller. je devrais normalement être l'homme le plus occupé du monde, à courir partout pour trouver un job sans jamais fermer l'œil ni prendre de pause. Mais nous sommes là, moi et ma honte, enchaînés, à nous ignorer. Comme à son habitude, ma mère est allée vaquer à ses occupations. Ménage, courses, amies... Elle est femme de ménage dans un hôtel pourave d'Aubervilliers et elle est en congé toute cette semaine. Mon père, lui, est au bled pour le moment, mais en temps normal il fait la plonge dans un resto facho de Paris et, occasionnellement, il sort les poubelles d'un couple de retraités de Neuilly-sur-Seine. Je sais que ma mère n'est plus là, je n'entends plus la musique dans la cuisine. Elle n'est pas entrée dans ma chambre avant de s’en aller. Sans doute lassée de me voir faire de ce lit jauni et crade sur lequel je gis un radeau à la dérive. Je ne sais pas. Mais je la comprends. Elle pense que je suis devenu fou, que j'ai perdu la raison pour rester comme ça, à contempler la fenêtre et les murs de cette manière et à ne pas lui répondre quand elle s'adresse à moi. J'imagine sa peine, mais jacter ne m'intéresse pas, je n'en ai plus l'envie. De quoi vais-je lui parler ? De ces putains de rideaux qui me bouffent la cervelle et auxquels j'ai pensé plus d'une fois foutre le feu ? De ces treize étages et de mon envie de les compter de l'extérieur, une dernière fois, la tête en bas ? Ben quoi ? Que je suis surdiplômé et sans taf ? Allez, ça va... J'ai rien d'autre à raconter, moi, à part ces conneries. Mais ma mère a raison malgré tout. Bien que je sache formuler de jolies phrases, dire ou écrire des choses belles et gaies ou avoir le comportement d'un garçon joyeux et normal, je ne dois pas être très loin de la folie. Je la sens comme allongée sous mon lit à attendre que je cède à ses appels. Que j'insulte de tous les noms la mère et la sœur du banquier qui n'arrête pas d'appeler chez moi, que je le menace de mort ou bien que j'aille lui démolir la bouche et les doigts, pour qu'il ne puisse ni prononcer mon nom de famille ni composer mon numéro. Que je brise les jambes de ce facteur qui m'apporte chaque semaine des rappels de factures impayées, qu'à la prochaine blague vaseuse d'un flic, lors d'un contrôle, je lui découpe la gorge, lui boive son sang et jette son corps dans un camion benne. Que je lâche tout. Libérer ma rage en un déluge de braise. Que la rancœur fusille ma raison et que j'explose aux joues de ces gens comme une voiture piégée de Gaza... Pour le moment j'ai encore toute ma tête, alors je me contente de me taire, d'être lunatique, mauvais avec ma mère et d'attendre que le temps passe.

Khalid El Bahji, « Une nuit de plus à Saint-Denis », Chroniques d’une société annoncée (Stock, 2007, p. 123-125)

Le collectif « Qui fait la France ? » publie un recueil de nouvelles écrites par Samir Ouazene, Khalid El Bahji, Karim Amellal, Jean-Eric Boulin, Dembo Goumane, Faïza Guène, Habiba Mahany, Mabrouck Rachedi, Mohamed Razane, Thomté Ryam, et assorties d’un manifeste.

Parmi ces nouvelles très diverses, qui vont du plus burlesque au plus pathos, en passant par le pastiche et le romantisme, certaines me plaisent ( le livreur de pizza phobique des tours de Mabrouck Rachedi, le « racisme aveugle » vu par Habiba Mahany, le mythomane de Faïza Guène, « Abdel Ben Cyrano » impromptu en un acte de Mohamed Razane, Hamlet revu par Samir Ouazène, etc.) et d’autres moins, mais elles me donnent en tout cas envie d’aller découvrir les romans de ceux que je ne connaissais pas encore.

En ligne :
- un entretien vidéo (Respect Mag)
- un article de Fabrice Pliskin, « Qui fait la France ? Nous ! » (NouvelObs, 6 septembre 2007)
- la réponse (énervée) du Collectif
- le commentaire de Chronic’Art : « Qui fait la France ? versus Nouvel Obs, la polémique »

mardi 20 novembre 2007

des ronds dans l'eau

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::: ce billet pour inciter les fonctionnaires écrivains ou blogueurs encore indécis à faire grève aujourd'hui

::: et celui-ci pour les inviter à remettre au lendemain ce qu'ils auraient pu faire la veille

::: plutôt faire des ronds dans l'eau de la blogosphère (source : serial mapper)

joujou bridé

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Le très attendu Kindle d’Amazon, présenté hier, est moins tentant que le prototype d’Epson Seiko avec son look un peu vieillot de minitel écrasé. Néanmoins, je commence à avoir envie de l'essayer, lui ou l'un de ses concurrents, encore peu nombreux en France (Cybook, Sony, Irex, Walkbook, etc.)

Mais plus encore que les autres liseuses, il met en évidence ce qui me retient de me jeter sur ces nouveaux joujoux, au-delà même des DRM et autres protections frileuses (et très probablement inutiles) qui vont très probablement rendre les livres numériques assez pénibles à utiliser : le Kindle fonctionne comme un téléphone et peut se connecter à internet de n'importe où même sans accès wifi à proximité, super ! … mais il est bridé ! et je ne peut me connecter qu'à Amazon (et Wikipedia, tout de même). Moralité : si j’ai envie de lire des livres et de surfer sur mes blogs préférés, il faudra que j’emporte deux appareils (et leur lot de chargeurs, etc.) : énervant !

Revue de blogs :
- « Le Kindle enfin là ! »
- Hubert Guillaud, « Kindle : ce qui change ! »
- Francis Pisani, « Nous y sommes presque »
- Jean-Christophe Courte, « Le grosPod chez Amazon, un Kindle sans surprise »
- Lorenzo Soccavo, « Amazon pourrait-il casser l’espoir d’un Livre 2.0 »
à compléter par un billet de fond de François Bon, « Je n’ai pas envie du livre numérique »
et une bonne idée d'Hubert Guillaud, « S'abonner à son éditeur »

post-scriptum : Virginie Clayssen s'interroge sur le nom du joujou

lundi 19 novembre 2007

martine choisit les lignes de fuite

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Puisque Casterman a demandé la fermeture du Martine Cover Generator --
décision stupide s'il en est !

T'façon on en a tous recopié plein sur nos disques dur ...
sinon il suffit de demander à google ...
et d'ailleurs on sait les faire nous-mêmes avec paint shop pro :

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ou

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Encore quelques détournements qui m'avaient particulièrement plu :

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ces gens mystérieux

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J'ai depuis longtemps envie de signaler l'excellent blog dessiné de BouletCorp : sa savoureuse planche énervée sur les questions invariablement posées par les journalistes et autres intervieweurs aux blogueurs en est l'occasion ; voir aussi il y a quelques semaines ses portraits de commentateurs et de blogueurs ... et tout le reste !

dimanche 18 novembre 2007

pour n'avoir plus de visage

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Plus d'un, comme moi sans doute, écrivent pour n'avoir plus de visage. Ne me demandez pas qui je suis et ne me dites pas de rester le même : c'est une morale d'état-civil ; elle régit nos papiers. Qu'on nous laisse libres quand il s'agit d'écrire.

Michel Foucault, Archéologie du savoir (Gallimard, 1969, p. 28)

voir aussi : le Centre Michel Foucault et le dossier de France Culture.

samedi 17 novembre 2007

jappements dans le vent

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La clé est là, sous la surface dérisoire du portrait dont en effet exception pourrait être faite - comme est possible le suicide - mais qui trompe et doit être dénoncé comme trompant, comme « agréable mensonge » ou comme fabula - comme fable par le cynique qui est par culture pédagogue. (…)
Et ce qui porte la bonne nouvelle doit porter sur soi, charrier quelque chose en soi de l'unité eschatologique qui travaille tout : la langue et la prosodie doivent être jappements dans le vent, résistance marquée d'une histoire des formes à la corruption aimable des formes.
Ainsi naît un Art poétique composite et formidablement cohérent, à la fois nuit du poème et essai de soustraction du poème à sa fin, agonie souverainement ignée du poétique, soubresaut, indistinction brillante de deux tropismes de l'écriture saisie à son point de fulminence majeure : celui de faire poème, de faire roman, celui de défaire poème, roman ou plus exactement celui de rendre les armes du poème, du roman à une nuit du poétique et du romanesque, à une dissolution du poème et du roman dans un paradoxal murmure jaculatoire ou aboiement long et doux ; hoquets d'un point d'orgue de voix, tels sont les écrits de Tristan comme son corps est costume cahotant promené sur la nuit.

Emmanuel Tugny, Corbière le crevant (Leo Scheer, Laureli, 2007, p. 74-75)

Emmanuel Tugny est né en 1968.

En ligne :
notice et entretiens video chez Léo Scheer
un billet de Jean-Claude Bourdais
une critique de Philippe Boisnard
et de nombreuses citations au fil des jours chez Berlol, à partir de là.

vendredi 16 novembre 2007

prix de Sainte-Catherine-sur-mer

Le prix du Roman France Télévisions, l’un des derniers prix de cette rentrée, a été attribué hier à Olivier Adam, qui avait déjà reçu le Premier prix, pour À l'abri de rien (L'Olivier).

Quant au prix de Sainte-Catherine-sur-mer, il reviendra (peut-être) à Christophe Donner.

Et, en prime, la vidéo de la remise du Prix Wepler à Olivia Rosenthal et Louise Desbrusses, lundi dernier.

jeudi 15 novembre 2007

syndrome de Sirius

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Ce n'était peut-être pas le jour idéal - même en zoomant depuis Sirius sur notre petit hexagone presque « en guerre » où les « usagers » sont forcément « pris en otage » par des « ringards » - pour intéresser la presse à un appel au « soulèvement » face au scandale des prix littéraires !

Et puis je persiste à déplorer la présence sur la liste alternative de Léo Scheer (pas si mal fréquentée par ailleurs!) de Christophe Donner, qui va même en faire un roman : à tout prendre, je préfère la réaction plus légère de David Foenkinos, évincé lui aussi et qui n'en fait que l'amorce de billet.

Un autre palmarès alternatif, celui de JLK, « Chacun mes prix ».

mercredi 14 novembre 2007

transports et idéologèmes

Par solidarité avec les « privilégiés » en grève, je me contente ce soir de rebondir paresseusement de blog en blog et de lire quelques savoureux billets :

::: Judith Bernard, « Éducation : quand Darcos et Finkielkraut amènent leurs idéologèmes chez Ockrent »

::: Agnès Maillard, « C’est la grève au village »

::: Sébastien Fontenelle, « Vérité Vespérale » et « J'Aime Ramer, C******* »

::: moins politique mais très drôle, Kozlika, « Pipi debout, quelle injustice ».

Et puis j'écoute (en différé grâce à un commentaire de Sémaphore ! (pourtant, je le répète, je ne suis pas dans la marine) ) Didier da Silva, qui était tout à l’heure l'invité d’Alain Veinstein (« Du jour au lendemain », France culture, 13 novembre 2007).

mardi 13 novembre 2007

pseudo génétique

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Ayant signé hier un commentaire de mon pseudo habituel, « cgat », mon interlocuteur m’a à ma grande surprise répondu que ce pseudo évoquait pour lui « ces gars, comme dans la marine » ! à chacun ses fantasmes et les pompons ne font pas partie des miens, mais cela m’inquiète un peu : de grâce, commentateurs, commentatrices, dites-moi à quoi vous fait penser mon pseudo ?

Sans même attendre vos réponses (mais en comptant tout de même sur elles !) je vous inflige l’explication (un peu tortueuse j'en conviens) qui est la mienne.

Premier signifié de ce signifiant particulier : CG sont mes initiales, et AT vaut pour @
Deuxième signifié (puisque comme dirait ce cher Roland Barthes « Le Signe est une fracture qui ne s’ouvre jamais que sur le visage d’un autre signe ») : C G A et T sont les lettres qui désignent les composants de la molécule d’ADN (vous savez, comme dans « Gattaca, bienvenue à »).

L’ADN, ou acide désoxyribonucléique, est une macromolécule formée par deux chaînes qui s'enroulent l'une autour de l'autre pour former la fameuse double hélice, chaînes dans la composition desquelles entrent notamment quatre base azotées, l'adénine (A), la thymine (T), la cytosine (C) et la guanine (G), qui sont en quelque sorte les « lettres » dont les différentes combinaisons successives composent le code ou « livre » génétique.

Il me plaît, il m'a toujours plu depuis que je l'ai appris, que mes initiales fassent partie de ces lettres singulières … à priori, donc, rien à voir avec les pompons ni les gars de la marine.

lundi 12 novembre 2007

prix de la vraie vie

13h : bof ...

Prix Medicis : Jean Hatzfeld pour La stratégie des antilopes (Seuil)
Prix Femina : Éric Fottorino pour Baisers de cinéma (Gallimard)
Goncourt des lycéens : Philippe Claudel pour Le rapport de Brodeck (Stock)

19h : c'est beaucoup mieux !

Le prix Wepler-Fondation La Poste sera remis à 20 heures à Olivia Rosenthal pour On n’est pas là pour disparaître (Verticales)
et une mention spéciale attribuée à Louise Desbrusses pour Couronnes, boucliers, armures (POL).

François Bon et Le Monde avaient raison de faire confiance au jury, présidé par la libraire Marie-Rose Guarnieri, de ce prix qui fête ses dix ans et a toujours été attribué à des livres de qualité.

post-scriptum du mardi 13 novembre à 13h :

Prix Interallié : Christophe Ono-dit-Biot pour Birmane (Plon)

prix lignes de fuite

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Puisque la mode est cet automne à l’attribution de Prix B, je déclare que le Prix lignes de fuite est attribué, à l’unanimité avec moi-même et sans qu’il soit besoin de multiplier les tours de scrutin, à Éric Chevillard pour Sans l’orang-outan (Minuit), l’ensemble de son œuvre et m’avoir fait beaucoup rire avec son « feuilleton » Goncourt dans L’Autofictif.

Toutefois, l’unanimité avec moi-même étant une ligne que je ne suis jamais parvenue à tenir très longtemps, ce dont j'ai la faiblesse de penser qu'Éric Chevillard ne me tiendra pas rigueur, j’ajoute trois ex-aequo qui m’ont également impressionnée cette rentrée :
- Olivia Rosenthal pour On n’est pas là pour disparaître (Verticales)
- Éric Reinhardt pour Cendrillon (Stock)
- Hélène Frappat pour Agent de liaison (Allia).

post-scriptum :
un quatrième prix ex-aequo à Didier Da Silva pour Hoffmann à Tôkyô (Naïve) et pour lui remonter le moral (c'est ça l'interactivité blogosphérique !)

Plus sérieusement les indignations, accusations et gesticulations actuelles autour des prix deviennent trop habituelles pour ne pas faire partie du plan promo de toute rentrée littéraire qui se respecte. La polémique est un simple accessoire, au même titre de La société de consommation sur une photo publicitaire aux abdos trop parfaits pour ne pas être photoshopés de Beigbeder. Les stratégies des uns et des autres m’amusent donc plus qu’elles ne m’indignent ; m’énerve bien davantage la bonne conscience pleine de mauvaise foi de ceux dont l’indignation est aussi de l’auto-promotion, qui se révèle d'ailleurs efficace : le livre de Christophe Donner est dans certaines librairies placé aux côtés de ceux qui ont reçu un prix !

Aujourd’hui lundi 12 novembre, nouvelle salve de prix (avant l'Interallié mardi 13 et le Roman France Télévisions jeudi 15) : le Médicis (dans la sélection, je vote pour Antoine Volodine et François Bon !), le Femina, les Goncourt et Renaudot des lycéens, ainsi qu'un prix qui n’a que (ou déjà) dix ans et dont on peut encore attendre un vrai choix, le prix Wepler – Fondation La Poste : Olivia Rosenthal, Hélène Frappat, Philippe Vasset, Louise Desbrusses, Linda Le, etc. figurent dans la sélection.

dimanche 11 novembre 2007

une créature faite de matière

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Je suis né en 1961. La science-fiction me passionne depuis mon plus jeune âge, et j’ai lu la plupart de ses classiques durant ma jeunesse. J'ai étudié les mathématiques à l’université et un peu flirté avec la réalisation de films amateurs, mais j’étais vraiment un mauvais réalisateur. J’ai fini par travailler comme analyste programmeur durant une bonne dizaine d'années. Depuis 1990, je suis écrivain à temps plein.
Tout ce qui touche aux sciences me passionne, mais je pense que les sujets qui éveillent le plus ma curiosité se situent à l’intersection entre les domaines de la science et de la spéculation philosophique : des choses telles que la nature de l’expérience consciente et la nature fondamentale de la réalité. À mon avis, notre plus grande découverte de ces trois cents dernières années tient dans la prise de conscience que l’homme est une créature faite de matière, et que cette matière qui nous compose obéit aux mêmes lois physiques que n’importe quoi d'autre dans l'univers. Dans un sens, mon œuvre parle presque exclusivement de cela.

Réponse à la question « Pouvez-vous, en quelques mots, vous présenter à nos lecteurs ? », Entretien avec Denis Labbé, dans Bifrost, 45, janvier 2007, p. 138

Le deuxième volume de l’intégrale des nouvelles de l'australien Greg Egan, l'un des plus passionnants auteurs de science-fiction d'aujourd'hui, vient de paraître sous le titre Radieux aux éditions du Bélial.

à voir en ligne :
- le site de Greg Egan
- d'autres liens dans mon billet de l’an dernier sur le premier volume de nouvelles, Axiomatique (Bélial, 2006)
et, sur Radieux, les critiques de Mille feuilles et du Cafard cosmique.

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